img 0310bis

2001-2010, la décennie la plus chaude jamais observée

Un rapport de l’Organisation météorologique mondiale confirme les craintes que l’on pouvait avoir concernant le réchauffement climatique, même si le lien avec la multiplication récente des phénomènes climatiques extrêmes n’est pas encore clairement établi.

La météo constitue à l’évidence une préoccupation importante aux yeux des Français, mais elle représente aussi une donnée essentielle pour de nombreux secteurs économiques : du tourisme à l’agriculture en passant par le bâtiment, le secteur énergétique ou encore le commerce de certains biens, tels que les vêtements, les boissons, les glaces ou les crèmes solaires, sans parler de son impact supposé sur le moral des ménages. Mais, au-delà de cette météo au jour le jour se pose bien entendu la question du changement climatique et de son impact. Or, un rapport consacré à l’évolution du climat lors de la première décennie du XXIe siècle (2001-2010), publié au début du mois de juillet 2013 par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), une institution spécialisée de l’ONU, nous rappelle à quel point ce changement produit d’ores et déjà des effets et qu’il n’est certainement pas sans lien avec la multiplication des phénomènes climatiques extrêmes.

Ce rapport permet de tirer quatre enseignements principaux à propos de l’évolution récente du climat. Le premier est que la période 2001-2010 a été la décennie la plus chaude qui ait été observée depuis le moment où une observation systématique des températures a été effectuée à l’échelle mondiale, soit depuis le milieu du XIXe siècle. Lors de cette décennie, la température moyenne de l’air à la surface de la terre et des océans était ainsi plus élevée de 0,47°C par rapport à la période 1961-1990 et de 0,88°C par rapport à la première décennie du siècle précédent (1901-1910). C’est depuis le début des années 1970 que l’on observe une augmentation significative de ces températures, soit en moyenne un accroissement de 0,17°C par décennie entre 1971 et 2010. Celle-ci tend même à s’accélérer dans la période la plus récente. L’OMM avait déjà indiqué dans d’autres sources que les treize températures annuelles les plus élevées jamais relevées l’ont été depuis 1998, les années les plus chaudes ayant été 2010, devant 2005 et 1998. En France, les données de Météo France indiquent que les températures les plus élevées ont été également mesurées depuis le début des années 1990, l’année la plus chaude ayant été 2011, devant 2003, année de la canicule, puis 1994.

Cette hausse des températures s’est notamment traduite par une explosion littérale du nombre de victimes de vagues de chaleur entre 1991-2000 et 2001-2010 puisque celui-ci s’est accru de 2 300% entre les deux périodes. Ces victimes se trouvaient principalement en Europe : en Europe occidentale durant l’été 2003, la canicule entraînant le décès de plus de 66 000 personnes, et en Russie au cours de l’été 2010 avec plus de 55 000 décès. Cette hausse a également favorisé une accélération de la fonte des calottes glacières, de la banquise de l’Arctique, des glaciers et des terres gelées. Ceci a par conséquent contribué à une élévation du niveau moyen de la mer. Cette augmentation a été de 20 cm par rapport aux années 1880.

Le second enseignement de ce rapport est que l’on a pu observer durant la décennie 2001-2010 des précipitations plus importantes qu’à l’accoutumée, et ce, un peu partout dans le monde. Celle-ci a même été la décennie la plus pluvieuse depuis la décennie 1951-1960, tandis que l’année 2010 était l’année la plus arrosée qui ait jamais été relevée.

Le troisième est l’accroissement des phénomènes climatiques et météorologiques extrêmes – canicules, tempêtes, ouragans, cyclones, tornades, sècheresses, inondations – et de leur impact sur les populations. Durant la décennie 2001-2010, l’activité cyclonique dans le bassin de l’Atlantique Nord a ainsi été la plus intense que l’on ait connue depuis 1855 et le nombre de tempêtes a atteint en 2005 un seuil jamais observé jusqu’à présent, avec notamment cette année-là l’ouragan Katrina qui s’est abattu sur la Nouvelle-Orléans. Il est à noter que des tempêtes hivernales ont également touché l’Europe, avec les tempêtes Klaus en 2009 et Xynthia en 2010, ainsi que l’Amérique du Nord en faisant beaucoup de dégâts et un nombre non négligeable de victimes.

Le quatrième est que l’OMM, qui est l’une des deux organisations à avoir créé le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), n’établit pas nécessairement de lien direct entre changement climatique et phénomènes climatiques extrêmes. Il est, en effet, encore difficile de faire la part de ce point de vue entre l’évolution naturelle du climat et le changement climatique d’origine humaine. Le rapport explique néanmoins que la probabilité que des phénomènes comme la canicule qui a touché l’Europe en 2003 se produisent a été sans doute nettement accrue par la hausse généralisée des températures. Le rapport d’évaluation que le GIEC devrait publier en septembre 2013, le dernier avait été publié en 2007, devrait sans doute nous en dire davantage à ce propos.

En savoir plus : http://library.wmo.int/pmb_ged/wmo_1119_fr.pdf (synthèse du rapport de l’Organisation météorologique mondiale-OMM, Le climat dans le monde 2001-2010. Une décennie d’extrêmes climatiques, N° 1119, juillet 2013), www.wmo.int/pages/index_fr.html (site de l’OMM), www.wmo.int/pages/mediacentre/press_releases/pr_972_fr.html (communiqué de presse de l’OMM sur l’état du climat en 2012), http://france.meteofrance.com/france/accueil?xtor=AL-1 (site de Météo France), http://data.giss.nasa.gov/gistemp/ (partie du site de l’Institut Goddard pour les études spéciales-GISS de la NASA consacrée à l’analyse de la température à la surface de la planète), www.ipcc.ch/home_languages_main_french.shtml#21 (rapports d’évaluation du GIEC)

Notre illustration : des maïs grillés sur pied par le soleil dans un été sans pluie, en République de Moldavie (où les moyens d’irrigation font défaut), en 2012.

2 Commentaire(s)

  1. Complément d’information : WikiAgri a consacré le n°7 de son magazine à la météorologie et au climat, avec notamment l’interview du météorologiste Louis Bodin. Son avis sur le réchauffement climatique consiste à dire que les effets sont peu ressentis sous nos latitudes. Vous pouvez retrouver en ligne cette interview ici :

Il n'y a pas de commentaires pour le moment. Soyez le premier à participer !

Article Précédent
Article Suivant