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Inondations du Var, il faut sauver Bettina

Les inondations du Var ont provoqué plusieurs drames humains, des vies perdues, d’autres bouleversées… Dans le cas de Bettina Bodin, éleveuse de poules à Figanières (près de Draguignan), ces inondations représentent l’ultime épisode d’un abominable feuilleton catastrophe en cette année 2019. Portrait d’une femme courageuse mais épuisée, digne mais obligée d’appeler à l’aide.

Pour aider Bettina Bodin avec sa cagnotte en ligne
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Il était une fois, il y a trois ans, une reconversion professionnelle. A l’origine secrétaire commerciale comptable, Bettina Bodin (aujourd’hui la cinquantaine) ne s’épanouit plus dans ce travail, au point qu’elle le quitte avec une plainte aux prud’hommes (qui ne sera jugée que ce mois de janvier), et elle trouve le salut dans l’élevage de poules. Elle se renseigne, se forme, étudie tout ce qu’il faut… Premier écueil, il lui faut deux ans pour trouver où s’installer, elle cherche partout dans le Var… Et finit par trouver dans son village, au pays des oliviers et des vignes, après une discussion dans un commerce qui lui ouvre la porte du terrain tant escompté.

La vie devait dès lors ressembler à un conte de fée. Travailler avec des poules comme elle le souhaitait, leur éviter l’abattoir après leur « carrière » de pondeuse ou de reproductrice en les replaçant chez des particuliers appréciant la présence d’une pondeuse, même devenue irrégulière après avoir beaucoup donné, dans leur jardin… Tout cela l’enchantait. La quête du bio également, tout comme avoir des pondeuses et des reproductrices, et différentes races.

D’abord, un vol de poules

Certes le conjoint de Bettina Bodin ne s’intéressait pas vraiment à cette activité… Mais surtout il est devenu un accidenté de la vie, la laissant seule, y compris financièrement, avec ses lourdes mensualités d’emprunts à rembourser, avec une banque refusant systématiquement de revoir les taux ou d’étaler le remboursement.

Et puis arrive le premier épisode de l’année du feuilleton catastrophe : un vol. Des pondeuses et des reproductrices disparaissent, sans parler du coup au moral, de voir les soins apportés aux poules avec cette forte vocation au bien-être animal réduit à néant pour les quelques dizaines de disparues…

Des pertes inattendues dues à la canicule de juin

Le deuxième épisode survient quelques semaines plus tard.

« Il y a eu la canicule en juin, explique-t-elle. Les « vieilles » poules ont résisté, mais pas les jeunes, alors que j’avais mis en place un système pour avoir toujours une partie de l’élevage qui arrive à maturité au fil du temps. De même, au départ, je ne voulais pas avoir des oeufs, mais il s’est avéré que leur vente assurait un complément de revenu.« 

Tant et si bien qu’elle a eu des pertes, par dizaines. Malgré l’abri de la part forestière de son exploitation en plein air, la canicule était trop forte, surtout pour les jeunes poules en entrée de pontes, une période où elles sont naturellement fragilisées. L’assurance a remboursé, mais uniquement la valeur des pertes, pas le manque à gagner. Or, dans son système, Bettina se retrouvait dès lors avec un « trou » pour l’automne, sans poule arrivant à maturité dans cette période pour qu’elle puisse en revendre.

La banque refuse un chèque pour le fournisseur, plus d’aliments pour nourrir ses poules !

C’est là qu’intervient le troisième épisode fâcheux. Ayant un revenu moindre et de fortes mensualités liées à son investissement de départ, Bettina Bodin s’est retrouvée « dans le rouge ». Et sa banque, la fameuse dont le nom aurait porté à croire qu’elle aide les agriculteurs, lui refuse un chèque à son fournisseur d’aliments. Aussitôt ce dernier retient la livraison : plus rien pour nourrir les poules ! « J’ai vendu quelques poules comme je pouvais pour retrouver des liquidités et nourrir les autres, explique l’éleveuse, mais le fournisseur de grains a refusé l’argent liquide. Or, si je le mettais en banque, avec les frais bancaires liés au refus du chèque représentant à eux seuls une demi-livraison d’aliments, il aurait été englouti sans pouvoir servir pour mes poules.« 

Et cette nourriture est essentielle, car nous sommes dans le cadre d’un élevage, pas de quelques poules qui pourraient picorer ce qu’elles trouvent dans un jardin : sans leur alimentation, les poules en question perdent l’énergie dont elles ont besoin pour une croissance régulière.

Les pluies diluviennes qui font déborder le vase déjà plein, les inondations

Mais alors qu’elle se bat pour sauver ses poules, Bettina Bodin connait un quatrième épisode catastrophe, les récentes inondations qui frappent le Var. « Pourtant, je ne suis pas proche d’une rivière, mais mon terrain a été complètement inondé, l’eau venait de la route, de partout… » A nouveau des pertes, et un terrain devenu inutilisable en l’état… « C’est fini, tant pis, j’arrête le bio, trop de contraintes, et si je veux survivre à de nouvelles inondations, il faut que mon bâtiment repose sur une dalle en dur, ce qui sort du cahier des charges bio.« 

Arrêter le bio, mais pas l’activité, ni son esprit. L’éleveuse est tenace. Elle veut repartir, racheter les individus qui lui manquent désormais pour rendre son élevage viable.

Au-delà, devant tant d’adversité, et malgré sa vigueur, Bettina Bodin s’est surprise à ressentir comme une forme d’envie d’abandon au moment des inondations… « C’était comme si j’étais spectatrice de mon déclin, sans plus rien avoir à faire… » A demi-mots, elle fait comprendre que les plus noires pensées l’ont envahies à ce moment-là.

Une cagnotte en ligne

Epuisée moralement, stressée financièrement, au bord de la détresse, Bettina Bodin ne pourra pas poursuivre sans aide, qu’il s’agisse de chaleur humaine ou d’aide matérielle.

Concrètement, elle doit remettre en état son terrain, faire couler une grande dalle en béton sur laquelle poser son bâtiment pour les poules (et donc faire appel à un entrepreneur qui s’occupe de cette opération), et investir dans un nouveau lot de gallinacés.

Ceux qui veulent la joindre peuvent la contacter à travers sa page Facebook Poules and Coqs. Elle a également ouvert une cagnotte en ligne où il est possible de l’aider directement.

Les photos de Bettina Bodin avec ses poules

Les photos du sinistre après l’inondation

1 Commentaire(s)

  1. Une pluie même forte n’est pas un raz de marée !
    Les départements les plus touchés par les inondations et les fortes crues sont ceux qui étaient en crise d’eau l’été dernier … Et c’est tout à fait logique : c’est justement parce qu’ils ne retiennent pas l’eau hiver que les crues sont gigantesques et comme ils n’ont pas retenues l’eau l’hiver ils n’en ont pas assez l’été … consternant mais logique !
    Pour réguler les crues il faut créer des bassins d’expansion et des retenues … les fameuses retenues que les DDT font détruire massivement sur toute la France (le projet est à 100 000 destructions d’ouvrage …) au nom de la continuité écologique des cours d’eau ! Une pluie même forte n’est pas un raz de marée quand elle est gérée le plus en amont possible des bassins versant avec des retenues, c’est quand on ne régule pas que « le raz de marée » se produit !

    Si on manque d’eau l’été c’est juste à cause d’une mauvaise gestion des pluies l’hiver!

    Le 23 11 2019 à 8h00 le débit de l’Ardèche à la Vallon-Pont-d’Arc était de 1380m3 par seconde

    1380m3 /sec c’est 5 millions de m3 par heure et 120 millions de m3 par jour

    Pour information la métropole de Bordeaux distribue 170 000m3 d’eau douce par jour soit 62 millions par an …

    En France la consommation d’eau (potable agricole et industrie) correspond à 2.5 % des précipitations … si les arbres régulent bien le climat c’est parce qu’ils captent 70% des pluies pour entretenir le cycle de l’eau l’été et donc évacuer la chaleur … Adoptons l’intelligence des arbres !

    Les anciens construisaient des barrages pour avoir de l’énergie propre et de l’eau … on sait maintenant faire des barrages et des turbines qui respectent la continuité biologique des cours d’eau … Le potentiel énergétique est énorme et on ne manquerait plus jamais d’eau …

    On devrait TOUS faire des réserves d’eau l’hiver pour épargner les nappes l’été : particuliers, villes, industriels, agriculteurs …

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