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La blockchain, une technologie à suivre en agriculture

La blockchain est une technologie qui garantit la traçabilité des données, leur intégrité et leur utilisation par qui de droit. Premières explications pour en comprendre le fonctionnement et les applications possibles en agriculture.

Blockchain ? Dès qu’on parle d’agriculture et de numérique, ce terme revient. En français, on parle de « dispositifs d’enregistrement électronique partagés ». Mais que se cache-t-il derrière ces termes ?

Explications avec Medhi Siné, spécialiste du numérique à l’Acta, lors des journées innovations d’Adventiel : « Il n’y a pas une, mais des technologies blockchain, précise-t-il. Une blockchain est une base de données enregistrée, non pas sur un serveur unique, mais en réseau. Chaque membre de ce réseau en a une copie. » Ce qui la sécurise. « Même si un serveur est corrompu, il existe plusieurs copies de vos données. »

Cette chaine enregistre des informations. On ne peut qu’en ajouter, pas en effacer. Un peu comme dans un registre comptable où une erreur sera corrigée par une écriture rectificative. Toutes les opérations sont transparentes. Chaque membre peut tout lire. D’ailleurs pour enregistrer une information, au moins 50 % des membres doivent la valider. Le fonctionnement en confiance est fondé sur la force d’un réseau plutôt que sur l’autorité d’un tiers. Dans une blockchain, par exemple, une transaction se fera sans l’intermédiaire d’une banque. Juste par l’assentiment du groupe qui garantira la solvabilité et le sérieux de ses membres.

Si on n’est pas un crack en informatique, ça ressemble à quoi une blockchain ? « Imaginez un tuyau en plastique transparent, simplifie Medhi Siné. C’est une copie de la blockchain. Il y a quatre utilisateurs avec chacun des jetons de couleur – qui représente une information – à glisser dans le tube. Comme le tube est transparent, chacun voit ce que les autres mettent. Ce tube est haut, il est impossible d’enlever un jeton. Le haut du tube est fermé par quatre cadenas. Chaque membre a une clé. Pour glisser un jeton dans le tube, il faut qu’au moins deux cadenas soient ouverts. C’est-à-dire qu’au moins la moitié des utilisateurs valide : oui ce jeton, cette information, est correct. Il n’y a pas une personne extérieure qui valide les jetons, c’est le groupe qui le fait. »

Traçabilité, agriculture de confiance, valorisation des données, agriculture de précision…

Si la technologie semble prometteuse, il n’y a pas encore d’applications à grande échelle. L’usage le plus connu des blockchains est les cryptomonnaies, ces monnaies virtuelles comme le bitcoin, né en 2009. Il existe aussi un Solarcoin, une cryptomonnaie pour accompagner le développement de l’énergie solaire.

Déjà, l’agriculture s’intéresse de près à cette technologie, notamment pour enregistrer tous les éléments de traçabilité. Les blockchains pourront faciliter la traçabilité, au service d’une agriculture de confiance, ainsi que la valorisation des données, pour une agriculture de précision. En lien avec les objets connectés et autres capteurs de plus en plus présents sur les exploitations, cette technologie sécurisera et valorisera la masse de données collectées. « Un agriculteur pourra garder la main sur ses données, choisir à qui il va les transférer », anticipe Medhi Siné.

Des expérimentations sont en cours. Par exemple, Carrefour teste cette technologie dans ses processus logistiques et affiche sur ses poulets un accès à toutes les étapes de la production. Une autre application est testée pour mieux indemniser les dégâts de gel sur les vignes. Les déclarations de dégâts sont recoupées avec des données issues des stations météo présentes dans les parcelles et d’images satellites pour accélérer les procédures d’indemnisation. Assurances et viticulteurs travaillent dans l’intérêt commun de traiter rapidement les dossiers.

Reste que, pour que le boom de développement annoncé se produise, il faut encore les compétences nécessaires à cette nouvelle technologie émergent et que soient clarifiés les nombreux aspects réglementaires et fiscaux…
 

Ci-dessous, Medhi Siné lors de ses explications à Adventiel. La seconde photo montre sa démonstration avec le tube.

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