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Comment sera redéployée la viande ovine issue de Nouvelle-Zélande une fois le Brexit consommé en 2019 ?

Brexit et filière ovine après 2019: comment seront redéployées les 228 000 tonnes de viande importées de Nouvelle-Zélande par l’Union européenne ? La Nouvelle-Zélande exporte à travers le monde 389 000 tonnes équivalent carcasse (téc) chaque année, soit 85 % de sa production (454 000 téc en 2016), ce qui la met en seconde place au niveau mondial après l’Australie (432 000 téc). Sur les 228 000 tonnes destinées à l’Union européenne, près de la moitié est livrée au Royaume-Uni.  

Alors que le Ceta met sur le branle-bas de combat les éleveurs de bovins viande, le Brexit risque de condamner la filière ovine française après 2019 si les conditions de départ du Royaume-Uni sont mal négociées. L’Institut de l’élevage a publié une étude intitulée « A l’export, la filière ovine néo-zélandaise a encore de la ressource ! », qui tente d’apporter quelques éléments de réponse.

La Nouvelle-Zélande, deuxième producteur mondial de viande ovine après l’Australie, est à la fois attiré par les marchés asiatiques et moyen-orientaux à fort potentiel de croissance et par le marché européen, sûr et rémunérateur. Mais les premiers sont à la merci de décisions gouvernementales arbitraires, pouvant mettre fin à tout échange commercial, tandis que l’Union européenne est un débouché sur le déclin.

Mais, avec des volumes de viande ovine exportés inférieurs de  25 % à leur niveau de 2008 depuis plusieurs années (le quota d’importation de 228 000 téc partiellement atteint à hauteur de 70 %), l’Union européenne reste le premier débouché néo-zélandais avec 37 % en volumes et 47 % en valeur.

Toutefois, le  débouché européen est déséquilibré car le Royaume-Uni est la destination de près de la moitié des volumes expédiés. Les trois principaux pays importateurs de viande ovine (France, Allemagne et Pays-Bas) ne représentent que 37 % des volumes importés par l’Union européenne.

Se pose alors la question de savoir comment ces importations britanniques seront réparties à l’avenir entre l’UE à 27 et le Royaume-Uni lorsque ce dernier fera cavalier seul.

Le quota d’importations sera-t-il redistribué entre les vingt-huit membres, selon une clé de répartition qui reste à définir, ou bien sera-t-il affecté à l’UE à 27, au risque d’engorger le marché européen ? Et dans ce cas de figure, la Nouvelle-Zélande aura pu alors conclure, en parallèle, un nouvel accord commercial privilégié avec le partenaire européen dissident.

Une répartition du quota d’importation entre l’Union européenne et le Royaume-Uni ?

La filière ovine française opte pour une répartition du quota d’importation entre l’Union européenne et le Royaume-Uni en fonction des volumes de viande effectivement importés. Et il semble que les négociations du Brexit en cours vont dans ce sens. 

Depuis une dizaine d’années, le recul du marché européen a été compensé par les exportations vers les pays avec lesquels la Nouvelle-Zélande a conclu des accords commerciaux de libres échanges en Asie, Océanie et sur le continent américain. « De nouveaux accords signés, pas encore entrés en vigueur, faciliteront les échanges (partenariat transpacifique, Conseil de coopération des Etats du golfe) », souligne l’Institut de l’élevage.

Pour autant, le marché européen est la variable d’ajustement de la stratégie d’exportation néo-zélandaise les années excédentaires, lorsque les conditions climatiques favorisent la production d’herbe et par conséquent, la croissance des animaux ou lorsque les marchés asiatiques se rétractent.

La filière ovine a été profondément restructurée depuis les années 1980. Les aides agricoles avaient alors disparu et l’essor de l’élevage laitier, beaucoup plus rentable, a fortement concurrencé la filière ovine, parent pauvre de l’élevage zélandais.

En fait, d’énormes gains de productivités (1,1 agneau abattu par brebis en 2016 contre 0,6 en 1984) ont permis de doubler en 30 ans la production de viande par brebis et d’atténuer la baisse de la production (- 31 % par rapport à 1984) liée à l’effondrement des effectifs de brebis depuis la fin des aides, de 50 milions de têtes en 1982 à 18,1 millions désormais.

Toujours en raison des gains de productivité qui se sont poursuivis, la production d’agneaux s’est stabilisée depuis une dizaine d’année à 360 000 téc alors que les effectifs de brebis continuaient à baisser.

La filière est sinon très compétitive par rapport aux autres productions mondiales. Les exportations néozélandaises de viande ovine se sont quasiment maintenues au même niveau depuis 20 ans alors que le troupeau d’ovins néo-zélandais régressait continument.

Par rapport à la France, le prix de l’agneau (entre 3 et 4 €/kg) est 1,5 à 2 fois inférieur au coût français (5,2 € en 2016) en raison des faibles coûts d’alimentation (les animaux néo-zélandais sont essentiellement nourris à l’herbe) et de la très grande productivité de travail (troupeaux de plus de 3 000 animaux en moyenne). Le foncier est en revanche très onéreux.

Les revenus de 39 000 euros par unité de main-d’oeuvre (UMO) entre 2010 et 2016 alors que les revenus laitiers étaient de deux voire trois fois supérieurs.

Mais l’ensemble de l’élevage néo-zélandais va être soumis à un changement de la réglementation environnementale visant à maitriser les déjections animales dans très importantes en particulier en production laitière. Les taux de nitrates dans les eaux n’ont cessé d’augmenter et l’eutrophisation s’étend en raison des fortes concentrations de phosphore qui s’y ajoutent. Les élevages d’ovins vont être en partie impactés par le volet « contamination bactérienne » de cette nouvelle réglementation qui limitera l’accès des animaux aux ruisseaux. Les éleveurs devront donc clôturer les kilomètres de champs.
 

La photo ci-dessous montre des agneaux en Nouvelle-Zélande. Source : Fotolia. Lien direct : https://fr.fotolia.com/id/151206189.

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