La récolte des maïs fourrage se termine en Normandie et les récoltes en maïs grain approchent. A l’interculture, la gestion des résidus de maïs est primordiale. Accélérer la dégradation des résidus par un broyage fin puis une incorporation au sol sont fortement recommandés pour détruire les larves de foreurs protégées dans les résidus, mais aussi pour réduire le risque Fusarium.
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Un point sur les dégâts de pyrales en 2017 a été réalisé dans le cadre du bilan de campagne du BSV Céréales Normandie. Les observateurs ont effectué des mesures simples (comptage du pourcentage de plantes touchées) juste avant la récolte pour apprécier les traces d’activité de ce ravageur sur la Normandie (voir carte).
Sur les 24 parcelles, la moitié des sites présente au moins 10 % de plantes touchées. Les symptômes peuvent être une casse de tige au-dessus ou en dessous de l’épi mais aussi des galeries dans les épis.
Dans l’est de la Normandie, les traces d’activité sont faibles (0 à 15 % des plantes), tandis que dans l’Orne, les dégâts sont régulièrement observés avec 30 à 40 % de plantes touchées en l’absence de protection. Les symptômes sont situés sous l’épi (environ 2/3 des plantes) avec des galeries observées dans les épis sur près de la moitié des plantes. Dans le Calvados, les symptômes peuvent concerner quelques plantes jusqu’à la quasi-totalité de la parcelle (80 % des plantes), dégâts jusqu’ici jamais observés à cette intensité. Dans la Manche, les observations sont irrégulières mais des casses de tiges au-dessus de l’épi sont parfois notées sur la moitié des plantes dans le sud du département.
Figure 1 : proportion de plantes attaquées par les pyrales avant récolte en Normandie en septembre 2017
Le bilan des dégâts de pyrales observés en fin de campagne est primordial pour connaître la réelle activité de ce ravageur des maïs. L’analyse des observations montre que les dégâts observés sont globalement localisés dans les secteurs où l’activité des papillons a été relevée en début d’été grâce au piégeage.
Les dégâts dus à la pyrale dans les maïs semblent donc en progression dans la région cette année. Les larves hivernent à l’abri à la base des cannes de maïs et y passent très bien l’hiver. Pour réduire les populations, il est donc indispensable de bien gérer les cannes de maïs après récolte. Sur les parcelles impactées par le ravageur cet été, il est important de broyer, dessoucher et enfouir les résidus pour réduire le stock de pyrales et limiter ainsi la pression du ravageur l’an prochain. Même dans les secteurs où le recours à des moyens de lutte efficaces a permis de limiter la pression de pyrale, le broyage permet de ne pas voir grossir les populations.
A la récolte, les larves de pyrales sont parfois réfugiées à la base des tiges (galerie visible sur la photo).
• Le broyage systématique fin et au ras du sol réalisé tôt après la récolte avec un broyeur à axe horizontal permet de détruire les larves ou de les exposer au froid et aux prédateurs.
NB : en maïs grain, le broyeur sous bec des moissonneuses n’a pas une efficacité suffisante en comparaison à un passage spécifique de broyeur post récolte.
• L’incorporation des résidus est la seconde étape indispensable qui réduit encore les chances de survie des larves. Le labour, permettant d’enfouir à une plus grande profondeur, sera plus efficace que les autres techniques de travail du sol.
Un broyage réalisé aussitôt après la récolte procure une bonne efficacité contre les foreurs (50 à 70 % d’efficacité), qui peut être améliorée si l’action est suivie d’un travail superficiel (75 à 85 % d’efficacité) ou d’un dessouchage du collet (95 % d’efficacité).
Le broyage et l’incorporation des résidus de maïs avec/sans labour présentent beaucoup d’intérêts :
• Réduire les fuites d’azote, en piégeant de l’ordre de 20 à 30 kg d’azote minéral. Le rapport C/N élevé des cannes de maïs favorise la réorganisation de l’azote minéral présent dans le sol. Un bon contact entre le sol et les résidus va accélérer la dégradation des résidus par les micro-organismes du sol. En substitution d’un couvert végétal, peu performant après une récolte tardive, le broyage fin et l’incorporation superficielle des résidus de maïs grain, dans les 15 jours suivants la récolte, sont obligatoires (cf directive nitrates) en cas de succession de maïs.
• Faciliter l’implantation de la culture suivante, en particulier si aucun labour n’est réalisé. La présence importante de débris végétaux dans le lit de semences peut être un obstacle à la levée du blé. En situation où un travail superficiel est réalisé, le broyage et l’enfouissement des résidus facilitent le fonctionnement des semoirs conventionnels ou rapides à disques et le positionnement des semences de blé.
• Réduire le risque mycotoxines en favorisant la décomposition des résidus, support de conservation des fusarioses. Le broyage fin et l’incorporation des résidus limiteront les risques de contamination en cas de météo pluvieuse autour du stade épiaison-floraison. Pour un blé implanté sans labour, avec un précédent maïs, le choix d’une variété peu sensible au risque DON est aussi impératif.