La crise qui frappe l’agriculture française aurait pu encore être pire, car ses charges ont bien baissé ! Selon la Commission des comptes pour l’Agriculture, le recul du prix moyen du baril de pétrole brut brent côté à Rotterdam entraîne dans son sillage une baisse de 19,7 % du prix moyen des produits pétroliers.
Les prévisions des revenus agricoles publiées en 2015 font de plus en plus l’objet de contreverses, la partie recettes en particulier car la volatilité des prix agricoles et le niveau de rétention des stocks en fin d’année rendent de plus en plus difficiles l’exercice.
Pour ce qui relève des charges, les premières estimations publiées à la fin de l’année dernières sont plus fiables. Les prix de l’énergie ont diminué de 13,7 % en 2015 (source Insee). Après 2014, cette nouvelle baisse permet aux prix des produits pétroliers d’être inférieurs de 13 points à leur niveau de 2010 (base de calcul de l’Insee), avant la forte hausse de 2012.
« Sur l’année 2015, le prix moyen du baril de pétrole brut brent côté à Rotterdam recule de 44 euros (- 44,4 %), entraînant dans son sillage une baisse de 19,7 % du prix moyen des produits pétroliers, analyse la commission des comptes de l’agriculture. Représentant un peu plus de la moitié de la facture énergétique, le prix du gazole non routier, décroît de 20,2 %, celui du fioul domestique de 16 %. La baisse est encore plus forte pour le prix du fioul lourd (- 33 %) et le GPL (- 47 %). Les reculs des prix de l’essence et du gazole sont respectivement de 9,5 % et 10,2 %. Seul le prix des lubrifiants ne fléchit qu’à peine (- 0,9 %). Hors produits pétroliers, le prix du gaz naturel baisse modérément (- 5,5 %) tandis que celui de l’électricité progresse de 4,8 %. »
Et sans la dépréciation de l’euro par rapport au dollar, la baisse des prix de l’énergie aurait été encore plus forte. Résultat, « la facture du poste ‘’énergie et lubrifiants’’ aurait chuté de 15,4 % en 2015 » après s’être « contractée en 2014, mais plus modérément (- 3,6 %) », souligne la commission des comptes de l’Agriculture.
Concrètement, cette baisse est de 700 millions d’euros, (soit 70 % de la baisse de la consommation totale d’intrants, consommations intermédiaires, estimée l’an passée) à un milliard d’euros. Et elle a contribué à plus de 50 % à la hausse de la valeur ajoutée brute (1,3 milliard d’euros au total) évaluée à 30 milliards d’euros (+ 4,7% sur un an). Mais comme cette dernière repose aussi sur la hausse des recettes (vente des produits agricoles), son estimation doit être confirmée en juillet prochain.
Mais le recul du prix du gaz ne se traduit pas par une diminution de la consommation d’engrais en valeur en raison, d’une part, du décalage entre leur production, leur stockage et leur commercialisation et, d’autre part, du niveau soutenu des prix des phosphates et de la potasse.
En savoir plus : http://www.agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/comptenational2015previsionnelbspca.pdf (comptes de l’agriculture) ; http://www.insee.fr/fr/themes/info-rapide.asp?id=80&date=20160128 et http://www.insee.fr/fr/themes/info-rapide.asp?id=80 (chiffres de l’Insee).
Pour illustrer les charges issues des produits pétroliers, cette photo est issue du site Fotolia, lien direct : https://fr.fotolia.com/id/86730043