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Agriculture et réchauffement climatique, les perdants et les gagnants à l’horizon 2050

Pour produire du blé, le bassin de la Mer Noire deviendra le grand gagnant du réchauffement climatique. Le nord des Etats-Unis, le sud du Canada, les pays du nord de l’Europe centrale et de la Scandinavie ne seront pas en reste. L’Inde et la Chine, les deux pays les plus peuplés de la planète, seront à l’inverse les grands perdants du réchauffement climatique. 

Lors du colloque organisé par l’Aftaa (spécialiste des formations en alimentation et productions animales), le 30 janvier 2020, Michel Portier, président d’Agritel, a présenté la nouvelle géographie planétaire de la production de blé à l’horizon de 2050. Selon lui, les pays situés au Nord, à l’Est et au Sud-est de la Mer Noire seraient les grands bénéficiaires du réchauffement climatique, mais aussi ceux l’Europe centrale (Biélorussie, Pologne, pays baltes et  Scandinavie). En Russie, l’aire de production de blé d’hiver (3,7 t/ha avec des records à plus de 7 t/ha) s’étendrait aux dépens des céréales de printemps beaucoup moins productives (1,7 t/ha).

Les conditions climatiques seraient aussi plus favorables à la production de blé au sud du Canada, au nord des Etats Unis, en Sibérie et au nord de la Chine.

Dans les grands pays, à cheval sur plusieurs climats, les situations sont en fait contrastées. Le sud de l’ex-Empire du Milieu sera très affecté par le réchauffement climatique mais aussi le sud des Etats-Unis.

Les façades est de l’Amérique du Sud (Argentine, Brésil) et d’Afrique seront aussi touchées de même que le sud de l’Australie.

En Inde, la production de blé sera aussi plus difficile qu’actuellement sur les deux tiers du territoire mais aussi au Pakistan.

L’Europe occidentale, et la France en particulier, ne seront pas épargnées. Elles feront face aux pays du Maghreb, les premiers importateurs mondiaux de céréales, davantage pénalisés par le climat qu’actuellement.

En fait, l’Europe occidentale dispose de marges importantes pour s’adapter au réchauffement climatique. Les rendements de blé resteront élevés même s’ils pourraient baisser.

D’autres pays n’ont pas les mêmes marges de progrès et d’adaptation que les pays développés. Aussi, le réchauffement climatique accentuera les difficultés de produire pour assurer la sécurité alimentaire des populations.

Le progrès agronomique donnera à de nombreux pays l’opportunité de démentir les prédictions climatiques.

Dans le bassin de la Mer Noire, les pratiques culturales ont généré des gains de productivité incommensurables. Dans de nombreux pays africains, la production agricole est structurellement insuffisante. Aussi, le principal défi à relever est d’abord l’adoption de pratiques culturales plus productives qui seront naturellement adaptées au climat.

La planète aura les moyens de nourrir 9-10 milliards d’habitants car elle produit déjà suffisamment pour y parvenir compte tenu des pertes de récoltes importantes.

L’augmentation de la production agricole,et de blé en particulier, a reposé depuis des dizaines d’années sur l’agronomie et l’amélioration des pratiques culturales. La population de planète comprend proportionnellement moins de malnutris que dans les années 1950-1960. Il reste à savoir si les hommes auront les moyens d’acheter leur nourriture.

Par ailleurs, la demande agricole sera différente de celle d’aujourd’hui. Les hommes modifieront d’ici 2050 leurs habitudes alimentaires. Mais il faudra aussi produire probablement plus d’aliments pour animaux pour faire face à des périodes caniculaires. Les éleveurs devront aussi constituer des stocks de fourrages prêts à être distribués en cas de pénurie.

L’explication par les graphiques

Ci-dessous, évolution du rendement des cultures de blé dans le monde d’ici 2050 par rapport à la situation actuelle.

Ci-dessous, c’est en observant l’évolution des rendements obtenus les années passés qu’il est possible de se projeter sur ce que sera la production de blé dans les prochaines années.

Ci-dessous, aires de production de blé dans le monde.

2 Commentaire(s)

  1. c’est un dérèglement et pas un réchauffement ! on a des canicules l’été par manque d’eau et de végétation, donc il faut végétaliser les surfaces agricoles l’été, donc irriguer, donc faire des réserves d’eau l’hiver au lieu de regarder l’eau couler sous les ponts …
    dans les Deux Sèvres nous en sommes à la troisième période d’inondations; au niveau de Niort le bassin versant fait 1070 km2, annuellement il reçoit 900 millions de m3 de pluie (861mm, moyenne des précipitation de 1981 à 2010), d’après le site vigiecrue.fr : depuis le 18 10 2019, la Sèvre a déjà évacué 400 millions de m3 d’eau douce vers la mer et ce n’est pas fini !
    On va atteindre les 50% de rejet en mer alors qu’il ne faudrait jamais dépasser les 30%, aujourd’hui on sait déjà qu’on sera en déficit d’eau l’été prochain.
    Les crues excessives de l’hiver préparent les sécheresses de l’été, c’est pourquoi il est urgent de capter tous les ruissellements pour prévenir les inondations et garder de l’eau pour l’été. Sinon on alterne inondations et sécheresses ce qui est fatal pour la biodiversité et la continuité écologique des cours d’eau.

    Dans un écosystème forestier (notre référence en matière de climat) 70% des précipitations sont consacrées à l’entretien du cycle (évapotranspiration) par rétention dans les sols, ce qui laisse 30% de retour en mer. Quand les retour en mer d’un bassin versant dépasse les 30% c’est que la végétation n’aura pas assez d’eau, ce qui va entrainer un manque de pluie, un assèchement du bassin et une destruction de la biodiversité … surtout avec des villes qui pompent massivement dans les nappes et rejettent l’eau en rivière au lieu de la recycler dans les sols …

    toute la régulation thermique des basses couches de l’atmosphère se fait par l’évaporation, la température augmente fortement quand les continents arrêtent de « transpirer » c’est pourquoi il n’y a pas de canicule en mer et en forêt ! Il faut végétaliser massivement (villes et campagnes) au rythme des forets de feuillus et donc faire des réserves d’eau l’hiver pour épargner les nappes l’été …

    Ce n’est pas la biodiversité qui sauvera le climat mais c’est en sauvant le climat qu’on sauvera la biodiversité

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