Dès que le conflit en Ukraine a débuté, les marchés des céréales se sont affolés et les prix ont flambé. Le grenier à maïs de l’Europe ne parvenait plus à exporter ses grains.
Mais sur les marchés du miel, c’était aussi la panique, en Ukraine et dans le monde. Dans l’édition du Cyclope 2023 « Les marchés mondiaux », Bernard Saubot, en donne les raisons dans le chapitre dédié au miel (pages 247 et suivantes).
L’Ukraine est le 5 ème pays producteur au monde (60 000 t en 2022) et surtout le troisième exportateur (56 000 t). Au début du printemps 2022, le pays ne parvenait plus à exporter son miel.
Or ses principaux clients sont les Etats membres de l’Union européenne car la qualité du produit exporté répond aux normes européennes. De plus, l’Ukraine est aux portes des Vingt-sept.
Toutes origines confondues, l’Allemagne, la France, la Belgique et l’Espagne importent près de 95 000 tonnes (t) de miel.
Avant le début du conflit Russo-ukrainien, la Chine (83 000 t exportées pour une production de 480 000 t) et l’Argentine (56 000 t pour une production de 65 000 t) venaient régulièrement en appui de l’Ukraine pour approvisionner le marché européen. Celle-ci n’avait pas les moyens de couvrir seule la demande européenne.
Trois régions importatrices de miel
A l’échelle de la planète, « les trois principales zones de production sont l’Asie, l’Europe et l’Amérique, qui représentent respectivement 48,5 %, 21,6 % et 19,5 % de la production mondiale (FAO 2021), rapporte Bernard Saubot. Mais les trois régions du monde structurellement déficitaires et importatrices sont les États-Unis, l’Union européenne et le Japon ».
Aussi, le marché mondial du miel réagit au moindre déséquilibre géopolitique, économique et climatique.
« Le Covid-19, l’invasion de l’Ukraine, l’accélération des événements climatiques extrêmes et d’importants changements dans les réglementations tant aux États-Unis que dans l’Union européenne ont provoqué des chocs qui ont fortement affecté le marché du miel », explique Bernard Saubot.
Quand le conflit en Ukraine a éclaté, le prix du miel ukrainien était très élevé.
Entre 2020 et 2021, il avait augmenté de 65,7 % car la récolte européenne de miel avait été faible et les coûts de transport et d’emballage avaient beaucoup augmenté.
« Mais la guerre a brutalement stoppé le flux de miel ukrainien dirigé vers l’Europe, obligeant les conditionneurs de miel de l’Union européenne à trouver dans l’urgence des solutions alternatives », souligne encore Bernard Saubot.
Pour sa part, l’Ukraine s’est retrouvée avec un stock de miel invendu.
Aussi, les prix des miels polyfloraux, qui avaient continué à augmenter au début de l’année, se sont alors repliés sans perdre pour autant les hausses enregistrées les mois précédents.
Un marché en cours de réorganisation
Cette baisse s’explique par la suppression des droits de douane européens attachés à l’importation de miel d’Ukraine mais aussi par une récolte de miel en Europe centrale satisfaisante et enfin, par une faible consommation de miel au deuxième semestre 2022. Or pendant les périodes sanitaires, les consommateurs s’étaient rués sur le miel pour tenter de se soigner.
Dans le même temps, les exportations ukrainiennes de miel avaient repris à la fin du printemps 2022 alors que des cargaisons de miel argentin et chinois approvisionnaient le marché européen pour compenser, avec un décalage de quelques mois, la rupture d’approvisionnement en miel d’Ukraine.
« L’Europe représentait entre 3 % et 5 % des exportations du Vietnam avant 2021, contre près de 30 % en 2022 ! Une réorganisation des marchés est à l’oeuvre, dont les effets vont perdurer en 2023 », affirme Bernard Saubot.
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Beaucoup des pays évoqués ci-dessus sont en mesure de produire et de réguler leur consommation de miel, je ne comprends pas qu’ils doivent en importer. La nature n’est pas infinie, pas de miel, pas de miel. Que des consommateurs (c’est bien comme ça qu’il faut les caractériser, il faut croire) ce soient rués sur le miel en pensant se soigner du covid, ça me dépasse.