L’aliment porcin fabriqué à la ferme est-il moins compétitif que l’aliment industriel ? Une étude de Nutrinoé, syndicat breton des fabricants d’aliments du bétail, relance le débat.
Voilà une étude qui risque de faire du bruit dans le landerneau porcin où l’aliment fabriqué à la ferme représente en Bretagne 40 % de l’aliment consommé.
Nutrinoé, le syndicat breton des fabricants industriels (17 entreprises, 43 usines, 8 millions de tonnes fabriquées en 2014, dont 3,8 millions pour le porc) vient en effet de rendre public les résultats d’une étude comparative des coûts de cinq régimes alimentaires de FAF (fabrication d’aliments à la ferme) et des aliments complets sortis d’usine. Ils montrent que pour approvisionner les animaux d’un élevage de 300 truies naisseur engraisseur autosuffisant en céréales, « le prix de l’aliment du commerce est compétitif » sur la période étudiée (2009-2013), que « le système alimentaire fabriqué à la ferme le moins risqué est celui à base de maïs humide et de complémentaire (Ndlr : acheté aux industriels) » et que « les systèmes FAF à base de céréales sèches sont peu performants économiquement ».
Pour beaucoup, pourtant, l’aliment fabriqué à la ferme constitue un formidable levier de compétitivité, dans la mesure où il s’agit de céréales cultivées par l’éleveur sur ses terres ou achetées à ses voisins. Lorsque l’éleveur maîtrise les principaux paramètres techniques de l’atelier porcin (indice de consommation, nombre de porcelets sevrés par truie et par an, etc.), il peut effectivement réduire ses coûts alimentaires, une fois sa fabrique d’aliment amortie, dit en substance le centre de gestion CerFrance des Côtes-d’Armor, et être tout à fait compétitif.
Pour Nutrinoé cependant, cette approche économique n’est pas forcément la bonne. « Il convient d’intégrer la valeur de marché de la tonne de céréale utilisée pour nourrir les animaux, souligne le président de Nutrinoé, Hervé Vasseur. L’apparente compétitivité de l’aliment fabriqué à la ferme vient souvent de là. » Nutrinoé concède que son étude peut être considérée comme un plaidoyer pour l’aliment industriel et donc contestée. Le syndicat ne veut pas se battre contre la FAF, mais apporter des éléments de réflexion aux éleveurs qui souhaiteraient fabriquer leur aliment.
De ce point de vue, l’étude nourrit le débat.
Photo Franck Jourdain.