Un colza robuste et productif demande un semis précoce.
Pour que votre colza puisse exprimer au mieux son potentiel génétique, il faut limiter la compétition des adventices et contenir les attaques d’insectes et de maladies.
Deux contraintes majeures peuvent entraver la réussite de votre colza :
Réussir son colza pour la campagne 2024
- Choisir le bon couvert végétal pour un maximum de bénéfices agronomiques
- Fertilisation, bien raisonner ses apports pour optimiser sa marge
- Des technologies de désherbage mécanique toujours plus précises
– Les épisodes de sécheresse estivale qui pénalisent fortement la réussite des semis.
– La pression des coléoptères d’automne, parfois résistants aux insecticides à base de pyréthrinoïdes. Le récent retrait de l’AMM du phosmet (Boravi) complique la situation.
Pour réussir sa culture face aux contraintes climatiques et aux ravageurs d’automne, Terres Inovia met en avant le concept « colza robuste », qui débute par un semis précoce, pour permettre au colza de lever avant le 1e septembre et d’avoir dépassé les 4 feuilles, soit son stade de sensibilité, avant le pic d’arrivée des altises adultes, c’est-à-dire avant le 20 septembre. Pour que la levée se fasse rapidement, il faut être prêt à semer dès qu’une pluie est annoncée. Toujours pour favoriser une bonne implantation, le travail du sol doit réduire les résidus de récolte et limiter les mottes, qui servent de refuge aux limaces, sans pour autant trop l’assécher.
Une fertilisation suffisante
Un apport d’azote au semis aidera à obtenir cette croissance dynamique et continue à l’automne pour atténuer les dégâts de larves d’insectes. Les apports d’azote au semis peuvent être faits sous plusieurs formes. Cela peut être une fertilisation organique avant le semis, pour l’équivalent de 30 unités. Il faut privilégier les produits qui vont libérer rapidement l’azote, comme les fientes, lisiers et digestats. Un engrais minéral peut être apporté en localisé (10 unités d’azote) ou en plein (30 unités). On peut aussi positionner son colza après des cultures, comme les protéagineux, qui laissent de l’azote disponible. La fertilisation azotée du printemps sera calculée selon la biomasse pesée, le potentiel de rendement et le type de sol. Selon la dose, l’apport sera fractionné en 2 à 4 passages.
Le colza est une culture très exigeante en phosphore avec des besoins importants en début de cycle. Il ne faut pas faire d’impasse sur le phosphore, surtout dans les sols pauvres ou argilo-calcaires, dans lesquels le phosphore est peu disponible.
Autre élément indispensable au colza, le soufre. Apportez 75kg/ha de sulfate SO3. Si vous apportez des amendements organiques, il faut tenir compte du soufre qu’ils contiennent et réduire les apports de 20 à 30 unités.
Une parcelle propre
Pour réduire la concurrence des adventices, le désherbage de prélevée est souvent incontournable, notamment pour la gestion des graminées contre lesquelles la post-levée ne suffit pas toujours. Les fortes infestations de vulpins et de ray grass peuvent, en début de cycle, limiter la biomasse de la culture. En cas de possible résistance aux herbicides de la famille des FOP, il faut préférer des produits à base de cléthodime. Une double application peut être nécessaire, d’abord avec un herbicide de la famille des FOP, puis 2e passage avec un DIM si la levée de vulpins et de ray grass est importante dès septembre et ne peut attendre un passage de propyzamide en novembre. Contre les dicotylédones, géraniums et gaillets, Mozzar/Belkar reste efficace.
Les repousses de céréales peuvent être nuisibles dès la présence de 5/10 repousses au mètre carré. Ces repousses sont peu sensibles aux herbicides de pré-levée. Les anti-graminées foliaires ont une bonne efficacité. La famille des FOP apporte une rapidité d’action.
Le désherbage mixte peut s’envisager en combinant intervention chimique et passage mécanique. Plusieurs combinaisons sont possibles : application localisée sur le rang avec un herbicide de prélevée et binage pour nettoyer l’inter-rang ; herbicide de prélevée à dose modulée puis 1 à 3 passages de herse étrille ou houe rotative en conditions favorables.
Difficile protection insecticide
Les insectes d’automne peuvent provoquer d’importants dégâts sur les jeunes colzas. Les solutions de protection se réduisent : le Boravi, à base de phosmet, n’est plus utilisable depuis le 1e novembre 2022. Sur la moitié ouest, les pyréthrinoïdes restent une solution. Contre les larves d’altises, les produits à base de lambda cyhalothrine (Karaté) sont efficaces. En revanche, dans la moitié est, dans les zones à forts niveaux de résistance aux pyréthrinoïdes, il faut renforcer la prévention et semer tôt pour que le colza ait dépassé le stade 3/4 feuilles avant l’arrivée des altises. Une dérogation a été obtenue pour l’utilisation du Minecto Gold, à base de cyantraniliprole, dans les zones où des résistances d’altises aux pyréthrinoïdes sont avérées, à savoir les régions Grand Est, Bourgogne Franche-Comté, Île-de-France, Centre-Val-de-Loire et le département de l’Allier. Il pourra remplacer le phosmet. La dérogation va du 15 août 2022 au 12 février 2023, pour une seule application à la dose maximale de 100g/ha.
De la levée au stade 3 /4 feuilles, la pression limaces doit être suivie de près. Un labour ou un travail du sol en conditions sèches aident à limiter la population. Selon les risques précédents, interculture, sol motteux, les conditions d’humidité et vos observations des populations présentes, appliquez préventivement un anti-limace en plein, en surface, juste après le semis. Si des précipitations interviennent et déclenchent une activité de surface des limaces, appliquez rapidement un anti-limace après le semis pour permettre aux plantes de s’installer sans prendre trop de retard.
Si la variété semée n’est pas résistante à la jaunisse, il faudra surveiller les pucerons de la levée au stade 6 feuilles. Plus que pour leurs dégâts directs, les pucerons sont problématiques pour les viroses qu’ils transmettent : une jaunisse (TuYV, virus de la jaunisse du navet) transmise principalement par le puceron vert et deux mosaïques (TuMV, virus de la mosaïque du navet, et CaMV, virus de la mosaïque du chou-fleur). Si des pucerons sont observés sur la face intérieure des feuilles sur au moins deux pieds sur dix, appliquez du Teppeki.
Résistances et protection face aux risques de maladies
Le sclérotinia est la maladie qui est la plus pénalisante. Il faut intervenir à la chute des premiers pétales, selon le niveau de risque transmis par les bulletins de santé du végétal. En situation à risque, il faut alterner les deux substances actives de référence, prothioconazole et fludioxonil. Il faut un volume de bouillie suffisante, au moins 120 litres, pour bien protéger les feuilles du bas. Le levier variétal se développe avec la variété tolérante BRV 703. Des solutions de biocontrôle existent. En pré-semis, Contans WG détruit les sclérotes dans le sol. À la chute des premiers pétales, on peut appliquer Ballad, Rhapsody ou Polyversum et, selon le niveau de risque, une demi-dose de fongicide.
Face au phoma : privilégiez les variétés très peu sensibles et évitez les situations de forte élongation automnale. La prévention de la cylindrosporiose passe par un choix variétal adapté. En cas d’attaque, il faut appliquer un triazole.
Le fongicide appliqué contre le sclérotinia suffit en général à protéger aussi le colza contre la mycosphaerella s’il contient un triazole. En façade océanique, où le niveau de risque est plus élevé, un 2e traitement, avec une dose modulée, est souvent nécessaire.
La protection contre le sclérotinia protège également de l’oïdium. En l’absence de risque sclérotinia, intervenez avec un triazole dès l’apparition de symptômes.
Cécile Julien
Par Rédaction Wikiagri
Equipe de rédacteurs Wikiagri 
