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Les bords de champs, milieux propices aux carabes

Chez les carabes, les adultes comme les larves sont d’importants prédateurs de bioagresseurs présents dans les grandes cultures. Si les adultes sont un peu mieux connus, une récente étude lève le voile sur les conditions nécessaires au développement larvaire, notamment en bordure de parcelles.

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Les espèces de carabes sont très diverses. Si le régime alimentaire des adultes varie d’une espèce à l’autre (zoophage pour l’essentiel, phytophage ou granivore), celui des larves est quasi exclusivement carnivore. Les larves sont d’ailleurs considérées comme des prédateurs plus efficaces des organismes nuisibles que les adultes. Au menu, selon l’espèce : limaces, escargots, mouches, pucerons… autant d’insectes qui nécessitent d’être régulés pour la bonne conduite des chantiers agricoles.

Cependant, peu d’informations existent sur les larves de carabes, étant donné la difficulté à les capturer car elles vivent essentiellement dans le sol. L’étude, menée dans deux régions de France, a ainsi permis d’évaluer l’activité larvaire dans les parcelles et leurs abords, au travers de pièges à émergence pour comptabiliser les nouveaux adultes (ou adultes émergents).

Une densité et une diversité élevée

En Picardie, les pièges ont permis de relever entre 91 900 et 132 900 adultes émergents par semaine et par hectare contre un effectif compris entre 20 200 et 24 600 adultes émergents en Centre/Ile-de-France. Bien que variables, ces résultats montrent l’importance numérique des carabes dans le milieu agricole.

Le nombre d’espèces recensées révèle également une grande diversité (tableau 1).


Tableau 1 : principales espèces recensées et leurs proies majeures selon la région

Davantage d’individus dans les aménagements extra-parcellaires

Les larves peuvent se développer aussi bien dans les parcelles que dans les aménagements extra-parcellaires – haies, bosquets, bandes enherbées, chemins herbeux… Mais il apparaît que certaines espèces vont davantage préférer les aménagements extra-parcellaires. Et plus particulièrement en Centre/Ile-de-France (tableau 2 et figure 1). Certaines espèces sont ainsi plus sensibles aux perturbations des milieux, comme celles liées à l’activité agricole.


Tableau 2 : répartition des espèces selon l’habitat et la région


Figure 1 : espèces ayant émergé uniquement dans les aménagements (gauche) ou dans les parcelles (droite) sur l’ensemble du dispositif. Aménagements suivis : bosquet (Bo), chemin herbeux (CH), bande enherbée (BE) et haie (H).


En Picardie, les effectifs sont plus nombreux à 30 m de l’aménagement extra-parcellaire (et donc, dans la parcelle), mais probablement en raison d’une pullulation d’une espèce. En Centre/Ile-de-France, les émergences sont supérieures dans la bordure.

Ces milieux aux abords des parcelles sont ainsi propices au développement larvaire et non pas uniquement à l’activité des adultes. Les conclusions de cette étude sont intéressantes d’un point de vue agronomique : la préservation de ces milieux est essentielle pour favoriser ces populations qui, au stade adulte, peuvent coloniser les parcelles et ainsi agir sur de nombreux nuisibles aux cultures.

L’étude sur l’émergence des carabes s’est déroulée en deux temps : une phase de piégeages des insectes dans le cadre Casdar « Les entomophages en grandes cultures : diversité, service rendu et potentialités des habitats », de 2009 à 2011 ; une phase de valorisation des résultats dans le cadre du projet Casdar « Auximore », de 2012 à 2014.

En savoir plus : http://www.blog-auximore.fr

 

 

 

Veronique TOSSER (ARVALIS – Institut du végétal)

1 Commentaire(s)

  1. excellent article, qui n’a rien de nouveau quand on connait mais qui devrait faire réfléchir, concernant le travail du sol et ces effets collatéraux .

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