Champ de Colza dans le Tarn (Adobe)
Première région importatrice (5-6 Mt par an) et consommatrice (22 Mt par an) au monde de colza depuis des années, l’Union européenne est devenue, le temps d’une campagne, la première région productrice au monde de graines (16,7 Mt).
Sur les marchés mondiaux des oléo-protéagineux, le Canada est sur le banc de touche. Le pays n’est plus le premier pays producteur mondial de graines. Comme pour les céréales, la sécheresse a détruit une grande partie des champs de canola. Aussi, seules 12,8 millions de tonnes (Mt) de graines seront récoltées cette année alors que la production avoisinait 20 Mt les campagnes précédentes.
Mais les cours très élevés de la graine atténueront une partie des pertes subies par ces céréaliers. Les prix flambent.
Au mois d’août, l’indice des prix du colza publié par le service de la statistique du ministère de l’Agriculture a augmenté de 5 %. Sur un an, la hausse est spectaculaire. Elle atteint 48,6 %.
En fait, les millions de tonnes de colza produites en moins au Canada fragilisent l’ensemble des marchés d’oléo-protéagineux.
Aucun autre pays producteur dans le monde n’est en mesure de compenser, dans sa totalité, la perte de production de 7 Mt de graines.
Certes la Chine (14,5 Mt) accroît pour la troisième année de suite sa production de quelques centaines de milliers de tonnes, mais les graines récoltées sont réservées pour approvisionner son marché intérieur.
En conséquence, la production mondiale de colza 2021-2022 (68 Mt) sera inférieure de 5 Mt à celle des années passées. Et les stocks mondiaux étant très faibles, ils seront quasiment d’aucun secours pour couvrir la demande (69,4 Mt).
Pourtant, celle-ci est aussi annoncée en repli de 6,4 Mt par rapport à la campagne 2020-2021.
Durant cette campagne, une partie de la demande mondiale de colza qui ne sera pas satisfaite, se reportera sur le soja. La consommation mondiale (360 Mt en 2020-2021) est appelée à croître de 16 Mt alors qu’elle progresse habituellement, chaque année, de près de 10 Mt.
Les niveaux très élevés des cours profiteront aux pays où la production et les rendements sont au rendez-vous.
En France, les bons rendements (3,5 t/ha) atténueront partiellement la baisse des surfaces implantées. Mais la récolte de colza (3,3 Mt) demeure inférieure d’1 Mt à la moyenne quinquennale.
Comme le recul des surfaces implantées est aussi européen, la production de l’Union européenne (16,9 Mt) est plus faible que la moyenne des cinq dernières années (17,5 Mt). Mais à l’échelle des Vingt-sept, les cours élevés compenseront allègrement les centaines de milliers de tonnes produites en moins.
Première région au monde productrice de colza le temps d’une campagne, devant le Canada et la Chine, l’Union européenne réserve ses graines pour ses pays membres.
Et comme elle consomme invariablement 22 Mt de graines, elle en importera 6 Mt.
Aussi, les Vingt-sept pays membres restent la première région importatrice au monde de graines de colza.
Les marchés de l’export seront encore approvisionnés par le Canada, qui reste le premier pays exportateur au monde (5 Mt), malgré ses pertes.
Mais seules 13,6 Mt de graines seront expédiées vers les pays importateurs de la planète, soit 3,7 Mt de moins que l’an passé. Les pays importateurs pourront aussi compter sur l’Australie (5Mt), l’Ukraine (2,8 Mt) et la Russie (2,8 Mt) pour être approvisionnés.
Outre l’union européenne, la Chine, le Japon et le Mexique seront leurs quatre principaux pays clients. Ensemble, ils seraient prêts à acheter 5 Mt.