Le capital de sympathie des Français à l’égard de leurs agriculteurs est énorme mais fragile, car il repose sur une image d’Epinal de leur secteur d’activité. Ils ne sont pas assimilés à des chefs d’entreprises à part entière.
Selon un sondage Bva (*) réalisé en 2014 mais dévoilé maintenant, neuf Français sur dix ont une bonne opinion ou très bonne opinion à l’égard du secteur de l’agriculture. Alors que les agriculteurs pensent ne recueillir la sympathie que de 61 % de leurs compatriotes.
Pour les Français, l’agriculteur est indispensable au fonctionnement de la société. Et le secteur agricole, ouvert à l’innovation, leur inspire pleinement confiance. A l’horizon des dix prochaines années, la France compte sur ses chefs d’exploitation pour garantir la qualité et la sécurité sanitaire des produits et des matières premières alimentaires. Mais aussi pour défendre l’indépendance de notre pays vis-à-vis de ses voisins et concurrents. Et produire bio n’est pas une priorité en soi.
Les griefs ? Les Français les portent à l’égard de l’évolution de l’agriculture, ou plus exactement de l’évolution d’un certain type d’agriculture et non pas sur les agriculteurs proprement dit. Comme si ces derniers étaient eux-mêmes otages d’une situation qui leur a échappé au fil du temps.
Selon le sondage Bva, seuls 49 % des Français estiment que l’agriculture a bien évolué car ses pratiques sont trop intensives. Mais les agriculteurs ne sont pas de cet avis. Huit sur dix pensent au contraire que leurs modes de production sont raisonnés. Et la majorité d’entre eux jugent l’évolution de l’agriculture favorable (56%).
Les Français affirment que leur jugement repose sur une bonne connaissance du métier des agriculteurs. Mais dans le même temps, ils reconnaissent ne pas appréhender correctement leurs modes de production.
En fait la bonne image des Français envers les agriculteurs reflète l’important capital affectif qu’ils ont à leur égard. Ce qui réduit au final leurs capacités de discernement. Les agricultuers ne sont pas des chefs d’entreprises à part entière.
Pour 46 % des Français, les modes de production des agriculteurs sont plutôt intensifs alors que pour ces derniers (82 %), leurs pratiques agricoles sont celles d’une agriculture raisonnée.
Il est temps de démystifier les clichés autour de l’activité agricole. Les Français sont trop souvent les otages de campagnes de désinformation conduites par certains lobbys et médias afin de faire de l’audience, sans se rendre compte des conséquences sociales et économiques des propos tenus et des images diffusées.
Face à cette situation, les agriculteurs ont décidé de réagir. Consolider le capital de sympathie des Français à leur égard est devenu une priorité. C’est même l’enjeu du projet #agridemain lancé par Farre, le forum des agriculteurs responsables et respectueux de l’environnement.
(*) Sondage Bva réalisé auprès de 1 005 personnes constituant un échantillon national représentatif des français de plus de 18 ans. Questionnaire mis en ligne du lundi 15 au mardi 23 septembre 2014. Interviews des agriculteurs réalisées entre le lundi 27 octobre et vendredi 14 novembre 2014 auprès de 600 chefs d’exploitation constituant un échantillon national représentatif des agriculteurs professionnels.
En savoir plus : https://wikiagri.fr/articles/le-lancement-de-agridemain/7941(vidéo présentant #agridemain) ; http://www.farre.org (site de Farre).
Ci-dessous, trois tableaux issus directement de l’étude.
Notre illustration ci-dessous : en septembre dernier, quand les agriculteurs ont manifesté dans la Capitale, ils ont été plutôt bien accueillis par les Parisiens.