Les conditions climatiques estivales de ces derniers jours ont ralenti la progression de la septoriose et les blés tendres atteignent le stade 2 nœuds. Le point sur les situations à risque et les prévisions des modèles.
–stop–
Depuis quelques années, des variétés avec un bon profil de résistance à la septoriose et productives sont présentes en plaine (figure 1). La recherche pour mettre au jour des variétés de plus en plus résistantes avance.
On citera par exemple les variétés LG Absalon, Chevignon, Mutic, Filon, Fructidor, KWS Dakotana.
Figure 1 : de plus en plus de variétés tolérantes à la septoriose
La nuisibilité de la septoriose sera donc bien différente en fonction des notes de tolérance Geves (tableau 1).
Tableau 1 : nuisibilité pluriannuelle selon la tolérance à la septoriose – Essai variétés craie Arvalis – Acolyance – Vivescia – 08-10-51
La stratégie de traitement et la construction du programme fongicides doivent donc être ajustées :
– en fonction du caractère sensible ou non de la variété,
– selon la pression de l’année,
– selon le prix du blé.
Le développement de la maladie est directement lié aux conditions météorologiques sur la période avril-début juin. Par exemple, des pluies importantes et très fréquentes en 2016 ont engendré un risque élevé, tandis que le climat sec de 2017 a fortement limité l’impact de la maladie (figure 2).
Figure 2 : comparaison pluriannuelle du pourcentage de parcelles atteintes de septoriose en f2
Source : réseau BSV Champagne-Ardenne
En 2010, le pourcentage de parcelles infestées par la septoriose était élevée au stade 2 nœuds, mais la nuisibilité finale a été inférieure à 10 q/ha. À l’inverse, en 2009, la pression à 2 nœuds semblait faible pour une nuisibilité finale élevée, comprise entre 15 et 20 q/ha.
Pour la campagne en cours, le climat dans les prochaines semaines sera déterminant. Les conditions climatiques estivales actuelles devraient permettre une sortie des feuilles rapide et une faible propagation des spores sur les étages foliaires supérieurs.
Il n’est donc pas utile de systématiser un traitement à 2 nœuds.
L’enseignement des années passées et l’analyse des essais montrent que tous les traitements n’ont pas le même retour sur investissement.
Ainsi, les essais ont mis en évidence que le traitement pivot est celui au stade Dernière Feuille Etalée (DFE). Il s’agit du traitement qui rapporte le plus : 4.20 € de gain pour 1 € investi (tableau 2).
Tableau 2 : retour sur investissement des traitements fongicides – 15 essais sur variétés sensibles à la septoriose 2013-2015-2016 – prix du blé 14,5 €/q
En conséquence, il est préférable de ne pas baisser la dose du traitement à DFE.
Par ailleurs, dans nos essais craie et à investissement fongicide équivalent, la pression septoriose est maîtrisable en 2 traitements, même sur variété sensible, avec un premier passage à DFE et le second autour de la floraison (figure 3). L’année 2016 ne fait pas exception, malgré une pression septoriose forte. Les années à faible pression comme 2017 peuvent même se gérer en un seul passage.
Figure 3 : comparaison des gains bruts entre les stratégies en 2 ou 3 traitements – essais de 2013 à 2017 (51)
Outre les aspects économiques et de pilotage, les programmes doivent être construits en prenant en compte les « règles » pour éviter une sélection rapide et brutale des souches résistantes aux fongicides :
• alterner les triazoles,
• utiliser des modes d’action multisites (chlorothalonil…),
• limiter le nombre d’applications (2 à 3 applications maximum),
• appliquer 1 seul SDHI par campagne à DFE.
Pour les variétés peu sensibles à très peu sensibles à la septoriose (notes de 6.5 à 7.5) : la stratégie 2 traitements avec un T1 à DFE et un T2 à Floraison s’applique. Selon les conditions climatiques des prochaines semaines, le traitement à Floraison pourrait même être supprimé si la pression est faible.
Pour les variétés moyennement sensibles (notes de 5 à 6) : les stratégies 2 et 3 traitements sont envisageables.
â–ºDéclenchement entre 2 nœuds et Dernière Feuille Pointante : la stratégie 3 traitements est alors pertinente.
o T1 entre 2 nœuds et DFP à base de [Triazole + multisite]
o T2 à DFE [Triazole + SDHI]
o T3 à Floraison
â–ºDéclenchement à Dernière Feuille Pointante :
o Si des pluies significatives sont annoncées il faut envisager une stratégie en 3 traitements. Il est pertinent de réaliser un « petit » T1 [chlorothalonil par exemple – fongicide à action multisite] à Dernière Feuille Pointante, de revenir à DFE [Triazole + SDHI] puis Floraison. Ainsi, la dernière feuille sera totalement protégée.
o Si la météo ne prévoit pas de pluies significatives entre Dernière Feuille Pointante et Dernière Feuille Etalée, il est possible de passer en 2 traitements : T1 à DFE, puis T2 à Floraison. Dans ce cas, il faudra conserver une dose suffisante à DFE : Librax 0.9 ou Kardix 0.85 ou Adexar 1 ou Elatus Era 0.7 l/ha.
Pour les variétés sensibles : la stratégie en 3 traitements est la plus sécuritaire.
Les OAD tels que Septo-LIS® indiquent, une date de traitement optimale, à adapter par l’agriculteur en fonction des conditions météorologiques. Ces outils se basent sur le climat passé et à venir, le stade de développement des plantes et la dynamique de la septoriose.
Des gains de productivité peuvent ainsi être apportés à plusieurs niveaux :
• A investissement fongicide identique : gain en rendement brut par un meilleur positionnement du premier traitement,
• A rendement identique : diminution de l’investissement fongicide par l’impasse du premier traitement,
• Ajustement de la dose et des produits à utiliser en T1 en fonction de la date de déclenchement (ex : T1 tardifs à Dernière Feuille Pointante).
En moyenne sur 9 ans, Septo-LIS® permet un gain de rendement moyen de 2.2 q/ha (soit +31 €/ha pour un prix du blé proche de 14 €/q). Certaines années peut s’ajouter l’économie du T1 (économie du produit, du coût et du temps de passage).
Prévision des modèles au 20 avrilLe stade Dernière Feuille Pointante est annoncé pour la semaine 17 (23 au 30 avril) et le stade « dernière feuille » Etalée devrait être atteint au cours de la première décade de mai. Ces dates peuvent varier en fonction des dates de semis et de la localisation géographique.