Ces deux derniers mois ont été marqués par une forte pluviométrie, et ce n’est pas fini. Côté températures, jusque là plutôt dans les médianes, elles sont en baisse. Quelles conséquences possibles pour les céréales ?
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Le cumul de températures observé depuis le semis jusqu’à aujourd’hui est proche de la médiane. Les céréales vont du stade plein tallage (plus de 3 talles) pour les premiers semis à début tallage pour les semis après le 15 novembre. Actuellement, les prévisions de stade épi 1 cm sont proches des normales.
Tableau 1 : Prévisions des stades « épi 1 cm » du blé tendre pour plusieurs postes météo et types variétaux
Le déficit de pluviométrie pendant la période de semis a laissé la place à des pluies continues depuis début décembre.
Sur ces deux derniers mois, la pluviométrie atteint des cumuls supérieurs à 200 mm voire 300 mm selon les secteurs ; soit jusqu’à 130 mm de plus que la normale (secteur Ribérac).
Carte 1 : Cumul des pluies (mm) – 1er octobre 2017 au 31 janvier 2018
Le bilan est toujours en excès si on considère la période allant du 1er octobre à aujourd’hui, avec un cumul de pluie qui est supérieur aux normales, d’environ 40 mm à 130 mm selon les stations météo.
Figure 1 : Contexte climatique à Bergerac
Cependant, les conditions climatiques de l’automne dernier ont permis des désherbages précoces, généralement avec de bonnes efficacités. Dès que les conditions climatiques le permettront, le désherbage sera prioritaire dans les parcelles non désherbées présentant des salissements importants.
La sécheresse automnale a toutefois limité les contaminations précoces. Actuellement, l’inoculum fongique est modéré. Des symptômes de septoriose sont visibles sur feuilles basses comme généralement à cette période de l’année. Le climat des semaines à venir sera déterminant. Pas d’intervention contre la septoriose avant 2 nœuds dans tous les cas. Seule la présence de rouille jaune peut impliquer un déclenchement plus précoce, à partir de épi 1 cm.
Avant toute intervention, il est indispensable d’attendre un bon ressuyage des sols pour ne pas dégrader leur structure. Dans un sol saturé d’eau, les plantes plus ou moins asphyxiées ne se développent pas. Leurs besoins en éléments minéraux sont très fortement réduits.
La période de tallage des céréales se fait cette année avec des excès d’eau marqués pouvant engendrer un engorgement prolongé des sols. Cet engorgement peut avoir des répercussions sur l’enracinement des cultures, notamment pour les semis tardifs, avec la génération d’un milieu anoxique pour les racines aboutissant à un fort ralentissement voire un arrêt de la croissance des racines.
L’excès d’eau pénalise donc l’activité des racines – notamment l’absorption d’éléments minéraux –, provoquant ainsi des retards de croissance et de développement des parties aériennes des plantes.
Les plantes qui ont déjà tallé au moment de l’inondation sont relativement bien résistantes aux excès d’eau, tant que les feuilles ne sont pas totalement submergées.
Ces excès d’eau peuvent avoir des impacts négatifs sur les composantes de rendement, à commencer par le nombre de tiges/m2. Si cet excès disparaît avant le stade épi 1 cm, il est fort probable que les rendements ne soient pas impactés, à condition que la plante soit alimentée en azote dès la reprise de croissance et qu’aucun accident de structure des sols ne soit décelé.
La baisse brutale des températures prévue cette semaine ne devrait pas entraîner de dégâts de gel sur les cultures dans la mesure où les plantes au stade tallage sont dans leur période de résistance la plus élevée et les températures minimales annoncées restent assez proches de 0.
Par Antoine Jeandey
Journaliste professionnel depuis 1987. Rédacteur en chef de WikiAgri depuis sa création, en janvier 2012. Par ailleurs élu, adjoint au maire de Chaudon (commune rurale d'Eure-et-Loir, 1700 habitants). Co-auteur (avec Camille Beaurain) de "Tu m'as laissée en vie - Suicide paysan, veuve à 24 ans" paru au Cherche Midi éditeur. 
