L’Inde a soif de lait. Sa population d’1,4 milliard d’habitants croît de 12 millions d’habitants par an. Et le lait est leur principale source de protéines animales disponibles. 85 % des Indiens en consomment quotidiennement, aussi bien en ville qu’à la campagne.
Actuellement, entre 70 et 80 millions d’éleveurs produisent 207 millions de tonnes de lait (Mt) de vache, de bufflonne et de zébu. La majeure partie de cette production est concentrée dans le nord de l’Inde dans les provinces du Rajasthan, de l’Uttar Pradesh et du Madhya Pradesh.
Le cheptel bovin est de race locale ou croisé avec notamment des vaches laitières de races étrangères très productives. Comme la production de lait augmente de 2 % à 5 % par an, elle pourrait atteindre 321 Mt de lait en 2032 et dépasser 400 Mt en 2040.
Le lait produit en plus est d’abord consommé par les Indiens. Or ils en boivent chacun à peine 150 litres par an en moyenne (- 400 gr par jour).
Pour faire face à la croissance démographique, la production de lait doit augmenter d’1 % par an, soit 2,0 Mt. Au-delà, tout point de croissance supplémentaire accroît la quantité de lait disponible par habitant d’un peu plus d’un litre.
Des millions de détenteurs d’une ou de deux vaches
Pour autant, l’Inde n’exclut pas de faire partie, dans moins de dix ans, du club restreint des pays exportateurs majeurs de beurre ou de poudre de lait de la planète. A ce jour, l’équivalent de 70 000 tonnes de lait est commercialisé à l’export. Mais le pays est relativement fermé aux imports pour protéger ses 70-80 millions de producteurs de la concurrence mondiale.
75 % d’entre eux détiennent un ou deux bovins (40% du cheptel total) et moins d’un pourcent des éleveurs sont à la tête d’un troupeau de plus de vingt bêtes. Ils participent tous à l’essor de la filière laitière indienne. Mais des fermes de plus de 200 vaches se multiplient dans le pays.
Dans le même temps, une pléthore d’ouvriers et de paysans sans terre conservent un ou deux bovins qu’ils traient pour disposer du lait nécessaire pour nourrir leur famille.
Aujourd’hui, 25 % du lait produit est collecté par des coopératives et des industriels. Sinon le lait est vendu en frais sur des marchés informels quand il n’est pas autoconsommé.
La croissance de la production indienne de lait repose essentiellement sur une amélioration des rendements. Des vaches mieux nourries et mieux sélectionnées produiront plus de lait. Or la plupart des détenteurs de vaches affouragent leurs animaux de résidus de récoltes.
Les marges de progrès sont considérables. Selon les races, l’écart de production de lait par vache est de un à quatre: 12 litres par jour (l/j) pour les vaches de races étrangères du type Holstein (2-3 % des effectifs), 3 l/j pour les animaux indigènes (10 % des effectifs). En fait, plus de 60 % du cheptel est composé de bufflonnes et de vaches croisées à parts égales (rendements intermédiaires).
Mais l’Inde n’est pas épargnée par le dérèglement climatique. Il rend la production de lait plus compliquée faute d’eau et de fourrages suffisants.