Désistements, abandons de poste de travail, recherches permanentes de candidats : l’amélioration du marché du travail et la baisse du nombre de sans emplois qui en découle, rendent le recrutement et la fidélisation des saisonniers agricoles plus difficiles que les années passées.
Dans une étude publiée sur le site du ministère de l’agriculture et le CGAAER (1), intitulée « Les conséquences de la réforme de l’assurance chômage de 2021 sur la satisfaction des besoins en main d’œuvre des secteurs agricole et agroalimentaire », leurs auteurs prodiguent quelques pistes pour rendre le salariat agricole saisonnier plus attractif.
Les groupements d’employeurs, l’intérim, le contrat de travail intermittent et l’aménagement du temps de travail sont quatre outils, parmi d’autres à la disposition des entreprises agricoles, pour réduire le recours aux contrats courts. Ils précarisent la situation sociale des travailleurs occasionnels.
Actuellement, 3 800 groupements d’employeurs (GE) en production agricole mettent des milliers de salariés à la disposition de leurs exploitations agricoles et coopératives adhérentes. Chaque année, ces derniers sont missionnés dans plusieurs entreprises, ce qui leur permet de garantir leur emploi.
Par exemple, après avoir récolté des pommes chez un arboriculteur, des salariés d’un GE sont ensuite mis à la disposition d’une coopérative de collecte et d’expédition de fruits pendant plusieurs mois.
Pour travailler, leur GE a proposé à ces salariés des CDI ou des CDD longs, selon la charge de travail et les missions à effectuer.
En contrepartie, les agriculteurs adhérents n’ont aucune démarche administrative pour déclarer les salariés présents sur leur exploitation. Mais ils paient au GIE les prestations rendues par ces travailleurs occasionnels.
L’équilibre économique des GE repose sur la capacité des entreprises à occuper les salariés missionnés durant leurs contrats. La gestion administrative du personnel est effectuée par les groupements.
Certains d’entre eux se chargent même de faire des demandes d’autorisation de travail auprès de la préfecture de leur département pour recruter des travailleurs salariés en introduction depuis l’étranger.
Grâce au GE, « les exploitants sont sécurisés dans les recrutements et soutenus dans la gestion de la relation d’emploi tout en étant déchargés des tâches administratives afférentes », affirment les auteurs de l’étude du CGAAER.
Les GE importants sont aussi des opportunités pour accompagner du public éloigné de l’emploi et ouvrir ainsi de nouvelles perspectives de recrutements de salariés.
Aussi les auteurs de l’étude du CGAAER sur les besoins de main d’œuvre agricole recommandent de « soutenir financièrement les GE agricoles ou plusieurs secteurs en contrepartie d’engagements d’accompagnement des actifs éloignés de l’emploi vers des emplois de qualité, stables et durables ».
Entreprises de travail temporaires
Des CDI peuvent aussi être proposés par des entreprises de travail temporaire à des salariés agricoles.
Habituellement, celles-ci embauchent de façon exclusive des salariés afin de les mettre à disposition d’une entreprise utilisatrice pour une durée limitée dénommée mission.
Mais le CDI intérimaire, récemment créé, permet à des entreprises de travail temporaire de sécuriser l’emploi des salariés qu’elles mettent à la disposition de leurs clients le temps d’une mission.
Les entreprises de travail temporaire répondent ainsi à des besoins de main d’œuvre limités dans le temps tandis que le salarié bénéficie d’un contrat de longue durée.
Des CDI à temps partiel dans des exploitations agricoles
Mais l’aménagement du temps de travail dans les exploitations agricoles est probablement le dispositif le plus efficace pour atténuer la précarité sociale des salariés agricoles à moindres couts.
Dans certains cas, aménager le temps de travail dans la durée « permet de proposer des CDI (temps plein ou partiel) aux salariés saisonniers travaillant plus de 8 ou 9 mois dans l’année, souligne le CGAER. L’employeur fidélise ainsi son salarié qui peut ainsi accéder plus facilement au logement et à des prêts bancaires ».
En fait, « les CDI à temps partiel offrent des emplois permanents qui, par nature, comportent une alternance de périodes travaillées et de périodes non travaillées », ajoute encore le CGAAER.
Ces contrats de travail prévoient un volume d’heures de travail minimal réparti sur l’année en fonction des périodes de travail. Ils peuvent donc être utilisés pour réaliser plusieurs travaux saisonniers, le salarié alternant alors les périodes travaillées et des périodes inactives dans le contrat de travail.
De leur côté, les salariés cumulent plusieurs contrats de travail intermittents en combinant les périodes de travail de chacun d’eux.
(1) Conseil général de l’agriculture, de l’agroalimentaire et des espaces ruraux)
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