Le collectif « Touche pas à mon vigneron », avec pétition à la clef, existe depuis moins d’une semaine, mais déjà il fait le tour d’internet. WikiAgri a interviewé Louise Massaux, juriste à l’origine du mouvement, pour comprendre en quoi les viticulteurs sont menacés après la remise d’un rapport remis au gouvernement.
Tout commence donc par ce rapport, rédigé par le professeur Reynaud, et titré « Les stratégies validées de réduction des dommages liés aux addictions« . Il y est question de préconisations pour lutter contre les addictions, en particulier contre l’alcool et la drogue.
« Ce qui m’a choquée, commente Louise Massaux, juriste professeur de communication digitale enseignant notamment l’utilisation des réseaux sociaux aux vignerons, c’est le fait que le vin soit englobé dans l’alcool pour toutes les mesures prônées. Il n’est établi aucune différence entre le vin, toute la culture qui l’accompagne, et n’importe quel alcool. » Selon les préconisations du rapport en question, des taxes supplémentaires doivent alourdir le prix des alcools et des vins ; plus une autre taxe « marketing » sur toutes les formes de promotion (de telle façon que pour chaque euro dépensé en publicité il faille verser un euro pour cette taxe) ; enfin, il deviendrait interdit de faire quelque promotion que ce soit sur internet, en particulier sur les réseaux sociaux.
Trois mesures que Louise Massaux a décidé de combattre avant qu’elles ne deviennent propositions concrètes du gouvernement, grâce à une pétition en ligne. « Cette pétition est apolitique, il ne s’agit pas de critiquer qui que ce soit pour ce qui est fait aujourd’hui, mais d’éviter que ce rapport ne devienne une politique gouvernementale. Pour vendre du vin aujourd’hui, comme pour tout produit du terroir ou d’origine agricole, ou tout autre produit, il faut pouvoir en assurer la promotion. Financièrement, et aussi sur internet, où les réseaux sociaux sont devenus un relais indispensable. »
Dans un souci de transparence totale, la pétition donne accès (avec un lien) au rapport Reynaud dans son intégralité. Voici quelques morceaux choisis de sa rédaction : « Les vignerons sont avant tout des agriculteurs et non des industriels dont les engagements écologiques, qualitatifs et économiques font la renommée de notre pays tant à l’export qu’auprès de nos compatriotes. Ramener tout un pan de notre culture et de notre économie à des dealeurs d’alcool c’est aussi nier à nos vignerons le droit d’être fiers de leur travail et de leur engagement. (…) Parier que les vins français, par leur seule renommée et sans aucune communication, continueront à être achetés de par le monde est un leurre. La production s’améliore partout et nous devons pouvoir communiquer sur notre savoir-faire afin de sauvegarder nos exportations. (…) Ce rapport préconise également de taxer 1euro pour 1 euro engagé – au prorata des investissements en opérations marketing, communication notamment. Nous tenons fermement à nous opposer à ce type d’actions. Déjà encadrées par la loi Evin, les campagnes marketing, mises en place par les acteurs de la profession, visent à défendre les aspects qualitatifs de nos vins et ne vantent en aucune façon les comportements abusifs. Non contents de devoir trouver les budgets pour parler de nos vins, nous devrons payer ce droit d’expression.«
Et je vous engage à suivre le premier lien ci-dessous pour lire la pétition dans son ensemble, fort bien rédigée, et effectivement propre à défendre les droits des viticulteurs et vignerons dans leur nécessaire communication. Nous vous tiendrons informés des suites de cette initiative.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Pour en débattre, rendez-vous ci-dessous dans l’espace « Ecrire un commentaire ».
En savoir plus : https://www.change.org/fr/p%C3%A9titions/sauvons-le-droit-d-expression-de-nos-vignerons (lien vers la pétition et ses explications) ; https://www.facebook.com/TouchePasAMonVigneron (page Facebook pour suivre les infos sur le sujet) ; @TPAMV (compte Twitter).