changes agricoles mondiaux

Convergence des soutiens à l’agriculture des principaux pays producteurs sur quatre continents

Les taux de soutiens publics à l’agriculture versés aux agriculteurs des pays membres de l’Ocde et des 6 principaux pays émergents, devenus de grandes puissances économiques, ont convergé au cours de ces vingt dernières années. Ces aides représentent 18 % des recettes des exploitations. Mais dans l’Ocde, elles ont au moins été divisées par deux en depuis les années 1990/95.

Le développement économique des pays émergents conduit leur gouvernement à adopter des politiques agricoles redistributives en faveur de leurs paysans pour les maintenir en activité, pour augmenter leur pouvoir d’achat et pour limiter ainsi l’exode rural. En 2015, les aides publiques essentiellement versées aux paysans au Brésil, en Chine, en Colombie, au Kazakhstan, en Russie, en Afrique du Sud (les 6 pays émergents retenus pour cet article) étaient même équivalentes à celles des 35 pays de l’Ocde (dont l’Union européenne), en pourcentage du chiffre d’affaires.

« Elles représentaient, en moyenne, 18 % des recettes des paysans. Alors que ces soutiens étaient faibles, voire nuls ou négatifs il y a plus de vingt ans, ces derniers n’ont cessé d’augmenter », rapporte dans son rapport l’Ocde, l’Organisation de coopération et de développement économique, qui ne représente plus les seuls payés les plus riches de la planète. La Chine, par exemple, deuxième puissance économique mondiale, n’en est pas membre. 

Or depuis le milieu des années 1990, les crédits dévolus aux agriculteurs des pays membres de cette organisation sont passés de 42 % à 18 % des recettes agricoles, soit une baisse de plus de 60 % en pourcentage.  

Ce sont en fait les écarts de prix entre les prix à la production et les prix internationaux, qu’ils soient en hausse ou en baisse, qui expliquent essentiellement l’évolution de ces taux de soutiens à l’agriculture des 41 pays étudiés (35 + 6), membres ou pas de l’Ocde. 

Les gouvernements de ces pays émergents allouent à leurs paysans, une partie des fruits de leur croissance économique sous forme d’aides publiques. Et leur montant est régulièrement réévalué. Mais leurs évolutions suivent des trajectoires différentes.

En Chine et en Indonésie, les soutiens publics sont dorénavant supérieurs à la moyenne des pays de l’Ocde, en pourcentage des recettes agricoles à la production. Atténuer les disparités de revenu entre citadins et ruraux est devenu une priorité des gouvernements. Mais l’objectif, très ambitieux, n’est pas prêt d’être atteint dans l’Empire du milieu!

En 2015, les 35 pays de l’Ocde ont versé 469 milliards d’euros d’aides, soit un sixième des recettes, auquel s’ajoutent 69 milliards d’euros pour financer des mesures à caractère général.

Avec un taux de soutiens à ses producteurs de 18 %, l’Union européenne se situe à peu près dans la moyenne de l’Ocde mais en dessous de la Chine et de l’Indonésie. Toutefois, les sommes en jeu entre ces puissances économiques sont très différentes.

Ce taux moyen de 18 % masque évidemment de fortes disparités entre les trente cinq pays membres de l’Ocde. Celles-ci sont liées aux enjeux de sécurité alimentaire, aux différences de niveaux de vie, aux contraintes climatiques auxquelles font face les paysans et à la nécessité de préserver un tissu rural dynamique.

En tête des pays de l’Ocde, avec des taux de soutiens équivalents à 60 % des recettes de paysans, figurent la Suisse, la Norvège et l’Islande. Les conditions extrêmes et le Pib très élevé par habitant justifient des aides aussi importantes pour assurer aux agriculteurs un pouvoir d’achat décent et pour maintenir une agriculture de subsistance ; même si elle ne suffit pas pour nourrir la population.

De l’analyse des niveaux de soutiens à l’agriculture, il ressort aussi, parmi les pays de l’Ocde, des convergences régionales. Les taux de soutiens aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique (qui forment à eux-trois l’Alena) équivalent à 10 % des recettes de leurs paysans. Mais les montants des aides reçus par agriculteur diffèrent fortement entre les pays.

La Chine, occupe la 7e place en termes de soutiens publics (soutiens aux producteurs supérieurs à 20 % des recettes) parmi les 41 pays passés au crible par l’Organisation. En fait, les quatre pays sud asiatiques retenus dans l’étude (Japon, Corée, Indonésie et Chine), sont attachés à leur agriculture. Et plus le niveau de vie moyen par habitant de ces pays croît, plus le niveau de soutien auprès des paysans est important et augmente. L’Indonésie et la Chine suivent la voie prise par le Japon dorénavant devancé par la Corée. 

En queue de classement des pays qui soutiennent le moins leur agriculture, on retrouve des membres historiques de l’Ocde qui ont opté pour des politiques agricoles très libérales (Nouvelle-Zélande, Australie) rejoints par le Brésil et l’Afrique du sud. Mais la volatilité de la monnaie de ces pays pèse sur la compétitivité de leur agriculture ou l’amplifie. Une dévaluation monétaire constitue parfois une aide masquée.

Le soutien total à l’agriculture

Les aides versées aux paysans ne représentent qu’une partie du soutien total apporté à l’agriculture. Elles sont complétées par des subventions à la consommation et par des aides d’intérêt général (formation, préservation de la biodiversité, développement rural par exemple). L’ensemble définit le soutien total à l’agriculture (EST) estimée en pourcentage du Pib.  

L’analyse comparée des politiques agricoles passées en revue par le rapport de l’Ocde montre que la Chine est, proportionnellement, le pays le plus généreux avec ses paysans. Alors qu’elle produit 42% de la valeur de la production des pays retenus dans l’étude de l’Ocde (les 35 membres + les 6 pays émergents), les soutiens versés équivalent à près de 45 % de l’ensemble des montants versés. Toutes proportions gardées, l’Indonésie est dans le même cas de figure.

Les soutiens agricoles aux Etats-Unis et dans l’Union européenne sont aussi supérieurs à la part de la production agricole des 41 pays passés en revue, mais à des niveaux inférieurs. Leur politique agricole est ainsi assimilable à une politique de transfert de revenu qui relève de la solidarité collective.

C’est en fait la proportion d’agriculteurs dans la population active qui conditionne essentiellement  la part du Pib consacrée aux politiques agricoles de ces pays.

Ainsi, la politique agricole indonésienne représente 4 % du Pib national, celle de la Chine 3,1 % et 2,1 % en  Turquie.

L’Union européenne et les Etats-Unis sont à 0,7 % mais avec un nombre d’agriculteurs proportionnellement moins important. La Nouvelle Zélande et l’Australie consacrent respectivement 0,3 % et à 0,1 % de leur Pib à l’agriculture.
 

Le tableau ci-dessous est issu du lien suivant : http://www.keepeek.com/Digital-Asset-Management/oecd/agriculture-and-food/politiques-agricoles-suivi-et-evaluation-2016/evolution-des-politiques-et-du-soutien-agricoles_agr_pol-2016-4-fr#page20

Notre illustration ci-dessous est issue du site Fotolia, lien direct : https://fr.fotolia.com/id/150990066.

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