Pour exporter sa viande bovine, le Brésil a de plus en plus intérêt à ce que l’accord de libre-échange Europe-Mercosur soit ratifié.
Un tiers des exportations mondiales de viande bovine est d’origine sud-américaine. Les cinq pays du Mercosur exportaient jusqu’à 3,2 millions de tonnes équivalent carcasse (M téc) en 2018.
En 2028, le Brésil serait d’expédierait jusqu’à 2,4 M téc de viande bovine, soit 41 % de plus que l’an passé car le pays serait en mesure de produire 10,1 M téc, selon l’Institut de l’élevage (Idele). Le 5 décembre dernier, il avait organisé la 6éme édition « Grand angle viande 2019» et un de sujets traités portait sur le projet d’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur.
En 2018, un tiers des exportations mondiales de viande bovine est d’origine sud-américaine. Les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay et Venezuela) exportaient jusqu’à 3,2 millions de tonnes équivalent carcasse (M téc) en 2018.
A l’export, la Chine est un eldorado. Les ventes ont été multipliées par sept en dix ans, compensant largement les quatre années d’embargo imposées par la Russie.
Le marché européen reste convoité par les 5 pays membres du Mercosur même s’il porte sur des quantités bien inférieures à leur niveau de 2005. Plus de 750 000 tonnes équivalent carcasse (téc) avaient alors été exportées. L’an passé, les expéditions portaient sur 270 000 téc environ dont 70 % à droit réduit.
Même s’il n’absorbe que 7 % des exportations brésiliennes, le marché européen est deux fois plus rémunérateur (8 €/kg de viande désossée) que le marché chinois (4 €/kg). L’an passé, il a représenté 11 % de la valeur des expéditions de viande.
Mais la dévaluation du réal par rapport à l’euro rend la viande brésilienne plus compétitive que par le passé et donc plus rémunératrice pour les producteurs brésiliens payés en monnaie nationale. De plus, davantage de viande est disponible à l’export car la consommation de viande – 76 % de la production brésilienne – diminue au Brésil, la crise économique réduisant le pouvoir d’achat des ménages.
Le projet d’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur est « une occasion manquée pour un nouvel accord de nouvelle génération davantage en phase avec les questions environnementales et sociétales actuelles. Tel qu’il a été négocié, les règles européennes pourraient être remises en question », défend Jean-Luc Angot du CGEAR (ministère de l’agriculture).
En fait, deux philosophies inconciliables opposent les partenaires commerciaux.
Si le projet d’accord impose les normes commerciales en vigueur dans l’UE, portant sur la qualité sanitaire de la viande, aucune contrainte ne vise les conditions d’élevage des animaux brésiliens. Or en Europe, les normes en vigueur s’appliquent de « la fourche à la fourchette ».
Le CGEAR va présenter un rapport d’évaluation du projet d’accord entre l’UE et le Mercosur. Mais la France mène seule le combat contre l’ouverture du marché européen aux importations de viandes sud-américaines telles que le prévoit le projet d’accord commercial.
Les enjeux de ses partenaires européens sont avant tout industriels. Même l’Irlande, qui possède un important troupeau de vaches allaitantes, est peu motivée pour soutenir la position française.
Par ailleurs, si l’accord est approuvé et ratifié en l’état, il sera difficile de le mettre en œuvre. L’UE est une unité à part entière alors que le Mercosur rassemble plusieurs pays avec des législations nationales différentes les unes des autres.
Par ailleurs, en France, la viande bovine reste appréciée par les consommateurs, et même par les plus jeunes. La nouvelle génération de bouchers, des anciens cadres qui se sont réorientés vers des métiers qui ont « du sens » témoigne de l’intérêt que portent la majorité des trentenaires pour la viande. Ces nouveaux consommateurs achèteront moins de viande que leur parents mais ils restent très attachés à cette denrée et à l’image qu’elle porte.
Mais sans culture « agricole », ils idéalisent l’élevage. Les craintes à l’égard du produit font échos aux peurs alimentaires qui remontent à la nuit des temps.
Selon Nathalie Damery, de l’Obsoco, la certification, la labélisation (label rouge) et la réassurance sur les process d’élevage et d’abattage lèveront les freins à la consommation. La mise en oeuvre depuis deux ans du plan de filière s’inscrit dans cette évolution avec pour les producteurs, un développement significatif de la contractualisation et une reconquête du marché intérieur français de la restauration hors domicile.
Notre illustration ci-dessous est issue Adobe.
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Pour exporter sa viande le Brésil a besoin d’acheteur français … il faudrait rendre public le nom des entreprises qui viennent décharger les bateaux dans les ports français …