Le fonctionnement des fermes reposera sur un mix énergétique renouvelable avec des moteurs thermiques au gaz pour les gros travaux et des robots électriques pour l’agriculture de précision.
Ces prochaines semaines, New Holland va livrer six tracteurs T6 180 roulant au méthane. Ce gabarit propose un très bon compromis entre puissance et autonomie de fonctionnement. Sur une ferme, ce tracteur rend les mêmes services qu’un tracteur diesel équivalent. Un calculateur sur le site internet de New Holland évalue les économies sur le poste consommation de carburant et les quantités de CO2 qui ne sont pas émises. Si le méthane employé est du biométhane, le tracteur fonctionne alors en économie circulaire et les émissions de GES sont virtuellement nulles.
« Le méthane employé par le tracteur T6 180 est utilisé sous forme gazeuse (pression à 200 bars), explique Nicolas Morel, Responsable Marketing Produit Tracteur. L’autonomie de l’engin est de 4 à 8 heures, en fonction de la nature des travaux réalisés.
Actuellement, le prix de vente d’un tracteur au méthane est supérieur de 20% à celui d’un tracteur au gasoil, mais l’agriculteur qui alimente la machine au méthane ou au biométhane réalisera d’importantes économies. En contractualisant l’achat du gaz nécessaire pour faire fonctionner ce tracteur à gaz, son propriétaire maîtrisera durablement ses coûts d’utilisation. S’il s’agit de gaz produit par méthanisation, la durée des contrats conclus avec les agriculteurs-méthaniseurs pourra atteindre quinze ans.
Le T6.180 Methane Power s’intègre parfaitement sur des sites de méthanisation. Pour les méthaniseurs en injection réseau, tout le biogaz issu du digesteur est purifié avant d’alimenter les réseaux de gaz de ville. L’exploitant dispose alors du carburant nécessaire pour faire rouler son tracteur. Seule la station d’avitaillement doit être ajoutée.
S’il s’agit de produire de l’électricité et de la chaleur par cogénération, un petit module de purification sera ajouté en amont de la station d’avitaillement du méthaniseur.
Qu’ils soient alimentés par des effluents d’élevage ou par des couverts végétaux à vocation énergétique, les méthaniseurs permettent de valoriser le captage de CO2 par la photosynthèse et de conserver sur les exploitations les éléments minéraux fertilisants nécessaires aux cultures.
Leur production de gaz et d’électricité contribue ainsi à rendre les exploitations agricoles au moins neutres en énergie et à améliorer leur bilan carbone.
« La plupart des constructeurs ont présenté des tracteurs fonctionnant avec des énergies alternatives au diesel, rapporte Nicolas Morel. Dès 2009, New Holland exposait au SIMA le tracteur NH2 qui utilisait une pile à combustible et de l’hydrogène ». D’autres constructeurs ont présenté des concepts électriques à batterie, mais seul New Holland commercialise aujourd’hui le tracteur de série T6.180 Methane Power pleinement homologué.
Les limites de la solution électrique sur batteries résident dans la taille des batteries nécessaires pour assurer une journée de travail et dans le temps de recharge qui immobilise le tracteur plusieurs heures.
Les solutions sur batterie restent réservées à des usages sur des machines de puissance modérée (robots d’alimentation, valets de ferme…). Même avec une autonomie réduite par rapport à un tracteur diesel, le T6.180 Methane Power retrouve sa pleine autonomie en moins de 10 minutes, ce qui est essentiel lors des phases de travaux intensifs.
« Les moteurs diesel resteront dominants sur les machines agricoles pour les prochaines années, en particulier sur les machines les plus puissantes, affirme Nicolas Morel. Leur bilan carbone pourra cependant être amélioré avec l’usage des bio-carburants de 2ème génération (HVO, XTL…) qui associent une origine renouvelable, le respect des dernières normes antipollution et une intégration simple sur les machines ».
En ce qui concerne le carburant hydrogène, les développements liés à la pile à combustible vont prendre du temps pour la rendre abordable économiquement et plus endurante. Une solution pour commencer à utiliser ce carburant serait d’adapter les moteurs thermiques pour un usage soit 100% à l’hydrogène (comme chez Deutz ou JCB) soit en bicarburation diesel + hydrogène. Des tracteurs New Holland T5 Auto Command fonctionnent déjà sur ce principe aux Pays-Bas.
L’hydrogène permet de stocker de l’énergie issue de sources renouvelables (photovoltaïque, éolien ou thermolyse issue de biomasse). Cependant, cette énergie implique des infrastructures de production et de distribution qui n’existent pas aujourd’hui contrairement aux réseaux de distribution de gaz de ville (GRDF…) qui desservent actuellement plus de 10 000 communes en France.
Le T6.180 Methane Power marque un premier pas vers des parcs de machines « bas carbone », la technologie employée pourrait s’appliquer à d’autres plateformes de tracteurs ou à des matériels de manutention.
Frédéric Hénin