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Polémique dans le Gers autour d’une « ferme des 800 veaux »

Près de Auch dans le Gers, un projet agricole soulève de multiples oppositions sur fond de bataille syndicale. La Confédération paysanne évoque une « ferme des 800 veaux » tandis que la Coordination rurale réfute le terme et soutient le concepteur de cette initiative. WikiAgri donne la parole aux détracteurs comme aux promoteurs du projet, ainsi qu’à différents acteurs locaux.

Roquelaure, ses vestiges néolithiques, ses trois cours d’eau et depuis plusieurs semaines une belle polémique qui empoisonne le quotidien des 580 habitants de cette paisible commune du Haut-Armagnac, au nord d’Auch, dans le Gers. Edmond Croute nourrit en effet la volonté de gonfler l’effectif de son troupeau. Actuellement de 250 veaux, l’éleveur attend la possibilité de détenir 800 animaux. Il a donc déposé une demande en ce sens à la préfecture, après qu’une consultation publique a été instruite par la Chambre d’agriculture du Cantal. Sauf que les opposants à ce dessein ne l’entendent pas ainsi.

« C’est une provocation, un pur projet industriel » pour les détracteurs

En fin de semaine dernière, sous les bannières de la Confédération paysanne, de l’association Bien vivre dans le Gers, et du parti politique EELV (Europe-Ecologie/Les Verts), ils se sont retrouvés sous les fenêtres de Catherine Séguin, la préfète du département, pour lui demander de ne pas autoriser cette initiative.

D’ailleurs Sylvie Colas, la porte-parole de la Confédération paysanne du Gers n’y va pas par quatre chemins. « Pour nous c’est une provocation. On est face à un pur projet industriel et une opération financière, sans aucun lien local, puisque ce n’est même pas la Chambre d’agriculture du Gers qui s’est saisie du dossier. Le bâtiment sera en location, sans aucun paysan sur place. Le salarié prévu sera en sous-traitance et les animaux ne seront jamais dans les prés, donc on n’en veut pas ! » La syndicaliste voit une incohérence entre la présence de cette future et importante structure dans une commune qui demeure placée en zone défavorisée, un dispositif qui favorise l’agriculture de proximité et les petites unités. De plus elle estime que l’ensemble laisse apparaître de nombreuses lacunes, quant à la provenance exacte des animaux, la ressource en eau, le curage des bâtiments et « je doute que la topographie ait vraiment été étudiée ! » Selon elle l’image touristique du département et ses productions de qualité vont en pâtir.

Ce sur quoi Nadia Baitiche-Moine pour EELV la rejoint en évoquant « un équipement qui ne sera pas à taille humaine et qui produira du bas de gamme, alors que nos agriculteurs locaux sont vertueux avec des certifications et des labels ».

Et Bien vivre dans le Gers d’enfoncer le clou. Pour sa vice-présidente Sylviane Baudois, « ce dossier est particulièrement mal ficelé car on ne sait rien non plus sur la viabilité de ce projet qui va nécessiter beaucoup de transport pour les animaux ». Des animaux destinés en effet à l’exportation en bateau vers le Maghreb, via le port de Sète.

« Ce sera un hôtel 5 étoiles pour une viande exceptionnelle » pour le promoteur du projet

Mais Edmond Croute répond que si ses mâles aubrac et charolais ne seront pas abattus à Roquelaure c’est parce que l’abattage doit impérativement être halal. Pour ce négociant en bestiaux à travers tout l’Hexagone et qui est à l’origine du projet, tout est clair. Il s’agit de broutards qui proviendront de tous les départements limitrophes et qui offrent une viande rouge dont les pays du Maghreb raffolent. Roquelaure représentera une halte sanitaire, de 40 jours maximum de manière à se conformer aux règles en vigueur concernant l’export, en particulier en matière de contrôles vétérinaires.

« Ce sera une quarantaine pour ces animaux dont la viande est exceptionnelle. Je vous garantis qu’ils seront dans un hôtel 5 étoiles, d’autant que cette ferme est reconvertie en bio. Ils seront sur de la paille ; et le fumier, on va le transformer en compost. Donc vous voyez bien qu’il n’y a rien d’industriel, au contraire tout est extrêmement écologique. D’ailleurs si je ne le faisais pas, d’autres le feraient à ma place ! » insiste celui qui est aussi agriculteur dans le Cantal et pour qui le nombre de camions ne sera pas multiplié à outrance.

De toute façon, le maire de la commune le souligne. Il veillera à l’entretien des voiries en cas de fortes dégradations constatées autour de cette exploitation de 270 hectares de luzerne réservée à l’alimentation des bêtes.

« Que des avantages » selon le maire de Roquelaure

« Moi je n’y vois que des avantages ! » se félicite ainsi Michel Baylac. « Tout cela va faire travailler un vétérinaire, les activités de transport, et en plus c’est loin des premières habitations. De toute façon, M. Croute ne fait que se mettre en conformité avec la législation qui demande une autorisation pour les exploitations entre 400 et 800 animaux. Mais au final, cela n’ira pas jusque-là. Au plus fort, il y aura 550 veaux ! »

Sur le site, Bastien l’ouvrier agricole de 26 ans qui est employé depuis décembre 2015, balaye les arguments de la Confédération paysanne selon lesquels il ne serait qu’à mi-temps et donc bientôt très occupé lorsque le troupeau sera au complet. « Comme M. Croute est agriculteur, c’est lui qui doit venir faire les vaccins. Pour le reste, finalement cela me prendra autant de temps, surtout que la distribution de la nourriture est mécanisée, mais ici c’est et ce sera bien plus qu’une ferme. C’est un centre d’allotement qui va permettre de les préparer au départ vers Sète et le Maghreb ! »

« Economiquement intéressant » selon la Coordination rurale

Voilà pourquoi les responsables de la Coordination rurale répètent à l’envi qu’ils soutiennent ce projet. Bernard Lannes, le président national qui habite la commune et Alexandra Launet, la présidente départementale ne disent pas autre chose. « La CR est opposée aux fermes usines mais dans ce cas, cela n’en est pas une du tout. A partir du moment où ce centre d’allotement va offrir la possibilité aux éleveurs gersois d’apporter leurs bêtes et donc de trouver un débouché plus intéressant que ce qu’ils ont d’habitude, on ne peut pas s’opposer à ce genre de projets qui présente un intérêt sur le plan économique. Pour eux l’avantage c’est qu’ils n’auront pas à mobiliser du temps et de l’espace sur leur exploitation. » Et Alexandra Launet d’estimer que les installations seront très surveillées par les services vétérinaires. Elle souhaite par ailleurs rencontrer Edmond Croute. De son côté Michel Baylac affirme qu’il n’entend pas « rentrer dans une polémique inutile avec qui que ce soit, mais je serai très vigilant sur ce qui se passera à l’intérieur ! »
 

Ci-dessous, pour l’ouvrier agricole qui est sur place depuis décembre 2015, ce projet ne lui donnera pas plus de travail.

Ci-dessous, c’est pour demander à la préfète de ne pas autoriser ce projet que les opposants ont manifesté devant la préfecture à Auch.

 

1 Commentaire(s)

  1. On a visité des exploitations d’engraissement de taurillons en 1983 de 3-4 et 5000 places…La Franc va mal car elle est incapable de s adapter, on voudrait rester au moyen age..

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