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Colza, un désherbage en post-levée pour plus d’efficacité

L’arrivée de nouveaux produits déverrouillent les pratiques de désherbage en colza vers plus de traitements « à vue », en post-levée.

Bien désherber son colza limite la concurrence des adventices. C’est aussi l’occasion de réduire la pression en vulpin et ray grass pour les cultures de céréales à suivre. Contenir le stock de semences d’adventices passe par la mise en place de pratiques agronomiques adaptées : labour mais pas trop fréquemment (1 fois tous les 3 ou 4 ans contre vulpin et ray grass), faux semis, implantation de cultures associées, introduction d’une culture de printemps dans la rotation. Le décalage de date de semis est moins efficace que pour les céréales car on se heurte à des risques de voir sa culture mal s’implanter.

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Jusqu’à présent, le colza était majoritairement désherbé en prélevée, juste après le semis, avec si besoin un rattrapage en post-levée. « Le colza était la seule culture où 85 % des programmes de désherbage étaient encore basés sur de la prélevée systématique », remarque Coline Sicaud, chef de marché herbicides grandes cultures chez Corteva.

Outre cet aspect de traitement a priori, le désherbage en prélevée a des limites. Si les produits utilisés ont l’avantage d’être variés en terme de molécules et de spectres, leur efficacité n’est pas toujours régulière, selon la pluviométrie et la teneur en matières organiques de sol. Par des effets indésirables de phytotoxicité, ils peuvent pénaliser la vigueur d’implantation, ce qui peut être problématique en cas d’attaque d’altises. Autre reproche, et non des moindres, leur coût élevé, autour de 85 à 90€ par hectare. C’est d’autant plus problématique quand la culture démarre mal et qu’il faut le retourner, comme ça a été souvent le cas l’an dernier, non seulement le traitement n’est pas rentabilisé et, en plus, il peut compliquer le choix d’une culture de remplacement. 

Plus ciblé, plus économique

Les stratégies herbicides tardives en post-levée trouvent un regain d’intérêt grâce à l’homologation de nouveaux produits, qui élargissent le spectre des adventices contrôlées. Deux homologations ce printemps, celle de Mozzar et de Fox, ouvrent de nouvelles perspectives dans la lutte contre les dicotylédones. Quand la pression en graminées est faible ou moyenne, il est possible de désherber son colza uniquement en post-levée avec des produits à base de propyzamide de type Kerbflo et d’antigraminées foliaires.

Désherber en post-levée donne le choix de n’agir que sur une culture bien démarrée. « S’il y a un problème d’implantation, les pertes économiques seront moindres, car il n’y aura pas eu d’herbicides de mis, souligne Franck Duroueix, responsable de l’évaluation des intrants chez Terres Inovia. Cette économie, le fait qu’il y ait moins de difficultés pour réimplanter autre culture, redonnent une certaine sécurité à se lancer dans le colza. »

Retarder le désherbage évite le risque sur la vigueur au démarrage sans pour autant avoir à craindre des pertes de rendement à cause de la concurrence des adventices car elles sont encore à un stade précoce en post-levée. L’action foliaire sécurise l’efficacité de l’intervention, moins dépendante des conditions climatiques qu’une action racinaire. Mais surtout, désherber en post-levée permet une application plus raisonnée au type et à la quantité d’adventices réellement levées. « Cela permet de mieux cibler la molécule selon la flore présente », rappelle Sylvie Llados, chef de marché herbicide colza chez Adama.

Autre intérêt, bien que récentes, les molécules utilisées en post-levée apportent plus de compétitivité que celles de prélevée. En plus comme le traitement est plus adapté au salissement de la parcelle, cela peut aller jusqu’à des impasses. « Désherber en post-levée apporte le meilleur ratio prix/efficacité », reconnait Franck Duroueix.

Le désherbage du colza chez Corteva, c’est du Mozzar !

Un panel de solutions pour un spectre plus large

A ses atouts techniques, l’intérêt du désherbage post-levée est renforcé par l’homologation pour la prochaine campagne de deux produits aux spectres et efficacités intéressantes.

Le premier, Mozzar/Belkar chez Corteva est à base d’halauxifène-méthyl et de piclorame, à action systémique. « Il a un très large spectre anti dicotylédones », confirme Franck Duroueix. Dans les essais, Mozzar s’est montré très efficace sur les adventices pénalisantes que sont géranium, coquelicot, fumeterre, chardon marie, gaillet. « C’est un bon pivot de désherbage avec les levées au 15 août et en très forte pression de géraniums. » Il complète également bien une prélevée simple et économique qu’il faut conserver face à une forte pression graminées. Mozzar est homologué à 0,25 l/ha à 4 feuilles, puis à 0,5 à partir de 6 feuilles jusqu’au stade « reprise de végétation BBCH 30 ». « Le positionnement optimum est au stade 3 ou 4 feuilles, à 0,25 l/ha, conseille Coline Sicaud. Puis, si besoin en cas de levées échelonnées, refaire un passage 2 à 3 semaines plus tard ou un deuxième passage avec du Iélo s’il y a des graminées. » Mozzar/Belkar permet ainsi de désherber tout en post-levée.

Mis au point par Adama, Fox (bifenox) est un inhibiteur de la synthèse de chlorophylle. « Ce mode d’action, HRAC E, est utilisé pour la première fois en colza, souligne Sylvie Llados. Globalement peu utilisé, il est intéressant pour réduire la sélection d’adventices résistantes. » Fox est homologué du stade 3 / 7 feuilles jusqu’à début novembre, avec une application idéale au stade 4-6 feuilles. Une application sur des colzas de moins de 4 feuilles pourrait occasionner des brûlures. Anti-dicotylédones, Fox a un spectre intéressant, notamment sur les crucifères. « Désherber des crucifères dans le colza est un point délicat, rappelle Sylvie Llados. Fox a montré sa précision. »

Cette sélectivité est aussi intéressante quand le colza est cultivé avec une légumineuse associée comme une féverole. « Le désherbage est possible sans pénaliser ni le colza, ni la culture associée », précise encore la spécialiste des herbicides. Aussi efficace contre véroniques, mercuriales, lycopsis, érodium, fumeterres, coquelicots, géraniums à des stades précoces, Fox est un bon complément d’un prélevée axé graminée comme Rapsan ou Sultan, dans les situations à faible pression graminées.  

Fox est un inhibiteur de la synthèse de chlorophylle.

Une stratégie à peaufiner selon les adventices

L’arrivée sur le marché d’herbicides post-levée permet d’affiner sa stratégie, en axant la prélevée sur la lutte contre les graminées et la post contre les dicotylédones. « Pour la prélevée on pourra cibler les graminées avec des molécules basiques, moins onéreuses (napropamide, métazachlore, terox) et on fignolera sur les dicotylédones en post levée au regard de la pression », schématise Franck Duroueix.

Une intervention en prélevée reste nécessaire en cas de forte pression graminées, notamment ray grass et vulpin, avec un contrôle précoce à base de nanopramide (colzamid) en présemis incorporé, puis de la propyzamide en post levée (Kerb).

S’il y a peu de graminées, il est possible de n’intervenir qu’en post levée, avec une application de Mozzar à 4 feuilles à 0,25l/ha puis de la propyzamide (type Kerb) début novembre. En cas de forte pression géraniums, Mozzar sera suivi de Iélo début novembre ou d’une association Fox + Iélo. « Iélo peut être utilisé en peut élargir le spectre sur crucifères ou du Fox sur moutarde et érodium », rappelle Franck Duroueix. Quant aux levées tardives de type véroniques ou stellaires, elles n’ont qu’un faible niveau de nuisibilité.   

C.J.

 

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