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Comptes prévisionnels de l’agriculture 2022: l’EBE de la « ferme France » équivalent à celui de 1980 !

Au cours des quarante dernières années, le résultat brut agricole (EBE) de la ferme France demeurait inférieur à son niveau de 1980. Pendant vingt ans, il n’avait cessé de baisser jusqu’à atteindre 55 % de sa valeur initiale en termes réel en 2009. Puis l’EBE de la ferme France a stagné pendant plusieurs années avant de se redresser à partir de 2016, grâce à la hausse des prix agricoles.

L’Insee et le ministère de l’agriculture viennent de publier les comptes prévisionnels de l’agriculture nationale de 2022. A l’échelle de la Ferme France, le résultat brut agricole (ou l’excédent brut d’exploitation) a atteint 38,4 milliards d’euros (Mds d’€). Sur un an, il a progressé de 22,5 %.

Seule l’augmentation importante des prix à la production observée cette année explique cette évolution malgré les augmentations des prix des intrants.

La valeur de la production agricole a atteint 96,9 Mds d€, soit 14 Mds de plus que l’an passé tandis que les consommations intermédiaires n’ont progressé entre temps que de 6 Mds d’€ pour atteindre 53,4 Mds d’€.

Prix des intrants: impacts modérés en 2022

Même si les aides Pac et autres subventions ont diminué de 500 millions de d’euros entre 2021 et 2022, la valeur ajoutée brute de la Ferme France a crû  de 21,4%.

La flambée des prix des intrants observée le printemps dernier n’a pas trop impacté les comptes de résultats de tous les agriculteurs, et en particulier ceux qui s’étaient approvisionnés à la fin de l’année 2021.

Par ailleurs, l’augmentation des cours des commodités a plus que compensé la baisse des rendements consécutifs aux épisodes de sécheresse qui ont frappé l’ensemble des régions françaises.

Par exemple, « la production de céréales a diminué de 10,9 % en volume (après + 17,2 %) mais les prix des céréales sont en nette augmentation (+ 33,2 % après + 28,8 %) », analyse l’Insee.

De même, « la production animale croît de 17,3 % en valeur (après + 1,7 % en 2021). Ceci provient de l’augmentation des prix (+ 21,5 %), tandis que la production se replie en volume (- 3,4 %)», explique encore l’institut.  

En 2023, tous les agriculteurs, quelle que soit leur orientation, auront payé très chers leurs intrants. Certains redoutent même d’être victimes de l’effet ciseau car les prix des céréales fléchissent, mois après mois, jusqu’à retrouver leurs niveaux d’avant guerre.

Les bons chiffres 2022 de l’agriculture française appellent trois commentaires.

Compte tenu des informations diffusées par l’Insee, il n’est pas possible d’avoir une idée de l’évolution des résultats bruts par exploitation en fonction de leur orientation. Depuis plusieurs années, les comptes prévisionnels de l’agriculture française de chaque exercice sont établis en deux temps.

Chaque fin d’année, ils sont tout d’abord publiés à l’échelle de la ferme France puis décalés d’un an, par orientation et par otex.

Aussi, le ministère a publié en détails, au mois de décembre, le compte prévisionnel de l’agriculture au titre de 2021.

L’an passé, le revenu agricole par actif non salarié était de 41 165 € avant impôts et prélèvements sociaux. Ce revenu sert à financer les prélèvements privés des agriculteurs et la part des investissements autofinancés.

En 2021, seules les filières maraîchère et porcine accusaient un repli sensible de leur revenu.

C’est la hausse des prix à la production observée ces dernières années, plus importante que celles des charges, qui a permis à la Ferme France de recréer de la valeur ajoutée et de dégager en 2022 un résultat brut équivalent à celui de 1980.

Ce dernier n’avait cessé de baisser jusqu’à atteindre 55 % de sa valeur initiale en termes réel en 2009. Puis l’EBE de la ferme France a stagné pendant plusieurs années avant de se redresser à partir de 2016, grâce à la hausse des prix agricoles.

Seule la baisse continue du nombre d’agriculteurs a permis à la ferme France de réaliser des gains de productivité ces 25 dernières années. Et les filières aval et amont en ont été les principaux bénéficiaires des gains de productivité réalisés. Car après avoir cru de 40 % en volume de 1980 à 1995, la production agricole a stagné alors que les prix baissaient et les charges progressaient.

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