Votre tracteur est-il un ogre ou un chameau des plaines ? Décryptage de quelques notions qui permettront de mieux comprendre votre consommation de carburant.
Tout acheteur de tracteur souhaite connaître la consommation de son tracteur mais surtout son rendement. Le tracteur tant convoité sera-t-il un ogre dévorant les litres de gasoil ou un chameau parcourant les plaines indéfiniment ? Naturellement, vos collègues vous donneront des avis précis mais la nature de leurs travaux n’est pas nécessairement la vôtre. Il est ainsi parfois difficile de comparer des moteurs similaires dans des contextes différents. Quels critères doivent donc vous guider pour évaluer les performances du futur tracteur de votre exploitation ?
Intuitivement les constructeurs automobiles nous ont bien fait comprendre ces notions. Pour une voiture, la consommation aux 100 km parcourus est un argument de performance, souvent contestable dans la pratique, mais régulièrement mis en avant par les services marketing. Vous remarquerez que cette notion est souvent complétée par une notion de vitesse afin de caractériser le contexte d’utilisation du véhicule.
Si on fait l’analogie avec l’agriculteur, la difficulté est de trouver un point de comparaison facile d’un agriculteur à l’autre. Pourtant cela est possible ! La parcelle aux abords de l’exploitation, votre grand-père la labourait avec son tracteur de 50 ch et une charrue bisocs, y passait deux jours. Votre père avec son 100 ch et sa charrue 4 socs en faisait le tour dans la journée alors que vous, avec votre 200 ch et vos 8 socs, vous bouclez le chantier dans la matinée !
Dans les deux cas, vous avez employé trois notions scientifiques vous permettant de comparer les performances de votre voiture, ou de votre chantier de labour. Vous avez réalisé un travail en labourant votre champ. Vous avez plus ou moins exploité la puissance de votre tracteur selon les conditions de travail ou celle de votre voiture selon le type de parcours. Vous avez aussi choisi la vitesse de déplacement de votre véhicule.
Vous allez faire une grosse journée de travail. Le matin, vous allez prendre la précaution de prendre un bon petit déjeuner. Un nutritionniste serait à même de vous donner la quantité d’énergie que vous absorbez. Il vous donnera le nombre de calories que vous avez ingéré. Il pourrait aussi l’exprimer en joules, ou en kilowatts par heure. Cette dernière unité est celle communément utilisée par vos fournisseurs d’électricité ou de gaz. Une fois prêt pour votre journée de travail, vous allez restituer cette énergie grâce à vos capacités physiques. Mais il est peu probable que vous parveniez à traduire en travail l’intégralité de votre petit déjeuner.
Il en va de même de votre tracteur, vous lui fournissez du carburant mais il ne vous en rend qu’une partie. Ce rendement est traduit par la consommation spécifique exprimée en g/kW.h. De façon plus concrète, cela correspond au besoin en carburant du moteur pour vous restituer un kW.h sous forme mécanique et utile.
Le choix entre deux tracteurs différents peut être délicat. Une consommation spécifique inférieure à 230g/kW.h peut être considérée comme modérée pour un tracteur. Au-delà des 260 g/kW.h, vous êtes face à glouton ! L’intérêt est surtout de comparer des tracteurs de puissances différentes et donc de se faire un avis réaliste sur des engins aux caractéristiques un peu différentes.
Enfin, il faut rester réaliste : même si le moteur de votre tracteur se comporte comme un chameau, son rendement ne dépasse guère les 35 %. Le reste part hélas en fumée !
En savoir plus : http://www2.oecd.org/agr-coddb/index_fr.asp (pour connaître les performances de votre tracteur).