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Ce jaunissement est en particulier très visible pour les cultures d’orges d’hiver, phénomène somme toute courant, mais observé d’habitude plus tardivement en campagne et de façon moins prononcée.
Une douceur exceptionnelle, très favorable à la croissance !
Sur la région, les sommes de températures cette année dépassent les années restées en mémoire comme ayant présenté un automne « doux » comme 2014, 2011 ou 2002 → + 200°C par rapport à la médiane calculée sur les vingt dernières années pour un semis du 20 octobre.
Figure 1 : Somme de température depuis le 20 octobre – cumul de pluie depuis le 1er septembre
3 janvier 2016 – Station de Niort – Météo France
Figure 2 : écart à la médiane depuis 1995 des températures moyennes (base 0) du semis au 5 janvier 2016 (dates de semis régionalisées)
Sources : Météo France et Arvalis – Institut du végétal
Plusieurs causes possibles
Phytotoxicités d’herbicides
De nombreux symptômes de phytotoxicités ont été observés cette année à l’automne, tout particulièrement avec les applications autour du 15 novembre, suivies d’amplitudes thermiques élevées. Si ces phytotoxicités ont été bien observées en décembre, elles ne sont pas la raison des jaunissements généralisés actuels ; elles sont encore parfois visibles dans les zones de recoupement.
Maladies foliaires
Dans beaucoup de situations, ces jaunissements sont induits par la présence précoce de maladies foliaires. En effet, des symptômes d’oïdium sur les vieilles feuilles sont observés (toutes céréales) et d’helminthosporiose pour les orges provoquant ces jaunissements. A ce stade-là, un traitement ne se justifie pas. Par ailleurs, les pluies actuelles « lavent » l’oïdium et diminuent l’inoculum bien présent. Une fois l’oïdium lessivé par la pluie, il peut rester une tache brune, signe d’hypersensibilité, qui peut alors être confondue avec d’autres maladies.
Piétin échaudage
De nombreux cas de piétin échaudage sont également observés et provoquent aussi des jaunissements. Les premiers symptômes de piétin échaudage se manifestent le plus souvent au niveau des andains de paille du précédent par des bandes jaunissantes plus ou moins régulières. Dans ces zones, la pointe des vieilles feuilles jaunit, présentant des symptômes de carence azotées (ou autres carences, toutes induites par la défaillance des racines). Seule façon de s’assurer du bon diagnostic : laver les racines et observer si des manchons noirs sont déjà visibles.
Déficience nutritionnelle en azote
Cette déficience peut se manifester par des jaunissements des feuilles âgées à partir de la pointe, répartis de façon homogène ou par bandes dans la parcelle à l’emplacement des andains de paille par exemple qui consomment de l’azote minéral en se décomposant. Pas d’inquiétude cependant car ce sont des talles secondaires, tertiaires… qui sont les plus affectées, or ces talles ne contribuant pas ou très peu au rendement. Cette carence temporaire agit finalement comme une régulation naturelle du futur nombre d’épis utiles. A celle-ci, la piste de la compétition pour la lumière n’est pas non plus à exclure. Sous l’effet des conditions climatiques toujours clémentes, la pousse des céréales se poursuit avec l’émission régulière de nouvelles talles qui finissent par générer un peuplement en excès. Compétition qui s’effectue aussi sous jours les plus courts de l’année !
Rappelons aussi que pendant la période de tallage, les besoins en azote sont faibles (50 kg N/ha en moyenne) mais cet élément peut parfois devenir limitant : une biomasse élevée consécutive à un semis précoce, une forte densité ou des conditions favorisant la croissance, est en capacité d’absorber des quantités d’azote plus importantes. De nombreuses parcelles sont sur ce schéma de biomasse conséquente actuellement : il n’est pas rare de constater 1 à 1,5 talle supplémentaire par rapport à la médiane. Avec le retour des pluies, la minéralisation a repris et ces jaunissements s’atténuent.
Manque de manganèse
Des carences en manganèse ont aussi été observées précocement cette année, avec des zones de parcelles vertes claires ; les zones rappuyées restent vert foncé. A l’échelle de la plante, on observe un dessèchement caractéristique de la pointe de la feuille la plus âgée. Attention, si du jaunissement de la pointe des vieilles feuilles est observé, ce n’est pas une carence en manganèse et il convient d’explorer d’autres pistes.
Aussi, certaines situations montrent des sols soufflés et/ou de mauvaises implantations accentuant les phénomènes de jaunissement cités précédemment. Ces problèmes devraient s’atténuer avec le retour des pluies.
Enfin, des zones d’hydromorphie apparaissent actuellement dans les zones tassées ou cuvettes, suite aux pluies très importantes de ces derniers jours.
Que faire ?
En aucun cas, des apports d’azote ne sont justifiés sachant que par ailleurs la réglementation actuelle ne le permet pas. Compte tenu des biomasses excessives actuelles, il faut laisser faire la régulation naturelle. De l’azote apporté trop précocement entretiendrait ces talles secondaires qui ne contribuent pas/peu au rendement et favorisent par ailleurs la verse (surtout quand la densité de plante/m² est élevée), les maladies…
Alors, attendons le froid !
Où en est le développement des céréales
Les observations et les retours terrain n’indiquent pas le franchissement du stade épi 1 cm pour les blés dans les situations de semis et de variétés préconisés.
Sur un semis de blé tendre très précoce (début octobre) au Magneraud qui nous permet de contrôler l’avancée des stades, seule une variété de printemps est au stade épi 1 cm. Les variétés comme Cellule, Oregrain, Apache, Armada… sont à épi 2/3 mm.
Ne pas confondre redressement visuel (lié à la compétition pour la lumière) et ce stade de développement.
Dans quelques cas isolés, des stades épi 1 cm sont observés pour des céréales très alternatives semées tôt.
Je me demande si cette situation ne va pas rendre inopérantes es bandes double densité pour piloté les 1er apports d’engrais?