L’agriculture assèche-t-elle et assoiffe-t-elle la France ? Quelques semaines avant l’été et la survenance de nouveaux épisodes caniculaires qui interrogent chaque année sur la ressource en eau disponible et sur son utilisation, l’étude du Commissariat général à la stratégie et à la prospective (France Stratégie) intitulée « Prélèvements et consommations d’eau : quels enjeux et usages ? » apporte un éclairage bienvenu.
Tout d’abord, le document dresse, par secteur d’activité, un panorama national de l’eau prélevée et consommée rapportée à la ressource disponible.
3,3 milliards de M3 (Mds de M3), c’est la quantité d’eau consommée par l’agriculture française. C’est à la fois 62 % de la quantité totale d’eau consommée en France (5,4 Mds de M3) mais aussi 1,5 % de la ressource disponible chaque année (210 Mds de M3), selon France Stratégie.
Mais surtout, l’agriculture française consomme l’eau qu’elle prélève!
En effet, sur les 210 Mds de M3 d’eau, 31 Mds sont prélevés dans les rivières et dans les nappes ou sur le réseau d’eau potable, pour les différents usages industriels, agricole, domestique, énergétique et navigation.
L’énergie contribue à lui seul à 47 % de ces prélèvements, suivie par l’eau domestique à 14 % et l’agriculture à 11 %.
Par ailleurs, sur ces 31 Mds de M3 d’eau prélevés, seuls 17 % sont réellement consommés, soit 5,4 Mds M3. Autrement dit 83 % de l’eau prélevée n’est pas consommée mais rejetée sous une forme ou une autre dans le milieu.
L’agriculture est un secteur à part : les 3,3 Mds de M3 d’eau prélevés (11 % des 31 Mds M3) équivalent aussi à 62 % des 5,4 Mds de M3 d’eau consommés!
Autrement dit, l’agriculture consomme l’intégralité de l’eau prélevée!
L’étude du Commissariat général à la stratégie et à la prospective redonne ainsi du sens aux chiffres mensongés, publiés régulièrement par certaines organisations écologiques hostiles au modèle agricole français et européen. Elles font croire que les plantes peuvent vivre sans eau !
France Stratégie ne nie pas, que l’évolution du climat amoindrit la ressource disponible en eau, alors que l’irrigation s’étend.
En France hexagonale et en Corse, le volume annuel d’eau renouvelable « a diminué de 14 % (-33 milliards de m3) entre la période 1990-2001 et la période 2002-2018, essentiellement du fait de la baisse des précipitations (-31 milliards de m3), et dans une moindre mesure de la diminution des apports transfrontaliers et de l’augmentation de l’évapotranspiration favorisée par des températures plus élevées », souligne le Commissariat général à la stratégie.
En agriculture, la saisonnalité de ses besoins en eau rend le secteur très vulnérable à la ressource en eau car cette activité est parfois en compétition avec d’autres besoins à satisfaire.
A la différence des autres secteurs de l’énergie et de l’industrie, « l’irrigation prélève majoritairement de l’eau entre les mois de juin et d’août, période au cours de laquelle les niveaux des nappes et des rivières sont au plus bas », précise France Stratégie.
Autre point souligné par le Commissariat: « la part d’exploitations équipées et les surfaces équipées augmentent substantiellement. L’augmentation des surfaces équipées varie de +12 % dans le bassin Adour-Garonne à +78 % dans le bassin Artois-Picardie. Dans ce dernier, le développement de l’irrigation est notamment lié à la culture des pommes de terre et des légumes d’industrie (petits pois et haricots verts, par exemple) ».
Pour augmenter la ressource disponible en eau, les possibilités sont limitées. Le dessalement de l’eau de mer est couteux. Actuellement, 18 Mds de M3 d’eau sont stockés dans près de 670 000 retenues et réserves artificielles d’eau. Mais France Stratégie mentionne que leur essor n’est pas sans conséquence sur l’environnement. Les stockages d’eau « modifient le cycle de l’eau en augmentant la quantité d’eau évaporée, diminuant de fait la quantité d’eau dans les milieux aquatiques. Enfin, ils conduisent, du fait du drainage des milieux, à la disparition de zones humides ». Le recyclage de l’eau est sous exploité, il n’est pas suffisamment entré dans les mœurs.
Pour rééquilibrer la ressource en eau disponible entre deux régions, des ouvrages ont déjà été édifiés. Par exemple, l’aqueduc Aqua Domitia transfère des eaux du Rhône vers les zones des bassins des fleuves côtiers méditerranéens d’Occitanie de l’Hérault, de l’Orb et de l’Aude ». Envisager de nouveaux de transferts interbassins versants est possible. Mais ces ouvrages sont onéreux et la société n’accepte plus le lancement de chantiers qui artificialisent les terres.
L’eau consommée intégralement par l’agriculture est celle là même qui est également directement consommée par la population…et L’eau que la population « mange » est également celle qu’elle ne « boira » pas…
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les agriculteurs ne sont pas des consommateurs d’eau mais des producteurs de pluies !