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L’Afrique de l’Ouest utilise le blé tendre principalement pour faire de la baguette alors que le Nigéria et les pays anglophones de l’Afrique de l’Est sont davantage consommateurs de pain de mie.
Les importations combinées du Sénégal, de la Côte-d’Ivoire et du Cameroun sont en progression de plus de 60 % depuis 7 ans (figure 1).
Figure 1 : évolution des importations de blé au Sénégal, Côte-d’Ivoire et Cameroun (en kilotonnes)
Source : Stratégie Grains
Plusieurs raisons expliquent ce phénomène :
• Le blé est la protéine végétale la moins chère au monde. Le prix du pain est donc fixé dans les pays d’Afrique de l’Ouest pour le rendre accessible au plus grand nombre.
• La population augmente rapidement dans ces pays, avec une croissance démographique située aux alentours des 5 enfants par femme.
• L’urbanisation s’accélérant, le mode de consommation évolue, et les habitants des métropoles prenant moins le temps de cuisiner.
Un taux de protéines élevé est primordial
Mais faire une baguette en Afrique n’est pas aussi aisé qu’en France. Une large majorité des boulangeries ne sont que faiblement équipées (figure 2), les boulangers sont peu formés, maltraitant ainsi la pâte, et les conditions environnantes sont nettement moins favorables que sous nos latitudes, avec une humidité supérieure à 80 % et des températures descendant rarement en dessous des 25°C.
Figure 2 : Les différents types de boulangeries en Afrique de l’Ouest
Crédit photo : FEC
En plus, le consommateur est habitué à consommer un pain de type baguette française mais plus blanc et plus gonflé.
Le nombre de moulins dans ces pays a considérablement augmenté ces dernières années, entraînant une surcapacité importante entre les moulins qui se doivent donc de fournir une farine de bonne qualité. Et en plus, pour être capable de résister à l’environnement et aux différents traitements que lui fait subir le boulanger, le meunier doit livrer une farine tout terrain. Un taux de protéines élevé est donc primordial afin d’assurer la bonne tenue du réseau de gluten tout au long du processus de fabrication.
Quel avenir pour le blé français en Afrique de l’Ouest ?
Alors que le blé français a longtemps été la référence en Afrique de l’Ouest, il perd des parts de marché, ses volumes bougeant peu face aux importations croissantes de la région (figure 3).
Figure 3 : évolution des parts de marché françaises (Compilation : Sénégal, Côte-d’Ivoire et Cameroun) (kt)
Source : Stratégie Grains
Et pour cause, la concurrence est de plus en plus rude. Les blés canadiens viennent depuis longtemps en complémentarité des blés français car ils sont plus riches en protéines. Mais ces dernières années, les importations venues d’Allemagne sont de plus en plus présentes, tout comme celles de Russie pour la campagne en cours.
Pour maintenir notre rang de leader, il est donc essentiel aujourd’hui de continuer à produire des blés avec une teneur en protéines importante (> 12 %), sous peine de voir notre part de marché s’effriter au fur et à mesure des campagnes.