D’importantes manifestations ont lieu un peu partout en France aujourd’hui, entre autres pour contester la mise en pratique programmée de la directive nitrates. Les manifestants s’insurgent devant ce qu’ils nomment la « pression environnementaliste ». Qu’en est-il exactement ?
Je vous l’ai déjà signalé, WikiAgri évite de participer à la campagne électorale pour les Chambres d’agriculture. Ce n’est donc pas le bien-fondé des manifestations que je souhaite commenter ici. Mais je m’interroge sur la juste limite entre une politique volontaire en direction de l’environnement (celle affirmée par le gouvernement), et un environnementalisme dogmatique dont la mise en pratique devient source de problèmes tels qu’ils remettent en cause l’agriculture en elle-même (tel que dénoncé par le mouvement d’aujourd’hui).
Le discours du 18 décembre dernier du ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll était somme toute agréable à attendre pour les agriculteurs. Car le la tendance « produisons autrement » lancée ce jour-là leur donnait la possibilité de prendre en main eux-mêmes leur destinée environnementale. Malheureusement, et ce n’est pas nouveau en politique, entre le discours intentionnel et la mise ne pratique, il y a un pas.
Fut un temps où l’un des prédécesseurs de l’actuel ministre (de l’autre bord politique en l’occurrence) signifiait en apparté qu’il devait sans cesse surveiller son administration qui ajoutait dans les textes des conditions d’éligibilité telles qu’aucune mesure sensée développer l’agriculture ne parvenait à son but, au contraire. Le ministre en question était ainsi prévenu par le terrain agricole et devait rectifier le tir, inlassablement.
Mais aujourd’hui, il semble que l’on soit dans un autre cas de figure. Ce n’est plus le zèle de quelques administratifs dans les transpositions écrites qui est en cause, mais bien la politique gouvernementale par elle-même. Le message délivré ce jour par la rue (ou plutôt par les champs…) consiste à dire : « plus d’environnement d’accord, mais laissez-nous y parvenir tout seuls, nous savons ». Et l’on pourrait même ajouter que l’intérêt, je dirais « moral », de l’agriculteur dans cette affaire est bel et bien de s’approprier cette direction donnée, plutôt que d’être traité, à nouveau, comme un pollueur en puissance que l’on contraint à ne plus polluer. Et avec au passage des aspects tels qu’au-delà de la légitime recheche de nouveaux modes culturaux et d’une adaption aux contextes du moment, on se retrouve avec la remise en cause de filières qui fonctionnent parfaitement.
La question posée à Stéphane Le Foll revient à ses convictions d’une part et son appartenance politique d’autre part. En termes de convictions, « produisons autrement » remporte une réelle adhésion. La partie politique, ou plutôt politicienne, la caution apportée aux Verts au détriment des agriculteurs avec cette manie d’imposer une écologie sectaire plutôt que choisie, elle, ne passe pas. Au ministre, donc, de s’affirmer. A l’image d’autres membres du gouvernement capables d’avoir des idées mais aussi d’accepter les pressions sans fléchir, il doit désormais penser à la meilleure manière de faire accepter par tous son « produisons autrement ».
A lui de réfléchir, s’il veut réellement une agriculture qui « produit autrement », a-t-il besoin du soutien des agriculteurs, ou de celui des Verts ?
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