Dans l’Aude, les élus de la Piège et du Razès ne décolèrent pas. Désormais ils en appellent à la résistance des habitants de l’Occitanie et interpellent Emmanuel Macron. Ils sont déterminés à voir leurs communes réintégrer les zones défavorisées.
Cela ne semble pas être un baroud d’honneur. Les élus de la Piège et du Razès, dans l’Aude veulent toujours et encore que leurs 24 communes fortes de 5 000 habitants environ soient réintégrées parmi les communes hexagonales qui bénéficient du statut des zones défavorisées et de l’ICHN (indemnité compensatrice au handicap naturel). Ils viennent d’écrire en ce sens au Président de la République et aux trois députés audois. Car une première liste des communes exclues dans le département est parue, voilà quelques jours. Ce qui a permis aux édiles d’établir une carte sur laquelle les couleurs de l’exclusion et de l’entrée de communes du fertile Lauragais apparaissent nettement.
« On constate vraiment l’aberration, puisque nous sommes considérés comme étant dans la basse plaine de l’Aude. On se rend bien compte de l’énormité de la chose. Alors nous continuons de mettre la pression sur le gouvernement qui clairement joue la montre. Car il est hors de question de se laisser faire ! » tempête Brice Asensio, maire de Cazalrenoux.
Aussi les maires interpellent Emmanuel Macron pour savoir comment a pu être créée une telle situation, « alors que nos communes sont situées en moyenne à 400 mètres d’altitude avec des terres argileuses et caillouteuses et de fortes pentes« .
Au Président encore, ils rappellent les conséquences « funestes » d’une telle exclusion pour leurs 55 exploitations agricoles et ils prennent un exemple. « La famille Bromet, installée depuis les années 1950 à Cazalrenoux, a subi de plein fouet la crise du lait dans les années 1990. Ils sont criblés de dettes. Ils vivent à 4 avec 1 200 € par mois. L’ICHN leur a permis de faire un plan sur plusieurs années pour se reconvertir en bio et investir dans la transformation à la ferme. C’est grâce à l’ICHN qu’ils survivent. En 2021, sans cette aide, l’exploitation disparaitra. Comme eux, une trentaine d’autres suivra. Nous le refusons !«
Voilà pourquoi ils expliquent au chef de l’Etat que si le ministère de l’Agriculture ne revoit pas sa copie rapidement, ils réaliseront une étude pédologique contradictoire qu’ils transmettront à la Commission européenne. De plus, ils menacent déjà de poursuivre leur combat devant la Cour européenne de justice.
Enfin aux parlementaires ils expriment leur souhait de les voir défendre leur territoire dans l’hémicycle « et les critères objectifs de continuité territoriale et d’emploi« .
Ils comptent également sur l’action du député européen audois, de Narbonne, Eric Andrieu. Ce dernier a rencontré le commissaire européen à l’agriculture, Phil Hogan, pour évoquer ce dossier épineux des zones défavorisées, en particulier dans le Sud-Ouest. Puisque de nombreux maires et agriculteurs des départements du Gers et des Pyrénées-Atlantiques sont également mécontents des futures dispositions programmées pour le 1er janvier 2019. A ce titre, le commissaire a souligné que la première carte du ministre français de l’Agriculture, Stéphane Travert, n’était pas conforme aux attentes de la Commission européenne. « Parce que pour Bruxelles le problème est le choix des critères effectués par la France et l’interprêtation des règles européennes par le gouvernement français. Les services de la Commission attendent une nouvelle carte avec impatience ! » souligne Eric Andrieu. Et l’eurodéputé socialiste de glisser avec malice « la Commission européenne regrette de ne pas avoir été informée plus tôt par les autorités françaises des difficultés qui se présentaient à elle« .
En savoir plus : https://wikiagri.fr/tags/zones_defavorisees_ (tous nos précédents articles sur le même sujet).
Ci-dessous, les maires de l’Aude menacent de poursuivre leur combat devant la Cour européenne de justice.