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Toulouse remplace ses tondeuses par des moutons pour couper le gazon

Depuis le 12 avril et jusqu’à la fin de ce mois, des moutons remplacent les tondeuses sur une zone verte située à l’entrée est de la ville rose. Cette initiative d’éco-paturage est une expérimentation, mais qui pourrait se développer sur d’autres points de la cité.

Depuis le 12 avril dernier on ne peut plus réellement dire qu’il n’y a pas tant de moutons que cela à Toulouse. 80 d’entre eux ont en effet élu résidence sur la zone verte des Argoulets qui serpente le long du périphérique Est. Originaires du Pays basque, ces manechs à tête et pattes noires ont pour mission de paître de part et d’autre de cette vaste étendue de 33 hectares et ainsi de remplacer les tondeuses et autres produits chimiques. Organisée par la municipalité, cette démarche volontariste en faveur de l’écopâturage est pour l’heure une expérimentation, mais elle satisfait déjà les élus.

Méthode alternative et complémentaire à l’action des jardiniers

« C’est une méthode alternative et complémentaire à nos jardiniers. Les moutons tondent par devant et fertilisent par derrière. C’est très agréable à voir, très apaisant et pédagogiquement c’est génial, les gens posent beaucoup de questions ! » se réjouit Marie-Pierre Chaumette, adjointe au maire divers droite. En effet la mairie de Toulouse insiste pour dire que cette expérience sensibilise le public à l’environnement et à la biodiversité. D’ailleurs des animations ont lieu toute la journée à la grande satisfaction d’un public médusé devant un tel spectacle offert en zone urbaine.

Il faut dire que rien ne résiste à l’appétit de cette race ovine élevée entre autres pour son lait utilisé dans la fabrication du fromage. Rustiques et bien adaptés à la pratique de l’écopâturage, ces moutons blancs et cornus avalent tout, y compris les chardons. Pour autant la flore est préservée car ils ne mangent pas les racines. La nuit, le troupeau (qui est encadré par deux chiens patous et deux border collie) reste sur le site dans un enclos dédié et électrifié. Surtout, ces animaux bénéficient en cas de besoin des soins d’un vétérinaire situé à Verfeil, un village de l’agglomération toulousaine.

« Les avantages sont nombreux », c’est le berger qui le dit !

Et puis Eric Lasportes, le berger, les surveille tout particulièrement. « Il n’y a que des avantages à l’utilisation de moutons. Outre le fait qu’ils sont capables de tout raser, ils enrichissent la terre grâce à la fermentation de leurs excréments, le sol est mieux aéré et favorise des pousses très riches, donc c’est toute une vie qui se remet en activité. En plus par rapport à une fauche mécanisée régulière, le pâturage génère une hétérogénéité dans la végétation et crée des micro-habitats pour la faune » se félicite-t-il. « Tous les jours je vois des gens qui viennent passer des heures ici, juste pour pique-niquer et s’émerveiller. C’est un événement pour tout le monde. »

Le tout est mis en musique par un prestataire de service breton. C’est lui qui a prévu toute la logistique nécessaire à l’opération. Car en dépit de ses 400 personnels, jardiniers, fontainiers ou menuisiers, le service des espaces verts de la ville ne dispose pas de berger. Pourtant à Toulouse moutons et brebis n’ont pas toujours été totalement absents. Au XIXe siècle puis au début des années 1900, il n’était pas rare d’apercevoir des troupeaux paître plus proche du centre-ville, sur la prairie des Filtres, qui borde la Garonne.

Dans quelques jours l’expérience prendra fin. Eric Lasportes repartira avec ses petits protégés entretenir une centrale photovoltaïque dans le Gers. Mais si cette venue en terre toulousaine est jugée concluante, il se pourrait qu’une quinzaine de sites accueillent à leur tour des moutons et leurs bergers et ainsi faire de la métropole d’Occitanie un territoire très tourné vers une solution originale et écologique, comme de nombreuses collectivités et entreprises en France.

Des moutons broutent aussi à Bruguières

Depuis le début de l’année dernière des moutons sont également présents à Bruguières, une petite commune au nord de la banlieue toulousaine. Précisément ils entretiennent l’enceinte de l’entreprise Glassolutions, spécialisée dans la transformation de produits verriers au sein du groupe Saint-Gobain.

Tous les jours ces animaux vont et viennent au coeur des 6000 mètres carrés de terrain, pour le plus grand plaisir des 23 salariés. « Au départ tout le monde souriait beaucoup. Mais aujourd’hui c’est très positif, y compris pour nos clients comme pour des entreprises voisines qui viennent voir de quoi il s’agit », raconte Damien Vantard, le directeur du site. « On voit bien que cela permet un entretien très régulier et le coût de la tonte revient un peu moins cher qu’une tondeuse. C’est très apaisant aussi, on les voit passer, c’est sympa et le caractère non polluant colle parfaitement avec l’image de notre entreprise. » Au total dix moutons d’Ouessant sont occupés à la coupe de l’herbe. Mais ça et là quelques touffes subsistent. Ce sont les chardons, car ils sont incapables de les croquer. Quant à la bergère, elle n’est pas sur place dans la mesure où elle se partage entre plusieurs sites sur lesquels se trouvent d’autres ovins. Pour autant elle surveille leur état de santé et se précipite dès qu’une situation particulière survient comme une naissance.
 

Au XIXe siècle puis au début des années 1900, il y a avait déjà des ovins en centre-ville de Toulouse, sur la prairie des Filtres.

A Toulouse, ces 80 moutons de race Manech font le bonheur des enfants comme des parents.

En banlieue toulousaine, dix autres moutons arpentent l’enceinte de l’entreprise Glassolutions.

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