À proximité du littoral, l’entreprise Tual compte sur la diversité des situations de son territoire pour faire des économies d’échelle. Résolument généraliste en agriculture, la diversité de ses prestations lui assure du travail toute l’année.
Depuis la création de l’entreprise, nous n’arrêtons pas de croître chaque année. En tout, nous avons racheté environ cinq entreprises et nous gagnons chaque année des parts de marché avec des agriculteurs qui viennent d’eux-même par le bouche-à-oreille », analyse Jean-Michel Tual, qui a créé l’entreprise de travaux agricoles du même nom à Plomb dans le sud de la Manche en 1995, avant d’être rejoint deux ans plus tard par son frère Christophe devenu depuis associé de la SARL. L’entreprise compte aujourd’hui une vingtaine de salariés permanents et se déploie sur trois sites qui permettent aujourd’hui aux entrepreneurs de jouer sur la complémentarité des secteurs en matière de climatologie et de maturité, dans un rayon de trente kilomètres. « Proche du littoral de la côte Ouest de la Manche, nous sommes dans un secteur assez fortement arrosé, avec des micro-climats et des précocités différentes, complète Jean-Michel. Au fur et à mesure que nous avons élargi notre zone d’action, nous avons pu faire jouer de mieux en mieux ces décalages dans la gestion des travaux. Nous n’hésitons pas à placer toutes les machines dans un secteur quand une fenêtre météo se présente. Avec les décalages de maturité, nous parvenons aussi à étaler les campagnes comme celle de l’ensilage de maïs, du 25 août au 30 octobre pour un parc de huit machines. Depuis notre dernière acquisition d’entreprise, nous réalisons aujourd’hui avec douze machines, le même travail que nous aurions réalisé auparavant avec quinze. Ceci avec la même réactivité et le même service pour le client ».
Les entrepreneurs poussent même la démarche encore un cran au-dessus lors des moissons en faisant participer quelques machines à une petite transhumance en partenariat avec quatre autres ETA (dont deux situées sur des secteurs plus précoces et deux dans des secteurs plus tardifs). Ceci afin d’accroître encore le temps de travail des machines au cours d’une saison.
L’ensemble des travaux proposés
Cette réactivité et ces gains de compétitivité ont cependant un prix. « De 8 h jusqu’à la fermeture de mon téléphone « client » à minuit, je passe mon temps à gérer les plannings à suivre les chantiers et à trouver des solutions lorsque tout ne se passe pas comme prévu », explique Jean-Michel. Ce travail d’organisation reste bien difficile à partager avec une tierce personne car il faudrait avoir en permanence le même niveau d’information ce qui s’avère difficile. Jean-Michel a testé les calendriers électroniques synchronisés, mais il a finalement préféré revenir au papier, au crayon et à la gomme qu’il use à raison d’une vingtaine par an. L’avantage de ce système en revanche c’est qu’il n’y a pas de temps mort. « Nous sommes exigeants avec nos chauffeurs, nous leur demandons de la rigueur de la discipline et du professionnalisme. Dès qu’ils appellent à la fin des chantiers, je trouve toujours un nouveau travail à leur apporter. J’essaye d’avoir plusieurs coups d’avance ». C’est aussi en vue de saturer au mieux la main d’oeuvre disponible, que les entrepreneurs sont très généralistes dans les prestations agricoles proposées. « Aujourd’hui, nous réalisons l’ensemble des travaux agricoles possibles dans le secteur, mis à part la pomiculture, détaille Christophe Tual. Lorsqu’il pleut, nous faisons travailler les chauffeurs sur les débroussailleuses par exemple. En hiver, chacun participe au nettoyage des machines ou à la mécanique. Dans nos projets de bâtiment, nous comptons aussi sur nos propres ressources en morte-saison, quitte à avancer moins vite ». Les entrepreneurs concoctent des nouveautés pour leurs clients tous les deux ou trois ans environ. La dernière en date a été de proposer des chantiers d’arrachage pour les betteraves fourragères à partir de l’automne de 2016. La prestation de culture de betterave de A à Z mise en place depuis cette année seulement a trouvé son public, avec 80 ha contractualisés et semés cette année. « Beaucoup ne veulent pas se compliquer la vie avec cette culture qui représente pour chaque éleveur des surfaces assez faibles », souligne Jean-Michel.
Texte et photo: Alexis Dufumier