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Arrivée du froid, ventiler régulièrement pour sécher et refroidir les tas

L’arrivée imminente d’une période froide stable devrait permettre de ventiler régulièrement et de procéder à un refroidissement asséchant des tas, bénéfique pour la poursuite de la conservation : déshydratation des tubercules en cours de liquéfaction, desséchement des fanes résiduelles, réduction de la pression germinative…

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Silos extérieurs : à protéger du gel !

Alors que l’enlèvement des silos extérieurs sera achevé d’ici quelques jours dans certaines régions, celui demandera encore quelques semaines dans d’autres. Pour les silos qui ne seraient pas encore bâchés, il est urgent d’y remédier pour désormais les protéger du gel en plus des précipitations. La simple pose d’un voile de type Toptex suffit tant que le gel reste modéré. En cas de descente plus prononcée et plus pérenne des températures, son doublement peut s’avérer nécessaire.

Tas sous abri : ventiler régulièrement et efficacement pour sécher et refroidir !

Même si la situation peut aujourd’hui être délicate dans un certain nombre de bâtiments, la ventilation doit être mise en œuvre de manière appropriée pour parvenir à rétablir des conditions adéquates pour une conservation de longue durée.

Un renforcement de la puissance de ventilation peut être nécessaire pour les installations sous-dimensionnées avec des équipements de ventilation adaptés au stockage des pommes de terre : ventilateurs basse pression à haut débit (objectif : 100 m3/h/m3) et réseau de gaines appropriées.

L’air extérieur utilisé doit être plus froid que le tas pour pouvoir le sécher et le refroidir efficacement. En effet, en se réchauffant en traversant la masse des tubercules stockés, il va avoir la capacité de renfermer une quantité d’eau (sous forme vapeur d’eau) supérieure en élevant son hygrométrie (ou humidité relative), extrayant ainsi progressivement celle en excès dans le tas. Le temps nécessaire pour parvenir au séchage complet du tas peut être très variable selon la quantité totale d’eau à extraire et l’état d’humidité initial de l’air ventilé. Ainsi, 2 % de tubercules vitreux qui se liquéfient dans un tas de 1 000 t correspondent à près de 20 t = 20 m3 = 20 000 litres d’eau à extraire du tas. Pour un bâtiment ventilé aux normes (100 m3/h/m3) avec un air asséchant capable de piéger 2 g d’eau par m3 d’air ventilé, il faut près de 70 heures de ventilation pour éliminer cette humidité préjudiciable à la qualité de la conservation. Si la capacité de ventilation ou le caractère déshydratant de l’air est deux fois plus faible, il faut au moins 140 heures de ventilation pour parvenir au même résultat. Il faut donc être patient et travailler sur la durée pour parvenir au résultat escompté.

L’automatisation du déclenchement de la ventilation permettra de profiter au mieux des heures disponibles pour ventiler efficacement. La fluctuation des températures minimales attendues ces prochains jours autour de la température du tas montre que certaines journées ne seront pas appropriées pour ventiler : l’automatisation démarrera les ventilateurs dès que la température extérieure sera redevenue favorable à une ventilation efficace.

Le différentiel minimal de température entre l’air extérieur et le tas doit être réglé en ce moment sur une valeur faible, 0,5 à 1°C, pour les situations les plus graves pour profiter des moindres disponibilités en air froid extérieur. Pour les situations maîtrisées, il peut être réglé à 2°C, toujours pour ventiler efficacement, mais en réduisant le nombre d’heures de fonctionnement des ventilateurs. Pour un tas qui serait aujourd’hui à 10°C, cela signifie que dans le premier cas, il faut régler le démarrage des ventilateurs entre 9 et 9,5°C et à 8°C dans le second cas.

Viser une consigne à 5 ou 6°C pour freiner significativement la détérioration du tas tout en gardant toujours des heures disponibles pour ventiler.

Michel MARTIN (Arvalis – Institut du végétal)

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