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Elections européennes 2024 : « Les aides Pac ne doivent plus être corrrélées à des obligations » (Céline Imart, Les Républicains)

Wikiagri présente une série d’agriculteurs candidats aux prochaines élections européennes de 2024. Céline Imart, céréalière dans le Tarn, est candidate à la députation sur la liste Les Républicains dirigée par François-Xavier Bellamy.

Parmi les agriculteurs et agricultrices candidats français aux élections européennes, Céline Imart est la mieux placée pour être élue députée le 9 juin prochain. Elle figure en deuxième position sur la liste Les Républicains, juste derrière François-Xavier Bellamy, de nouveau tête de liste comme en 2019.

Céline Imart est agricultrice dans le Tarn à la tête d’une exploitation familiale de 241 hectares où elle cultive des céréales (blé, blé dur, sorgho) mais aussi des semences de maïs et de luzerne.

Elue députée européenne, elle souhaite que le prochain budget de la Pac Post 2007 soit au moins égal, en euros courants, à celui de 2019. « L’inflation de ces dernières années équivaut à la perte d’une année, voire de deux années, de budget actuel de la Pac », souligne Céline Imart. En fait le prochain budget de la Pac devrait même être supérieur à celui de 2019 compte tenu des défis à relever : risques climatiques, renouvellement des générations, etc.

Une politique européenne d’aide alimentaire

La prochaine Pac de l’Union européenne devrait aussi être une politique d’aide alimentaire pour ses concitoyens afin de lutter contre l’extrême pauvreté mais aussi pour combattre, à l’étranger, la malnutrition, suggère Céline Imart. Une partie de  cette aide alimentaire serait une force d’action importante de l’Union européenne sur la scène internationale.

Cette politique d’aide alimentaire financée, par le budget européen pour acquérir des produits agricoles nécessaires pour mener des actions humanitaires, assainirait en même temps les marchés agricoles européens excédentaires. Les denrées achetées seraient en effet retirées de la vente.

Par exemple, l’Union européenne pourrait réserver une partie des céréales exportées par l’Ukraine.

Dans l’immédiat, les importations de produits agricoles et de céréales ukrainiens doivent être encadrées et contingentées, selon Céline Imart. Les mesures décidées ces dernières semaines ne la satisfont pas.

En fait, l’Union européenne doit tout mettre en œuvre pour que les céréales ukrainiennes soient avant tout exportées dans le monde entier depuis les ports de la Mer Noire voire depuis des ports de pays voisins après avoir transité sur le marché européen.        

De façon générale les échanges commerciaux entre pays européens ou avec des pays tiers doivent être plus équitables. « Ils manquent de réalité. Les clauses miroirs n’ont pas de sens car elles sont inapplicables et invérifiables, affirme Céline Imart. Ce sont des clauses miroirs aux alouettes ! La concurrence imposée aux agriculteurs n’est pas loyale ».

Réformer les aides Pac

Pour l’après 2027, L’agriculture tarnoise suggère une nouvelle architecture des aides Pac. « Elles devraient être recentrées sur le revenu des agriculteurs et sur la production agricole pour mieux nourrir les Européens », propose l’agricultrice. Autrement dit, elles ne devraient plus être corrélées à des mesures d’obligation.

La superficie des exploitations devra encore être prise en compte pour calculer les montants à  allouer.

Céline Imart suggère que les aides du second pilier de la Pac soient des aides stratégiques en appui aux aides du premier pilier. Elles soutiendraient les filières agricoles indispensables pour rendre l’Union européenne souveraine.

Par exemple, ces aides restructurées du second pilier soutiendraient la relance des filières « blé dur » ou « protéagineuse » dans des proportions bien plus importantes qu’actuellement.

Arrimer à l’Union européenne

Au cours de la prochaine mandature, l’Ukraine, mais aussi la Moldavie et la Géorgie devront progressivement être arrimées à l’Union européenne en leur accordant le statut de pays associé pour échapper à l’influence russe, suggère l’agricultrice tarnoise. Cette période de transition nécessitera l’allocation d’un budget approprié financé par les Vingt-sept. « Mais dans l’état actuel des choses, leur adhésion à l’Union européenne n’est pas d’actualité », défend t-elle Imart.

Dans les champs, Céline Imart attend avec impatience la possibilité de cultiver des plantes NBT que de nombreux autres pays agricoles ont déjà adoptées.

Au cours de la prochaine mandature, certains dossiers mis en sommeil durant la campagne des élections européennes, vont redevenir d’actualité : Ecophyto 2030 ou la loi de la restauration de la nature pour ne citer qu’eux.

« La transition agro-écologique », ce n’est pas aux agriculteurs d’en payer seuls le prix », affirme l’agricultrice tarnoise. Actuellement, le plan Ecophyto impose des objectifs sans donner les moyens d’y parvenir ».

« En fait, il ne faut pas interdire des produits sans alternative et mettre nos céréales en danger », ajoute encore Céline Imart. Pour apprécier la réduction de l’utilisation de produits de protection des plantes, l’indicateur européen approprié est le HRI-1 selon elle, le Nodu (le nombre de doses unité) n’est pas cohérent.

L’agricultrice est particulièrement remontée contre la directive européenne IED sur les émissions industrielles que le Parlement européen veut voir applicable à l’élevage porcin et avicole. Ces filières animales seront incapables d’amortir les investissements requis pour se mettre aux normes.

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