Boulogne Billancourt, le 15 janvier 2020 – A l’occasion de sa conférence de presse annuelle, l’UIPP a présenté un état des lieux et une projection à 2025 du marché français des produits phytopharmaceutiques en France. Le marché vit actuellement une transition importante dans un contexte d’évolution conséquente des cadres politiques et réglementaires et de la montée en puissance des exigences sociétales vis-à-vis de l’utilisation des produits de protection des plantes. L’UIPP a également présenté les initiatives de la France en matière de développement d’équipements de protection individuels et de volontarisme collectif. D’autres pays agricoles comme l’Allemagne et le Canada observent avec intérêt les mesures déployées en France pour assurer la sécurité des agriculteurs. Enfin, l’UIPP a rappelé les principales évolutions du marché avec une progression de 8 % des ventes de produits phytopharmaceutiques en 2018 qui s’explique notamment par une anticipation des achats réalisés en amont de l’augmentation de la Redevance pour Pollution Diffuse au 1er janvier 2019.
Quelles évolutions du marché des produits phytopharmaceutiques en France à 5 ans ?
En 2019, le cabinet Alcimed a réalisé, pour le compte de l’Union des Industries de la Protection des Plantes, une étude « projection à 2025 du marché français des produits phytopharmaceutiques en France » visant à mieux identifier et comprendre les facteurs de modification du marché. Réalisée à partir d’entretiens avec différentes parties prenantes, cette étude exclusive a permis de dégager des tendances majeures : Le marché des produits phytopharmaceutiques peut être impacté par deux grands tendances : d’une part, la volonté politique et réglementaire qui voit les interdictions de produits se multiplier en France et en Europe. D’autre part, l’évolution des pratiques agricoles vers des usages de précision, notamment grâce aux nouvelles technologies et l’évolution vers l’adoption de techniques alternatives à l’usage de produits phytopharmaceutiques comme le désherbage mécanique ou l’utilisation de variétés résistantes.
« Nous sommes parties prenantes d’une transition majeure du modèle agricole français. Cette étude menée par Alcimed nous permet de confirmer les grandes évolutions du marché et de mieux accompagner l’évolution actuelle par le développement de solutions alternatives au service des agriculteurs » indique Bruno Baranne, président de l’UIPP
La puissance publique, aux avant-postes des évolutions du marché
Les évolutions réglementaires en France et en Europe au cours de la dernière décennie ont vu le retrait du marché de nombreuses solutions. Concrètement, ces retraits réalisés dans des délais très courts conduisent dans un premier temps à des distorsions de concurrence entre agriculture française, européenne et mondiale puis à des impasses techniques pour les agriculteurs qui ne peuvent continuer à assurer leur production. En France, certaines cultures à faibles volumes sont actuellement en cours de disparition comme l’asperge, la carotte des sables ou certains fruits rouges. En parallèle ces interdictions peuvent paradoxalement conduire à l’augmentation des quantités de produits phytopharmaceutiques utilisées par les agriculteurs en privilégiant des produits à l’efficacité moindre.
La mise en place de politiques publiques volontaristes qui visent à développer l’agriculture biologique en France impacte également le marché des produits phytopharmaceutiques sur plusieurs facteurs. Pour les 5 ans à venir, le cabinet Alcimed anticipe une confirmation de l’augmentation de la part des produits de biocontrôle et une augmentation sensible des quantités de produits utilisés par l’agriculture biologique.
La certification HVE, une tendance de fond en viticulture
Alors qu’en 2019, 1518 exploitations agricoles, principalement viticoles, étaient certifiées HVE, le cabinet Alcimed anticipe une montée en puissance rapide avec 15 000 exploitations certifiées en 2022 et 50 000 en 2030 comme annoncé par la filière viticole française. Concrètement, ce fort développement du label HVE devrait conduire à des évolutions sur la part des produits de biocontrôle et des produits utilisables en agriculture biologique.
Les technologies, des leviers puissants pour un usage raisonné des produits phytopharmaceutiques
Utiliser la juste quantité de produits au moment opportun est devenu un enjeu pour chaque agriculteur. Le matériel utilisé joue un rôle majeur dans cette évolution. En 2014, moins de 5 % des agriculteurs utilisaient des pulvérisateurs équipés de panneaux de récupération permettant de réduire de 30 à 40 % les quantités de produits utilisées. Avec le lancement de LabelPulvé en 2019 et l’évolution de la réglementation concernant la pulvérisation, les matériels les plus performants devraient progressivement se généraliser et ainsi impacter à la baisse les volumes utilisés par les agriculteurs. En parallèle, le développement des matériels de précision et des outils d’aide à la décision semblent peiner à se démocratiser notamment du fait de leur coût et de la nécessité de formations adaptées. D’après Alcimed, la généralisation du big data et de la robotique sera très progressive et n’impactera que faiblement le marché dans les 5 ans à venir.
Le désherbage mécanique, une tendance en progression
Le désherbage mécanique devrait rapidement se développer sur la base de 2 tendances de fond : d’une part la multiplication des contraintes liées à l’utilisation d’herbicides conduisant à une réduction de la variété des solutions et à un risque d’augmentation des résistances des adventices. Et d’autre part une forte promotion du désherbage mécanique par les différentes parties prenantes (Plan EcoPhyto2+, CEPP, Contrat de solutions…). Les contraintes de temps et d’efficacité du désherbage mécanique seront progressivement levées par le développement de la robotique agricole.
L’utilisation de variétés résistantes et tolérantes apportera sa contribution à l’agroécologie
Les agriculteurs sont particulièrement demandeurs de nouvelles variétés résistantes et/ou tolérantes permettant de réduire l’usage de produits phytopharmaceutiques. Mais ces variétés nécessitent un temps de développement long et les bioagresseurs peuvent s’adapter à ces nouvelles cultures. Leur développement dépendra majoritairement de l’offre mise sur le marché par les intervenants du marché semencier.
La France, pionnière pour les équipements de protection individuels
Très engagée pour la prévention des risques, l’UIPP travaille depuis de nombreuses années à une évolution des équipements de protection individuels pour en faciliter l’appropriation et maximiser leur efficacité. La France fait figure de pionnière en la matière et partage son expérience avec d’autres pays comme l’Allemagne ou le Canada. Les efforts ont porté sur 2 axes complémentaires :
– La définition de nouvelles normes internationales plus précises qui permettent ensuite de développer des équipements mieux adaptés (balance entre confort et protection). La nouvelle génération d’équipements a suivi un processus d’amélioration au niveau du design, des couleurs, de la morphologie (certains modèles ont des coupes différenciées homme/femme). Ils sont étudiés pour faciliter les mouvements des agriculteurs et ils sont réutilisables.
– La mise en application d’un guide d’étiquetage UIPP volontaire qui vise à homogénéiser les étiquettes des produits et ainsi permettre aux utilisateurs d’identifier plus simplement les équipements à porter en fonction des tâches entreprises et du matériel de pulvérisation. Ce tableau synthétique qui se substitue à un long texte réglementaire est déjà déployé sur plus de 90 % des étiquettes mises sur le marché à fin 2019.
Portée par le Contrat de solutions, initiative de 40 partenaires du monde agricole, et cofinancée dans le cadre d’Ecophyto2+, une grande campagne de sensibilisation aux évolutions récentes concernant les équipements de protection individuels et les consignes de sécurité sera prochainement déployée sur l’ensemble du territoire. Coup d’envoi lors du Salon International de l’Agriculture 2020 !
Les ventes de produits phytopharmaceutiques en hausse de 8 % en 2018 (1)
L’Union des Industries de la Protection des Plantes a publié le bilan des quantités de produits phytopharmaceutiques vendues à la distribution pour l’année 2018. L’UIPP constate une hausse de 8 % des quantités de matières actives contenues dans les produits vendus en France. Cette hausse s’explique essentiellement par une anticipation des achats par les agriculteurs avant la hausse de la redevance pour pollution diffuse (RPD) entrée en vigueur le 1er janvier 2019 et par une hausse des ventes de Soufre et de Cuivre. Sur une période longue, la décrue de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques se poursuit avec une baisse de plus de 40 % en 20 ans.
« Le marché des produits phytopharmaceutiques est actuellement en pleine transition. Nous devons collectivement travailler à définir de nouveaux indicateurs de suivi de l’utilisation des produits afin de valoriser les actions de la filière et d’en tirer des enseignements clairs. La montée en puissance de l’agriculture biologique doit notamment faire l’objet d’indicateurs d’utilisation dédiés. » commente Bruno Baranne, président de l’UIPP.
(1) Les données « tonnage de matières actives » sont issues des déclarations annuelles des adhérents de l’UIPP, qui représentent, en valeur, 96 % du marché français des produits phytopharmaceutiques à usage agricole. Elles concernent les quantités de matières actives contenues dans les produits achetés par les distributeurs pour le compte des agriculteurs. Les données « part de biocontrôle » sont issues de l’analyse de la BNVD (Banque nationale des ventes de la distribution) avec la liste des produits de biocontrôle de la DGAL du 16 mai 2019.