pepinierechatelain

En Ile-de-France, la préférence au circuit court passe par l’Allemagne

Plusieurs projets franciliens, méritant un équipement en arbres ou fleurs, ont passé des contrats avec des pépiniéristes lointains, en particulier allemands, au grand dam des horticulteurs locaux.

« Chaque tranche de marché d’une valeur de 100 000 euros correspond à un emploi salarié chez nous. Si nous perdons un marché à 400 000 euros au profit d’une entreprise étrangère, cela fait 4 emplois en moins à créer en France.« 

Ce discours est tenu par Laurent Chatelain, pépiniériste à Le Thillay (Val-d’Oise), également élu au conseil horticole, branche « pépinière » de la Chambre d’agriculture d’Ile de France. En cause, le marché du campus de Paris-Saclay, avec 2 764 arbres à planter, soit un montant de 390 405,00 € hors taxes. Ou, comme vous l’avez compris, de 4 emplois à créer. Ce marché a donc été accordé à une entreprise allemande, et cela en toute légalité, après un appel d’offres. « Le problème, explique Laurent Chatelain, c’est qu’il existe 17 critères d’attribution pour un appel d’offres, et que seul celui du moins disant est retenu. Il n’a ainsi pas été tenu compte du transport, notamment de son bilan carbone.« 

Alors qu’il semble évident que si on veut planter des arbres sur un site, c’est aussi pour prendre en compte l’écologie

Laurent Chatelain précise en prime sur ces thème de proximité et d’écologie qu’il existe une circulaire de préférence des achats en circuits courts (du 14 septembre 2001) ou encore une préférence sur des performances environnementales affichée dans le code des marchés publics (article 53). Des textes on ne peut plus légaux qui n’ont pas été pris en compte ici.

Pourtant, les producteurs franciliens se sont organisés pour être capables de répondre à la demande. « Ma pépinière fait 100 hectares, reprend Laurent Chatelain. Pour les marchés importants, nous nous sommes associés à 7 pépiniéristes dans un GIE pour couvrir 290 hectares de production.« 

Au-delà, un autre souci, celui de la façon dont les appels d’offres sont rédigés, en particulier par rapport aux espèces demandées. « On appelle cela la palette végétale, reprend Laurent Chatelain. Il s’agit de répondre aux demandes de l’appel d’offres en termes d’espèces variétales. Or, les demandes sont formulées de telle manière que les caractéristiques demandées sont extrêmement précises, et correspondent qu’à des productions réalisées à l’étranger, notamment en Allemagne. On ne peut pas répondre à ces demandes. Autre aspect, le temps. Il faut du temps pour faire pousser des arbres, en particulier quand la commande concerne des arbres adultes. Or, entre le moment où la décision est prise de planter sur un site, et celui où nous recevons l’appel d’offres, deux à trois années se sont écoulées, sans aucune information pour les producteurs…« 

Il conclut : « Nous souhaiterions que les producteurs aient la possibilité d’adapter l’offre à la demande en étant informés par les concepteurs des projets.« 

Un communiqué syndical demande donc qu’à l’avenir les conditions pour faire fonctionner l’économie locale des pépinières, avec les gains écologiques et sociaux que cela suppose, soient davantage réfléchies…

 

En savoir plus : http://www.ile-de-france.chambagri.fr/m_presse/communiques/14-05-26__Communique_de_presse_Colere_des_pepinieristes_et__horticulteurs_franciliens.pdf (le communiqué de presse des pépiniéristes et horticulteurs d’Ile de France).

 

Notre photo d’illustration est issue du site http://www.pepinieres-chatelain.com/index.asp

Article Précédent
Article Suivant