téléchargement

En France, il n’y a pas assez de ruminants

Notre pays doit pouvoir élever plus de ruminants, réduire le déficit commercial en viande et atteindre la neutralité carbone en 2050. La consommation de viande bovine croît.

On connaissait l’hostilité des partis, des associations et des organisations écologistes envers l’élevage bovins viande et l’élevage de ruminants en général.

Mais c’était sans compter la Cour des comptes !

Ces dernières semaines, elle a recommandé au gouvernement français de « définir et de rendre publique une stratégie de réduction du cheptel bovin cohérente avec les objectifs climatiques du « Global Methane Pledge » signé par la France, en tenant compte des objectifs de santé publique, de souveraineté alimentaire et d’aménagement du territoire » (1).

La Cour des comptes prodigue ni plus ni moins la décroissance économique de l’agriculture et pour atteindre les objectifs de neutralité carbone à l’horizon de 2050, une diminution drastique de la consommation de viande rouge!

En effet, l’institution n’imagine pas la France importer les animaux qu’elle ne produirait pas ! Sinon, elle prendrait les risque de favoriser l’essor d’élevages, émetteurs de gaz à effet de serre, dans des pays exportateurs où les agriculteurs ne sont pas soumis aux mêmes normes que dans l’Union européenne.

Mais comment inciter les Français à manger jusqu’à deux fois moins de viande ? En instaurant des tickets de rationnement ?

Dans son rapport, la Cour des Comptes s’attaque à l’élevage à l’herbe, le mode de production le plus vertueux du point de vue environnemental!

Mais il y a déjà de moins en moins de bovins et d’ovins en France. Les effectifs fondent un peu plus chaque année. Selon l’Institut de l’élevage, les effectifs de vaches laitières baissent de 2,5 % par an et ceux de vaches allaitantes, de 3 % actuellement.

decapitalisation 2

En 2022, les importations de viande bovine représentent 25 % des disponibilités totales.

vb conso 1

Par ailleurs, la France importe quasiment la moitié des carcasses de viande ovine qu’elle consomme. Le déficit serait encore plus important si la consommation de viande ovine (2,3 kg/personne) n’avait pas diminué de moitié en vingt ans !

Le déficit commercial français de viande bovine s’accroît chaque mois Sur trois mois en 2023, les importations s’élevaient à 493 millions d’euros alors que les exportations n’ont pas excédé 280 millions d’euros.

Les exportations d’animaux vivants exportés sont des jeunes bovins tandis alors que les carcasses importées sont majoritairement des vaches de réforme.

Toutes les filières animales françaises sont commercialement déficitaires. Sur 12 mois, le déficit en viande était de 2,9 milliards d’euros en 2022.

ovins viande 1

« Sacrifier notre élevage bovin français pour mieux importer n’est pas un projet politique acceptable ! », explique Patrick BENEZIT, Président de la Fédération Nationale Bovine, dans une tribune publiée le 31 mai dernier (2).

Les systèmes d’élevage, les modes de transport des animaux et les techniques de conservation de la viande sont particulièrement énergivores et émettrices de gaz à effet de serre!

Privilégier la consommation de viande de volailles aux dépens de celle de viande rouge n’est pas plus vertueux d’un point de vue environnemental puisque la moitié de la viande consommée en France est importée !

Et quel que soit le pays où les volailles sont élevées pour être exportées, la majorité d’entre-elles sont nourries de tourteaux de soja majoritairement importés de pays peu vertueux d’un point de vue environnemental.

Au Brésil, des dizaines de milliers d’hectares de forêt sont détruits chaque année pour y cultiver du soja !

En attendant, faute d’animaux, l’ensemble de la filière bovine française est menacée : fermeture d’abattoirs, industries de transformation…

Et il n’est pas question de compter sur les pays européens pour nous fournir indéfiniment les carcasses que la Ferme France ne met plus sur les marchés.

Les effectifs de vaches laitières fondent dans toute l’Europe et la Pologne, vivier de jeunes bovins, est de moins en moins en mesure de combler les déficits en viande de ses voisins.

Pour atteindre la neutralité carbone, il faut embarquer l’ensemble de la population vers un projet de société d’émancipation où l’élevage de ruminants à l’herbe aura toute sa place.

Mais d’une certaine façon, les pourfendeurs de l’élevage des ruminants ont gagné une bataille, celle des vocations.

L’élevage n’attire pas suffisamment de jeunes pour s’installer alors que les perspectives de marchés sont globalement porteuses. Certains ont peur de polluer la Planète en devenant producteurs de bovins. Or les consommations mondiales de viande et de lait croissent chaque année!

(1) page 77 « Les soutiens publics aux éleveurs de bovins »

https://www.ccomptes.fr/system/files/2023-05/20230522-S2023-0466-Soutiens-publics-eleveurs-bovins.pdf

(2) https://www.facebook.com/photo?fbid=800613698363806&set=a.583256886766156

Article Précédent
Article Suivant