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Farm to Fork ouvre la voie de la décroissance économique et agricole de l’UE

 

Avitaillement de cargo sec avec du grain

Selon Coceral, l’objectif du Pacte vert de transformer l’économie européenne pour rendre les Etats membres neutres en carbone ne doit pas être atteint aux dépens de leur souveraineté alimentaire. C’est pourtant ce à quoi aboutirait la stratégie Farm to Fork de la Commission européenne. Et en devenant importatrice nette de céréales, l’Union européenne déstabiliserait l’ensemble des marchés mondiaux agricoles.

Farm to Fork (2F) est la version agricole du Pacte vert de la Commission européenne. Il a été adopté pour transformer l’économie des pays membres et les rendre neutres en carbone d’ici 2050.

Présentée à la fin de 2019 par Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, cette stratégie télescope la réforme de la Pac de 2023 (Pac 2023), élaborée à la fin de l’année 2018 sur d’autres fondements. La Commission européenne était alors présidée par Jean Claude Junker.

Ce télescopage (2F et Pac 2023) désoriente le Coceral – l’Association Européenne du Commerce de Céréales, oléagineux, légumineuses, huile d’olive, graisses et intrants agricoles – dont est membre en France la Fédération du Négoce Agricole (FNA).

Selon les trois scénarios de Farm to fork retenus par Cocéral, l’Union européenne produirait entre 221 Mt et 255 Mt de grains par an d’ici 2030 . Elle importerait alors jusqu’à 40 Mt de céréales et de colza par an. 

Si Farm to Farm n’était pas appliquée, 278 Mt de grains seraient récoltées en 2030 dans l’UE et les Vingt-sept Etats membres exporteraient plus de grains qu’actuellement car leur consommation intérieure évoluerait très peu.  

En retenant le scénario médian de Farm to Fork (238 Mt de céréales produites à l’horizon 2030), l’Union européenne devrait importer jusqu’à 18 Mt de céréales et 10 Mt de colza (cette année, elle exporterait plus de 23 Mt de blé et ele importerait 5 Mt de colza).

Or en 2030, seuls 50 % des objectifs du Pacte vert seraient atteints. Autrement, le déficit ne pourrait que s’accroître d’ici 2050.

Dans l’hypothèse d’une production de céréales réduite de 40 Mt d’ici 2030 (scénario médian), les Vingt-sept pays membres ne récolteraient plus que 109 Mt de blé. La production de maïs serait de 59 Mt et celle d’orges de 43,5 Mt.

Les 5 Mt de colza produites en moins dans l’Union européenne (25 Mt) d’ici 2030 pourraient difficilement être compensées par de nouvelles importations. En effet, la planète peinera à être autosuffisante en protéines végétales en 2030.

En France, Farm to Farm s’inscrit à contre-courant du nouveau plan protéines végétales.

Une conversion bio risquée

Par ailleurs, Farm to Fork impose la conversion de 25 % de la SAU européenne en bio. Mais les évènements  récents montrent que le consommateur ne suit pas. Les producteurs ne parviennent plus à valoriser leurs récoltes. Les prix de certains produits agricoles phares s’écroulent.

Enfin, les agriculteurs bio sont démunis lorsque les conditions de cultures sont défavorables.

Ils n’ont aucun recours pour protéger leurs cultures. Les rendements chutent et la qualité sanitaire de leurs récoltes est mauvaise. Or les consommateurs ne sont pas prêts à revoir leurs critères d’exigence.

Certes l’étude de Coceral ne prend pas en compte les mesures qui viseraient à réduire la consommation de céréales et d’oléo-protéagineux pour compenser la baisse de leur production: réduction de consommation de viande, réduction du gaspillage alimentaire, impact positif des nouvelles technologies. Mais l’Union européenne donnerait un mauvais signal au marché en affirmant qu’elle serait prête à ne plus être compétitive à l’international.

Engager le reste du monde

La Commission européenne pense que les critères de sobriété en matière d’émission de gaz à effet de serre, imposés à l’ensemble des pays de l’Union européenne, seront suivis par le reste de la planète. Or l’Union européenne n’émet que 8 % des gaz de la planète et ne représente que 6 % de la population mondiale.

En cas d’échec, la Stratégie Farm to Farm va déséquilibrer les marchés mondiaux et va sacrifier la souveraineté alimentaire de l’Union européenne.  

Ces derniers mois, l’impact des importations chinoises de céréales sur l’évolution des cours des grains donne un avant-gout des conséquences générées par l’entrée prochaine de l’Union européenne dans le club des pays importateurs de céréales.

Les prix mondiaux seraient déterminés par un plus petit nombre de pays exportateurs, conduisant à une plus grande volatilité et donc à des risques de marché plus grands.
Les prix des céréales dans l’UE augmenteraient aux dépens des éleveurs et des consommateurs. Au sein de l’Union européenne, le risque de compétition entre marchés domestiques et exportations est grand.

Les plans stratégiques nationaux

Coceral attend avec impatience de savoir quels seront les contenus des PSN, les plans stratégiques nationaux de la réforme de la Politique agricole attendus pour 2023.

Selon l’association, l’écologisation de l’agriculture doit rester un facteur de compétitivité.

« Si la stratégie Farm to Farm est déclinée dans les PSN, la commission européenne prend le risque de rendre l’Union européenne déficitaire en céréales », défend la FNA. L’organisation partage les objectifs du Pacte vert mais « la stratégie Farm to Fork ne doit instiller le chemin de la décroissance de l’économie européenne et mondiale ».

A ce jour 850 Mt de grains sont échangées dans le monde. 25 % de la production mondiale de blé est exportée ! Un des facteurs de la puissance géopolitique de l’Union européenne est sa souveraineté alimentaire et sa capacité à exporter du blé. Ses échanges commerciaux avec les pays tiers sont excédentaires.

Les pays importateurs comptent en partie sur elle pour acheter des grains afin de ne pas être dépendante de pays capables d’instrumentaliser leurs échanges commerciaux.

D’ici 2050, la planète devra produire au moins 50 % de produits agricoles en plus pour faire face à la croissance démographique. La population du continent africain doublera.

A l’horizon de 2030, les pays maghrébins et l’Afrique de l’ouest importeront 7 Mt de blé en plus par an.

Autrement dit, les pays actuellement déficitaires en blé le seront encore plus d’ici 2050 et compteront plus que jamais sur les quelques pays structurellement excédentaires pour les approvisionner. Produire deviendra au fil des années un enjeu géopolitique majeur.

 

 

 

A propos de Cocéral

L’association représente les intérêts des commerçants, collecteurs, importateurs, exportateurs, sur les produits agricoles mentionnés ci-dessus. Les membres de Coceral sont situés dans toute l’UE, au Royaume Uni et en Suisse. UNISTOCK, l’Association Européenne représentant les silos portuaires européens pour les marchandises agricoles en vrac, est un membre associé de Coceral. Gafta est un membre extraordinaire du Coceral.

Les membres du Coceral représentent quelque 3000 entreprises échangeant des matières premières agricoles destinées à l’approvisionnement des filières alimentaires et fourragères, ainsi qu’à des usages techniques et énergétiques, et intervenant à toutes les étapes des filières agro-alimentaires européennes.

 

1 Commentaire(s)

  1. « neutres en carbone » ça ne veut strictement rien dire et surtout ça n’a AUCUN impact sur le climat !
    le climat ne se résume pas à l’effet de serre du CO2 ! L’hiver prochain sera plus froid que l’hiver dernier …
    Si le climat se résumait à l’effet de serre les températures au-dessus des mers seraient caniculaires puisque la vapeur d’eau est de loin le plus puissant gaz à effet de serre (60%) , pourtant on mesure exactement l’inverse !

    Le climat c’est d’abord l’effet parasol des gaz et de l’eau (nuages) qui bloque 50% de l’énergie qui vient du soleil, ensuite la chaleur latente de l’eau qui évacue 60% de l’énergie qui arrive jusqu’au sol et vient en tout dernier l’effet de serre qui empêche le refroidissement nocturne. Les canicules ne se produisent que sur les zones sèches par manque d’effet parasol et manque d’évaporation, l’absence d’eau a un effet pervers : plus il fait chaud plus il fait sec et plus les sols reçoivent d’énergie ! Et inversement, en présence d’eau (ou de végétation) plus il fait chaud plus il y a d’évaporation donc de vapeur d’eau qui diminue la puissance du rayonnement solaire :

    Les inondations et les sécheresses ne sont pas les conséquences du dérèglement climatique mais bien les causes, c’est en retenant l’eau en amont des bassins versants qu’il n’y aura plus d’inondation et donc mathématiquement plus de sécheresse et plus de canicule !

    On aura sauvé la planète quand les continents seront des océans de verdures en plein été !

    https://www.mediaterre.org/actu,20210106085019,1.html

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