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Bio vs conventionnel, en lait c’est l’herbe qui fait la différence

Pour résister aux aléas, tant climatiques qu’économiques, mieux faut alléger le poids de ses charges opérationnelles. Les exploitations laitières bio avec beaucoup de pâturage s’en sortent plutôt bien. Certes, elles produisent moins de lait mais elles le font avec très peu d’intrants.

La résilience traduit la capacité d’une exploitation à résister aux chocs que peuvent êtres des aléas climatiques ou économiques. En bio comme en conventionnel, certaines exploitations s’en sortent mieux, ou du moins, moins mal, que d’autres, quand les cours chutent ou que la météo s’emballe. L’Institut de l’élevage et la Fédération bretonne de l’agriculture biologique (Frab) ont cherché à comprendre pourquoi. « Pour s’en sortir en cas de coup dur et maximiser son revenu sur les années plus sereines, ce qui compte c’est l’efficacité des facteurs de production, résume Jérôme Pavie, de l’Institut de l’élevage : mettre un minimum d’intrants pour un maximum de produits. »

Pour traverser les turbulences, qu’elles soient économiques ou climatiques, mieux faut donc voyager léger, en réduisant ses charges opérationnelles. Car dans la construction du résultat économique, « le contexte économique et climatique est moins discriminant que les pratiques d’élevage », note Niels Bize, de la Frab. Le premier facteur clé pour gagner en efficacité économique est d’augmenter la part de l’herbe pâturée, donc son autonomie alimentaire. Dans les systèmes d’exploitation très pâturants, les éleveurs ont généralement peu recours à des achats extérieurs et les charges de mécanisation sont aussi moins élevées.

Avantage à l’herbe

Sur 227 fermes bio suivies par l’Institut de l’élevage pendant une quinzaine d’années, le pâturage représente 57 % de la ration annuelle. S’y ajoute 29 % d’herbe conservée. « Ça se ressent sur le ratio charges opérationnelles par produits qui est de 21 % en bio contre 38 % en conventionnel », chiffre Jérôme Pavie. Pour augmenter l’autonomie alimentaire de son troupeau, il faut jouer sur plusieurs tableaux : caler le fonctionnement de son troupeau sur les ressources (dates de vêlages, effectifs, monotraite et anticipation des réformes quand les fourrages manquent), diversité de l’assolement (prairies permanentes et temporaires, variétés implantées), précocité de la mise à l’herbe, cultures à double fin (par exemple des céréales qui peuvent être ensilées en cas de manque de fourrages), valorisation des intercultures…

La désintensification ne nuit pas au revenu. Au contraire. « Dans les systèmes lait de plaine, le bio s’en sort mieux que le conventionnel avec moins de moyens de production », souligne Jérôme Pavie. Car, la place de l’herbe dans la ration se ressent sur l’efficacité économique des exploitations. Les économies de coût alimentaire se traduisent par un ratio EBE/produit brut de 38% en bio contre 30% en conventionnel. S’y ajoute l’impact du prix du lait : 446 €/1 000 litres en bio sur 2017, 331 en conventionnel. En revanche, le niveau d’aides publiques ne varie pas beaucoup selon le mode de production : 19 % du produit brut en bio, 18% en conventionnel.

Même si le niveau de production bien différent : 168 000 litres/UMO en bio, 297 000 en conventionnel, les systèmes bio très herbagers s’en sortent mieux en terme de revenu. « Le revenu est meilleur en bio avec moins de moyens de production, annonce Jérôme Pavie. En 2017, il a été de 32 000 euros/UMO en bio contre 23 000 en conventionnel ». Pour mémoire, en 2009, il était de 19 000 euros en bio contre 9 000 euros en conventionnel.

 

L’illustration ci-dessous est issue de Fotolia, lien direct : https://fr.fotolia.com/id/212473642.

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