A la mi-mai, la Russie a exporté 37,2 millions de tonnes (Mt) de blé tendre. C’est un record absolu pour le pays qui domine incontestablement le marché mondial pour cette campagne 2017/2018. Que reste-t-il d’ici la fin de la campagne dans le pays ? Et quelles sont les premières prévisions pour la campagne 2018/2019 ?
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Les chargements semblent enfin ralentir en cette seconde partie du mois de mai, faute de disponibilité dans le sud du pays. Traditionnellement, la Russie était surtout présente sur la première partie de campagne, jusqu’à ce que l’hiver et ses aléas climatiques ralentissent les chargements. Mais il en a été tout autrement cette année : les départs de bateaux ont été continus tout au long de la campagne. La disponibilité record du pays avec une production estimée à 85 Mt ainsi qu’un hiver clément ont permis au pays d’arriver au chiffre colossal de 37,2 Mt chargées à un mois et demi de la fin de la campagne.
Désormais, il ne semble plus y avoir beaucoup de réserves de blé, et plus généralement de grain, dans le pays. Pour preuve, peu de camions arrivent à Novorossiysk et l’activité des trains a fortement ralenti.
Cette augmentation de plus de 10 Mt d’exportations entre la campagne 2016/2017 et 2017/2018 a obligé la Russie à aller chercher de nouveaux marchés, dont les clients traditionnels du blé français, à savoir le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest.
Ce rythme de chargement effréné a fortement pénalisé les exports de blé français vers les pays tiers. Les Russes ont été en mesure d’approvisionner leurs clients marocains ou africains jusque tard dans la campagne. Le blé français n’aura été compétitif que sur des petites fenêtres de tir.
Figure 1 : comparaison des rythmes d’exportation du blé tendre entre la Russie (en bleu) et la France (en rouge)
Source : Ikar, Douanes françaises et France Export Céréales
Les perspectives sont bonnes pour la campagne 2018/2019 pour le blé russe. Dans la principale zone d’export, au Sud, les récentes pluies sont venues soulager les céréales d’hiver. Plus au centre, les blés avaient pris du retard à cause de la sécheresse, mais les dernières pluies ont pour le moment rassuré les opérateurs. Cependant il en faudra d’autres pour que la situation soit optimale.
Les prévisions de production de l’USDA, qui tablent sur 72 Mt semblent pessimistes pour les opérateurs présents sur place. Ikar estime une production comprise entre 73 et 80 Mt. Côté export, les pronostics varient entre 35 et 39 Mt de disponibles… Si ces prévisions sont effectivement réalisées, il faudra une nouvelle fois compter sur la forte présence des Russes et ce dès le tout début de la campagne.
Les blés français devront se montrer compétitifs au plus tôt dans la campagne, car ils ne pourront certainement plus bénéficier de l’absence russe en seconde partie de campagne.