cover blank wikiagri

Blé tendre et blé dur, suivre les vols de cécidomyies oranges avec le piégeage

Le vol de la cécidomyie orange a débuté dans certains secteurs de nos régions, avec parfois un nombre important de captures. Il est essentiel de suivre leur présence pour déterminer si une intervention insecticide est nécessaire.

–stop–

La présence des cécidomyies oranges étant très liée à la parcelle, la pose de cuvettes jaunes est indispensable pour suivre son activité dans les blés (tendre et dur). L’apparition des adultes au champ autour du stade épiaison s’échelonne sur plusieurs semaines. La durée des émergences ainsi que leurs oscillations dépendent du climat.

Connaître les stades de sensibilité

De l’apparition de l’épi jusqu’à la floraison, les blés sont sensibles aux attaques de cécidomyies, période pendant laquelle les femelles pondent rapidement leurs œufs dans les glumes des épis. Les dégâts sont par la suite provoqués par les larves qui consomment les grains de blé en formation. En blé tendre, mais également en blé dur, on peut considérer qu’une larve par épi occasionne 1 q/ha de perte de rendement.

A partir du stade gaine fendue, il convient donc de suivre le vol des cécidomyies à l’aide de cuvettes jaunes dans les parcelles de blé tendre et de blé dur.


Photo 1 : femelle de cécidomyie orange en position de ponte

Prévoir le risque cécidomyies oranges

Une grille d’évaluation du risque agronomique est disponible depuis 2012. Elle permet de cibler rapidement les parcelles pour lesquelles la surveillance du ravageur est à privilégier. Chaque parcelle reçoit une note de 0 à 8 qui renvoie à un conseil d’observation.


Figure 1 : grille d’évaluation du risque cécidomyies oranges

Arvalis – Institut du végétal, 2012
(*) Résistance aux cécidomyies orange. Attention, une autre cécidomyie existe : la cécidomyie jaune (Contarinia tritici), qui peut ponctuellement être présente et occasionner des dégâts, même sur les variétés résistantes aux cécidomyies orange.
NB1 : Un semis précoce (avant le 10 octobre) augmente le risque de cécidomyies.
NB2 : Le labour provoque un étalement des émergences dans le temps rendant plus difficile leur contrôle.

Préconisations suivant la note de risque :

0 : Parcelle ne présentant aucun risque. Ne pas traiter. Rappel : les variétés résistantes n’empêchent pas les adultes de voler, mais inhibent le développement des larves au niveau du grain, d’où l’absence de dégâts.
1 à 4 : Parcelle présentant un risque faible, la pose d’un piège est tout de même conseillée afin de surveiller les populations.
5 et 6 : Parcelle à risque. La pose de cuvettes jaunes doit être effectuée afin de surveiller si un traitement est nécessaire (seuil = 10 cécidomyies/piège/24 h).
7 et 8 : Parcelles à fort risque d’attaque. Une observation toutes les 48 h, voire journalière, à l’aide de cuvettes jaunes est préconisée afin de déclencher le traitement à la bonne date. Le semis d’une variété résistante est conseillé.

Remarques :
– Si un traitement est déclenché, le faire seulement lorsque les cécidomyies sont en plein vol (au crépuscule et par temps calme). En effet, aucun produit insecticide n’a d’effet ovicide.
– Une attaque de cécidomyies provoquera des dégâts seulement si elle a lieu pendant la période sensible du blé (apparition de l’épi – fin floraison) ; la pose de pièges en dehors de cette période n’est pas nécessaire.
– Le risque cécidomyies orange est fortement dépendant de la météo. S’il n’y a pas de pluie (ou irrigation) importante associée à des températures chaudes en avril-mai, alors les émergences sont plus faibles.

La résistance variétale, une solution efficace

Des différences variétales existent vis-à-vis de la tolérance aux cécidomyies orange. La lutte insecticide est inutile sur les variétés résistantes. Dans les situations où les attaques sont fréquentes, le recours à ces variétés est une solution très efficace. Parmi celles-ci, Barok, Belepi, Boregar, Granamax, Koreli, Lyrik, Oregrain et Rubisko sont bien adaptées à nos régions.

Il est possible d’observer des cécidomyies orange dans ces variétés mais aucun dégât ne sera occasionné par ce ravageur.
 

La lutte chimique : piéger pour décider

Pour les variétés sensibles, l’observation (par piégeage ou au champ) est indispensable pour justifier d’une intervention. Mais la lutte chimique est compliquée à mettre en place : elle nécessite d’intervenir au bon moment et, l’activité des adultes ayant lieu le soir, la période optimale de traitement est courte. L’intervention cible les adultes pour empêcher la ponte car aucun produit n’est efficace sur les œufs ou les larves. Une fois les larves dans les épis, la lutte chimique est inutile.

Comment piéger pour déclencher un traitement

Avant de déclencher un traitement contre les cécidomyies orange, respecter les étapes suivantes :
• mettre en place 2 cuvettes par parcelle à partir du stade gaine fendue (le haut de la cuvette devant être positionné à la base des épis),
• faire un relevé tous les 2 jours (matin ou soir) jusqu’à l’apparition des cécidomyies,
• dès l’apparition des premières captures, faire un relevé journalier (matin ou soir),
• si 10 cécidomyies orange sont capturées en moyenne par cuvette et sur 24 h, observer le soir si il y a des cécidomyies en position de pontes (conditions : temps orageux, température > 15°C en soirée et vent < 7 km/h),
• si c’est le cas, déclencher le traitement le soir même.


Photo 2 : positionnement d’une cuvette jaune contenant de l’eau, du gros sel et quelques gouttes de liquide vaisselle dans du blé

Les insecticides en végétation autorises sur cécidomyies des fleurs du blé

Les insecticides utilisables étant principalement des produits de contact, ils n’ont d’efficacité que lors des vols (en soirée). Rappelons par ailleurs que, dans toutes les situations, la lutte insecticide ne présente qu’une efficacité moyenne ou aléatoire.

En cas de vols répétés, une ré-intervention peut se justifier si les conditions citées si dessus sont à nouveau réunies (la persistance d’action des insecticides n’excédant pas 3 jours).


Figure 2 : insecticides homologués contre la cécidomyie orange

Edouard BARANGER, Michel BONNEFOY, Delphine BOUTTET, Agnès TREGUIER (ARVALIS – Institut du végétal), Myriam DESANLIS (ARVALIS – Institut du végétal)

Article Précédent
Article Suivant