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Ukraine, beaucoup d’interrogations sur la baisse des surfaces d’hiver

La sécheresse sévère a fortement réduit la superficie ensemencée de blé d’hiver pour la campagne de commercialisation 2016/2017 en Ukraine. Les semis d’hiver sont presque terminés dans le pays et au 4 décembre dernier, ils atteignent 6,6 Mha selon le ministère de la politique agricole et alimentaire, soit seulement 90 % des prévisions. Ce qui correspond à une baisse de 13 % par rapport à la même date l’an dernier.

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Baisse de la superficie ensemencée

Au 3 décembre 2015, la superficie en orge d’hiver accusait une baisse de 18 % par rapport à 2014 et un retard de 14 % par rapport aux prévisions de semis. Rappelons toutefois que l’orge d’hiver ne représente généralement que 30 à 40 % de la superficie totale d’orge du pays. Les blés étaient semés sur 4,7 Mha, soit 83 % des intentions de semis. L’an dernier la superficie ensemencée avait atteint 6,6 Mha.

Des semis réalisés dans des conditions difficiles

L’est et le sud de l’Ukraine ont reçu peu de pluies entre septembre et la première semaine de novembre. La sécheresse s’est prolongée tout au long des semis, entravant le bon déroulement des travaux d’ensemencement et la levée des cultures. L’imagerie par satellite indique que l’humidité au sol était inférieure à la normale en septembre, avec une accentuation courant octobre. L’est de l’Ukraine (zone de steppe) est plus sévèrement touché (figures 1 et 2). Cette zone produit environ 50 % de la production totale de blé du pays. D’importantes pluies sont tombées dans tout le pays au cours de la deuxième semaine de novembre mais l’humidité au sol reste faible sur de nombreux territoires.


Figure 1 : pourcentage des pluies par rapport à la normale entre septembre et décembre 2015
Source : World Ag Weather


Figure 2 : zones agro-climatiques en Ukraine
Sources : Hydromet Center of Ukraine, USDA

Quelles conséquences pour la campagne 2016/2017 ?

Les pertes liées aux conditions météorologiques au cours de l’automne et de l’hiver sont un facteur déterminant pour la production totale de blé. Mais, en raison du rôle dominant de la météo au printemps, il serait prématuré de prévoir une baisse significative du rendement en fonction des conditions actuelles. Les pertes pour la campagne de commercialisation 2016/2017 ne seront déterminées qu’à la reprise de la croissance végétative des cultures, au printemps prochain.

Selon le Centre d’hydrométallurgie en Ukraine, il y a une forte probabilité pour que seules 25 à 40 % des cultures d’hiver entrent en période d’hivernage dans des conditions optimales. A l’inverse, 15 % de la superficie totale ne devrait pas lever. Une part relativement faible de la production semée en automne (en général pas plus de 6 %) ne parvient pas à survivre en raison principalement du temps excessivement sec ou d’un gel hivernal, ou les deux.

Quelles alternatives pour compenser les pertes en cultures d’hiver ?

D’après les données préliminaires des semis d’hiver, la superficie totale des cultures d’hiver pour la campagne de commercialisation 2016/2017 pourrait diminuer d’au moins 1,6 Mha par rapport à 2015/16 : elle atteindrait donc 7,3 Mha. En supposant que 0,4 Mha des cultures d’hiver ne survivra pas (estimation prudente basée sur des données historiques), la surface disponible pour les semis de printemps pourrait augmenter d’au moins 2 Mha par rapport au niveau de l’an dernier.

Au cours des trois dernières années, la superficie des blés de printemps en Ukraine a à peine dépassé 150 000 hectares (environ 2,5 % de la superficie totale de blé) : il semble peu probable qu’elle augmente de manière significative cette année.

La superficie ensemencée en orge de printemps, qui était traditionnellement la culture choisie par les agriculteurs pour compenser les pertes liées au gel hivernal (winterkill), a été en baisse constante depuis six ans, quelle que soit la superficie perdue au cours de l’hiver.

Quant à la superficie de maïs, elle a culminé à 4,8 Mha en 2013 et a légèrement diminué en 2014, à 4,6 Mha. Le coût de la production pour le maïs est le plus élevé de toutes les grandes cultures en Ukraine. La forte augmentation du coût des intrants (semences, engrais et produits chimiques) a contribué à une réduction de la superficie de maïs pour 2015/2016 à 4 Mha.

A ce jour, les surfaces perdues par le gel hivernal (winterkill) devraient être compensées par des cultures oléagineuses, la perte des surfaces en céréales est fortement envisagée à ce jour en Ukraine. A suivre.

Aurélie JARLEGANT (France Export Céréales)

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