En 2017, une équipe régionale (Bourgogne Franche-Comté) d’Arvalis – Institut du végétal met en place un essai « date de semis – stratégie désherbage du blé » pour évaluer l’impact d’une date de semis sur l’efficacité de différents programmes herbicides.
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Dans cet essai, trois dates de semis sont réalisées, avec des variétés adaptées :
– un semis ultra précoce, le 6/09/2017 avec Boregar, variété à montaison tardive,
– un semis « classique », le 28/09/2017 avec Syllon, variété à montaison demi précoce,
– un semis tardif, le 16/10/2017 avec Filon, variété à montaison ultra précoce.
Cet essai est implanté dans la commune de Marandeuil (Côte d’Or) en plaine de Dijon, sur une parcelle fortement infestée en vulpin (100 à 150 vulpin/m²). La préparation du lit de semences a été réalisée quelques jours avant le semis ultra précoce. Pour les autres dates de semis, aucun autre passage d’outils n’a été réalisé, et les faux semis ont été détruits au glyphosate deux jours avant chaque semis.
Plusieurs stratégies de désherbage sont testées à l’identique sur les trois dates de semis :
– une application unique à l’automne en postlevée précoce (1-2 F),
– deux applications d’automne en prélevée et postlevée précoce,
– deux applications d’automne en prélevée et postlevée précoce suivi d’une application de sortie hiver (SH),
– une application d’automne en postlevée précoce suivi d’une SH.
Cet essai a pour premier objectif agronomique d’évaluer l’impact du décalage d’une date de semis et ses conséquences sur le développement des vulpins, afin de répondre à certaines questions. A titre d’exemple : un semis ultra précoce peut-il étouffer la levée des vulpins ? Ou est-ce qu’un semis tardif peut diminuer la densité de levée des vulpins et donc envisager un programme herbicide plus léger ?
Le second objectif recherché est d’évaluer économiquement les différentes stratégies « dates de semis * programme herbicide ». Par exemple, un semis ultra précoce désherbé en double automne suivi d’une application de sortie d’hiver est-il plus rentable qu’un semis tardif désherbé seulement en SH ?
Les faux-semis de vulpins ont été particulièrement efficaces cette année, en raison de plusieurs facteurs :
• La faible dormance des graines de vulpins. Effectivement, plusieurs études montrent que le niveau de dormance est variable selon les conditions climatiques au moment de la maturation des vulpins. Lors des printemps chauds et secs (comme le printemps 2017), la dormance des graines de vulpin serait très faible permettant une forte germination des adventices dès le premier automne suivant (environ 50 à 80 % de germination possible du stock N).
• Un mois de septembre frais et correctement arrosé permettant d’avoir les conditions idéales pour faire germer les vulpins en grande quantité.
Figure 1 : Evolution du nombre de vulpins/m2 qui ont pu germer entre la première date de semis (D1) et la dernière (D3) et pluviométrie en mm
Le faux-semis le plus efficace est celui réalisé au moment de la date de semis tardive, avec la destruction de près de 120 vulpin/m². Il y a donc une diminution du stock semencier de la parcelle qui impacte l’infestation sur la date de semis tardive. A l’inverse, sur la date de semis ultra précoce, les vulpins ont levé simultanément avec les blés, le stock semencier en vulpins de la parcelle n’est donc pas réduit.
Levée des vulpins simultanément que les blés du semis ultra précoce.
Faux semis réalisé et détruit sur la date tardive.
Sur la photo « faux semis », on constate à la fois le niveau d’infestation de la parcelle en vulpin et l’efficacité du faux semis sur la date de semis tardive. Mais aussi l’intérêt de sa destruction soit mécaniquement ou chimiquement. Dans ce cas, la destruction au glyphosate permet d’éviter d’assécher le lit de semences par un travail du sol superficiel, surtout avec les conditions de semis séchantes de cet automne 2017.
L’infestation des vulpins est moins importante en date de semis classique et tardive par rapport à la date de semis ultra précoce. En effet, les comptages du nombre de vulpins/m² réalisés lors des traitements de postlevée précoce (1-2 F) des témoins non traités pour chaque date de semis, montrent une baisse de 64 % du nombre de vulpins/m² pour la date semis classiques et une baisse de 77 % pour la date de semis tardive par rapport à l’infestation de la date de semis ultra précoce.
Figure 2 : Nombre de vulpins/m2 dans les témoins non traités lors de chaque intervention
Infestation vulpin sur la date semis ultra précoce lors du traitement 1-2 F : 95 vulpins/m2.
Infestation vulpin sur la date semis classique lors du traitement 1-2 F : 35 vulpins/m2.
Infestation vulpin sur la date semis tardive lors du traitement 1-2 F : 22 vulpins/m2.
L’itinéraire technique, hormis le désherbage, est commun pour les trois dates de semis. Par contre, une attention particulière a été apportée vis-à-vis des pucerons et cicadelles au-delà de la persistance d’action du Gaucho. Avec les conditions poussantes d’octobre et un vol de pucerons important à cette période, deux relais insecticides ont été appliqués surla date de semis ultra-précoce a reçu et un sur la date de semis classique, car le seuil d’intervention de 10 % de plantes porteuse d’au moins un puceron a été atteint après le stade 4 feuilles du blé.
Un traitement antidicotylédones spécifique a également été réalisé sur la date de semis précoce, étant donné le grand nombre de géraniums levés en octobre. Les autres dates de semis n’ont pas reçu cette protection pour le moment.
De plus, un glyphosate a été appliqué pour les dates de semis classique et tardive afin de détruire le faux semis.
Toutes ces interventions seront comptabilisées dans la marge brute de chaque modalité.
Les applications de sortie d’hiver seront réalisées en même temps pour les trois dates de semis, dès que les conditions idéales seront réunies à partir de début février.
Neufs essais de ce type (dont 3 avec la date de semis ultra précoce) ont été mis en place par les différentes équipes Arvalis – Institut du végétal.