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Céréales, retarder le premier apport d’azote pour limiter les risques de maladies et de verse

Dans la majorité des situations, il est recommandé d’attendre mi-février pour démarrer la fertilisation des parcelles, selon les conditions pédoclimatiques.

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Quelles interventions et quand pour assurer rendement et qualité ?

• Dans les parcelles saines, semées avant le 20 novembre qui ont atteint ou dépassé 2-3 talles, aucun apport n’est nécessaire avant la deuxième quinzaine de février.

• Si les parcelles sont sales, désherber en priorité et attendre au moins 8 jours avant tout apport d’engrais azoté minéral.

• Seules les parcelles ayant souffert d’excès d’eau (mais ressuyées) ou les parcelles semées tardivement (après le 15/11) si elles ont atteint le début tallage peuvent nécessiter un apport dès le début du mois de février. Certaines parcelles derrière maïs grain peuvent également justifier un apport en raison des faibles reliquats disponibles.

• Attendre que les sols soient correctement ressuyés, ne pas apporter d’azote sur des sols saturés d’eau, les plantes n’auront aucune capacité à valoriser l’engrais.

• En cas d’apport précoce, ne pas apporter plus de 40 kg N/ha et ne déclencher l’intervention que si les conditions climatiques sont réunies : sol ressuyé et non gelé, pluie d’au moins 5 à 10 mm prévue après l’apport et températures poussantes.

• La forme d’engrais (ammonitrate, urée, solution) n’entraine pas de retard significatif dans la valorisation de l’engrais et ne nécessite pas d’anticipation de la date d’apport.

• Si une bande double densité (BDD) est présente dans la parcelle, c’est un bon indicateur pour décider ou non d’effectuer un apport d’azote au tallage.

Attention toutefois, cette année, en raison du très fort développement des céréales, certaines « BDD » jaunissent prématurément en raison de problèmes sanitaires (oïdium par exemple). Avant toute décision d’apport liée au changement de couleur d’une BDD, il faut s’assurer que le jaunissement est bien lié à une carence azotée (jaunissement partant de la pointe des vieilles feuilles).

Pour quelles raisons ?

Les conditions exceptionnelles de levée et de croissance en début de cycle ont assuré un tallage très abondant.

Cette croissance est due à la fois aux températures extrêmement douces de l’automne qui ont permis une émission rapide des feuilles et des talles, soutenues par une très forte fourniture d’azote par le sol due au faible lessivage, et à la très forte minéralisation de la matière organique et de l’humus. Attention, de nombreux jaunissements observés actuellement sont dus soit aux excès d’eau récents soit au développement des maladies (oïdium notamment) dans les parcelles trop développées.

Un excès d’azote pénalisant…

Dans ces conditions, un surplus de fourniture minérale par un apport d’engrais précoce favoriserait la mise en place de talles secondaires, non productives. Ces excès de croissance ont pour conséquence :
– de réduire fortement l’efficacité des engrais apportés au tallage en favorisant l’absorption d’azote par des organes non productifs (talles secondaires ou tertiaires) qui ne libèreront pas leur azote ultérieurement,
– d’augmenter très fortement les risques de verse en augmentant inutilement le nombre de tiges et en favorisant l’allongement des entre nœuds,
– de favoriser les maladies aussi bien foliaires (rouilles, oïdium) que du pied (piétin échaudage, piétin verse),
– de sensibiliser les cultures aux accidents climatiques : froid (comme en 2012) en accélérant l’apparition du stade épi 1 cm, sécheresse en augmentant la consommation en eau de la culture.

…tout comme la carence

A l’inverse, une carence azotée survenant durant la fin du tallage sur des cultures très développées aura pour effet de ralentir l’émission de talles secondaires et tertiaires et si elle se prolonge, de provoquer la disparition des talles les plus faibles. Les talles bien développées ne seront éliminées que si la carence est très sévère et se prolonge. On aura donc le temps de réagir avant une telle situation. Compte tenu de ces éléments un jaunissement dû à un défaut d’alimentation azotée survenant sur des parcelles bien développées n’aura aucune conséquence sur le rendement. Seules les cultures peu développée (semis tardifs) ou ayant de fortes difficultés de croissance (parcelles hydromorphes) nécessiteront un apport d’azote minéral. Celui-ci devra être réalisé dès que la culture sera capable de le valoriser : sol ressuyé et non gelé, développement suffisant (stade tallage atteint).

Au cours du tallage, lorsqu’un apport est nécessaire, 40 kg N/ha suffisent.

L’azote apporté tôt est peu efficace (60 % d’efficacité au maximum) et donc cher, l’efficacité des engrais minéraux (valorisation de l’engrais), dépend directement des besoins quotidiens de la plante qui sont très faibles à cette période.

Lors des dernières campagnes, les modes de fractionnement favorisant l’absorption plus tardive de l’azote notamment à la période de la mise en place des composantes du rendement décisives (fin montaison durant la mise en place du nombre de grains/épi) se sont avérées gagnantes aussi bien en rendement qu’en teneur en protéines notamment lorsqu’elles se sont accompagnées d’un ajustement final de la dose apportée à l’aide d’un outil de pilotage.

Ont participé à cet article, les techniciens des Chambres d’Agriculture de Charente, Charente-Maritime et Vienne, de CAVAC, Charentes Alliance, Corea, Soufflet Atlantique, Terre Atlantique, UDCA, VSN Négoce.

Thibaud DESCHAMPS, Céline DRILLAUD, Jean-Louis MOYNIER (ARVALIS – Institut du végétal)

1 Commentaire(s)

  1. Bonjour,
    Je confirme l’intérêt de ces pratiques de fractionnement que j’applique à mon exploitation depuis plusieurs années. La motivation de départ était d’apporter la dose juste au bon moment en tenant compte d’une offre en pluviométrie souvent limité et hétérogène sur notre région.
    La faible réserve utile de nos sols fait que les rendements sont aussi très irréguliers d’une année à l’autre : 35 à 40 qx en 2011 et 70 à 85 qx en 2012 .
    Dans ces conditions il est difficile d’apporter la bonne dose sans en manquer afin de générer le meilleur rendement les années favorables et ne pas en gaspiller les années à faible potentiel.
    Ma technique est d’apporter 40 U au premier apport et selon l’offre climatique je fractionne dès le deuxième, dans tous les je pratique 4 apports je réajuste ma dose optimum à l’aide des pinces N TESTEUR sachant que je garde toujours 40 U en fin ce cycle pour assurer un taux de protéines de bon niveau. Cette année encore j’avais une zone témoin sur laquelle je n’ai pas appliqué d’apport tardif, le résultat est sans appel, moins deux points de protéines.

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