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Alimentation animale et intrants aussi responsables de la baisse des revenus

Au chapitre des charges, le prix de l’alimentation animale et des intrants sont aussi responsables de la baisse des marges et des revenus des éleveurs et agriculteurs.

La diminution du prix de l’alimentation animale, de 3,6 % en un an, n’a été d’aucun relais pour compenser le repli bien plus important des cours des animaux vifs et du lait. En productions végétales, les prix des céréales récoltées sont largement inférieurs à leur niveau de 2010 alors qu’elles ont été produites avec des intrants encore très onéreux.

Porc

Une lueur d’espoir en production porcine. Les indicateurs sont repassés au vert. En juin 2016, les producteurs de porcs peuvent enfin espérer un redressement des marges de leur élevage grâce à la fois à des prix vente de leurs animaux en hausse, après des mois de replis, et à des prix de l’alimentation en net recul. En mai 2016, le marché était encore sur une tendance baissière mais le prix de l’aliment laissait entrevoir une évolution plus favorable des marges.

Ces derniers mois, la dégradation de leur situation financière ne s’explique pas seulement par les baisses des cours du porc. Comme dans toutes les filières animales, les éleveurs de porcs n’ont pas pu compter sur la baisse des prix de l’alimentation animale pour compenser l’évolution défavorable des cours des animaux vendus.

En juin (derniers chiffres connus), les prix de l’alimentation animale étaient encore supérieurs de 12,5 % à leur niveau de 2010 tandis que ceux des céréales étaient inférieurs de 10 % après avoir perdu plus de 25 % sur les quinze derniers mois. 

La baisse des prix céréales n’a pas été intégralement répercutée sur les aliments. Ces derniers n’ont diminué que de 4,3 % sur un an. Or, en production porcine, le coût de l’alimentation des animaux élevés représente près de 62 % du coût de revient. Autrement dit, une baisse de 10 centimes du cours du porc ne peut être compensée que par une baisse du prix du kilogramme de l’aliment de 16 centimes.

Bovins viande et bovins lait

Même causes et mêmes effets en production bovine pour expliquer une partie de la détresse des éleveurs. La baisse des cours de la viande n’explique pas tout !

La charge « alimentation » a reculé en juin, sur un an, de 5,1 % selon une étude du ministère de l’Agriculture, mais pas suffisamment pour compenser le repli des cours « gros bovins » de 7 % car l’alimentation ne représente que 22 % du coût de production. L’équilibre aurait été atteint si ce dernier n’avait pas baissé de plus de 1,1 % durant les 12 derniers mois. L’élevage de bovins viande repose sur les charges très peu compressibles.

L’amélioration de la conjoncture pendant quelques mois, à la fin de l’année passée, aura été brève. Le nouveau décrochage des prix début 2016, lié à une abondance de l’offre en viande bovine, n’est pas compensé par les prix de ceux de l’alimentation animale.

Hormis la période 2011/2013 pendant laquelle l’évolution des prix de l’alimentation a permis aux éleveurs de profiter de la meilleure conjoncture d’alors, les prix à la production n’ont jamais pu compenser l’évolution des coûts de l’alimentation. Réciproquement, les producteurs n’ont pas pu, non plus, compter sur ce poste de charges pour atténuer la tendance baissière des prix de vente. Ce qui a généré au final une dégradation continue de la situation des éleveurs.

La filière laitière est dans le même cas de figure. La baisse des prix des aliments n’a quasiment pas eu d’impacts. Comme le poste ‘’alimentation’’ représente environ 26 % des charges, une baisse de 1 % du prix du lait ne peut être compensée que par un repli de 4 % du prix des aliments !

Or sur un an, les prix des aliments ont peu reculé, comparés à ceux du lait. Ils restent supérieurs de 13 % par rapport à leur niveau de 2010 tandis que le prix du lait est 8 % inférieur à celui payé cette même année, selon le ministère de l’Agriculture. Et ce, après avoir perdu plus de 30 % depuis son plus haut sommet en 2014 !

Productions végétales

En productions végétales, on note aussi le même décrochage entre les cours des céréales et des prix des intrants. En mai dernier, l’indice des prix du blé est inférieur de 15 % à son niveau de 2010 et celui du maïs de 5 % (- 12 % en mars 2016).

Or même si ils ont baissé, les prix des engrais sont supérieurs de 15 % à leur plancher de 2010 et les semences de 7 %. Mais surtout, comme les céréales ont été implantées en automne 2015 alors que les prix des engrais étaient encore supérieurs de plus de 20 % à leur niveau de 2010, le coût de production des céréales récoltées est particulièrement élevé comparé à leur prix de vente. Les pertes générées par les baisses de rendements sont accentuées par les coûts de revient auxquels les céréales ont été produites durant la campagne.

La baisse des cours du pétrole s’est bien répercutée sur les prix de l’énergie payés par les agriculteurs mais elle n’a été intégrée plus tardivement et plus lentement par l’industrie des engrais.

En savoir plus : http://www.agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/conjinforap201608cpro_tdb.pdf (note d’Agreste – la statistique agricole – sur le coût de l’aliment dans les filières d’élevage) ; http://agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/conjinforap201607cpro.pdf (note d’Agreste sur le coût des intrants) ; http://agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/conjinforap201607praa.pdf (note d’Agreste sur le prix des produits agricoles) ; http://www.insee.fr/fr/themes/info-rapide.asp?id=80 (note de l’Insee sur le prix des produits agricoles).

Notre photo d’illustration (alimentation animale) est issue du site Fotolia, lien direct : https://fr.fotolia.com/id/81120345.

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