Félicien Prudhomme au centre avec ses salariés devant le semoir Condor

Des concours de labour aux prestations en ACS

Alors qu’il spécialise son entreprise en agriculture de conservation des sols depuis quelques années, Félicien Prudhomme a su faire évoluer son parc matériel. Il teste ces nouvelles méthodes d’implantation des cultures à grande échelle sur son exploitation avant de les proposer à ses clients.

À Saint-Fraigne, en Charente, l’entreprise de Félicien Prudhomme s’est volontairement tournée vers l’agriculture de conservation des sols (ACS) à l’aube des années 2020. Pourtant, rien ne laissait augurer ce virage. Historiquement, l’entreprise familiale était spécialisée dans le négoce de paille. Avant de prendre la suite de son père, l’entrepreneur avait comme passe-temps d’écumer les concours de labour alentours, comme en témoignent les coupes et les médailles toujours présentes autour du bureau. Mais un incendie de paille, il y a quelques années, remet en question toute l’activité. « J’ai dû me poser les bonnes questions. Cela faisait un moment que j’observais une dégradation des sols. Quand j’étais jeune, mon père labourait avec une charrue 5 socs et un tracteur de 130 ch. Aujourd’hui, avec la même charrue et un tracteur de 250 ch, je fais un travail moins qualitatif » se souvient-il. C’est alors qu’il a le déclic “ACS”. Félicien Prudhomme suit donc des formations avec le Civam sur les sols avant de se lancer en semis direct, d’abord sur sa ferme sur laquelle il a récemment franchi l’étape du strip-till, puis peu à peu chez ses clients. « Pour l’instant, je réalise un peu de semis direct en colza et en blé de maïs avec l’entreprise. La moitié des clients sont convaincus par la pratique. Je continue d’échanger avec eux sur le sujet. Je pense que cela va se développer, car la prestation de labour devient de plus en plus chère » estime-t-il. Une chose est sûre pour lui : « Sans l’ACS, j’aurais sans doute jeté l’éponge ! »

L'entrepreneur a récemment investi dans un strip-till
L’entrepreneur a récemment investi dans un strip-till

Presser ou restituer la paille

L’ACS représente un vrai paradoxe pour un marchand de paille. En effet, cette pratique nécessite de restituer le maximum de matière organique au sol et donc, de ne pas exporter la paille. Félicien Prudhomme a donc choisi de réduire cette activité. Dorénavant, il achète en andain, presse et vend 2000 t de paille chaque année. « J’achète la paille sur une partie des 800 ha que nous réalisons en battage » chiffre-t-il. Sa propre exploitation sert de tampon. « Les bonnes années, je broie la paille pour la restituer au sol, alors que les années plus compliquées, lorsqu’il y a peu de matière première, j’en presse une partie » rapporte le charentais.

L’entreprise en chiffres

  • 2,5 ETP
  • 800 ha de moisson avec une CR 8.80
  • 4 tracteurs : 2 Fendt 724, un Fendt 516 pour le semis et l’épandage d’engrais, un Fendt 714 pour l’élagage et le transport.
  • 2000 t de paille pressée et commercialisée

Une évolution du parc matériel en lien avec l’activité

Le hangar de l’entreprise a vu du mouvement suite à la nouvelle direction prise par Félicien Prudhomme. Dans un premier temps, une des deux charrues a été vendue et un investissement dans un semoir Amazone Condor a été réalisé pour le semis direct. « En termes de rapport qualité/prix, il n’y a pas mieux » assure l’entrepreneur. Plus récemment, c’est un strip-till qui a rejoint le parc matériel. Pour l’instant, Félicien Prudhomme ne l’utilise que sur son exploitation et ne le propose pas en prestation. 

Les changements ont également impacté, par ricochet, le matériel pour la paille et la pulvérisation. Historiquement, l’entreprise avait deux tracteurs de tête pour le pressage. Actuellement, il s’agit de Fendt 724 renouvelés tous les 5000 à 6000 h. « Nous n’avons plus qu’une presse qui est attelée derrière le plus récent. Le second est maintenant utilisé pour la pulvérisation » détaille-t-il. Cette prestation était jusqu’à récemment réalisée par un automoteur. « Il était temps de le renouveler. Mais le prix auquel nous l’avions acheté il y a 20 ans correspond désormais à un pulvérisateur traîné avec les mêmes capacités que notre ancien automoteur. Nous avons donc choisi cette option » analyse-t-il. 

Dans le secteur de la Charente où se trouve l'entreprise, le maïs est roi
Dans le secteur de la Charente où se trouve l’entreprise, le maïs est roi © TL

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