Le semoir combiné, l’attelage historique d’un semoir et d’une herse rotative, n’a rien perdu de sa pertinence face aux semoirs simplifiés. Quitte à troquer la herse contre d’autres outils de préparation et renforcer ainsi sa polyvalence.
En 1984, un nouveau constructeur fait irruption dans le paysage du machinisme agricole. L’un de ses toutes premières machines est un semoir capable de semer sous mulch. Vous aurez identifié Horsch, le Sem-Exact et sa fraise rotative scalpant le sol sur quelques centimètres et recouvrant des semences jetées à la volée. En France, le semoir part à la conquête du croissant argilo-calcaire avec l’ambition de rogner significativement dans les coûts d’implantation. Créant des déceptions ici et là, le concept sera finalement abandonné mais le constructeur poursuivra sa quête d’innovation et de simplification, dont sortira le Pronto. Quelque 30 ans plus tard, au Sima 2015, Horsch présentait l’Express 3 KR, un semoir combiné à une herse rotative en 3 m, autrement dit un matériel qui, par ses dimensions et sa conception, est l’archétype du semoir pas tout à fait séculaire mais presque ! Il ne s’agissait pas tout à fait d’une première puisque certaines versions de Pronto étaient déjà associés à une herse rotative. L’Express TD présenté il y a quelques années faisait quant à lui dans la petite largeur (3 m et 3,5 m) mais combinait une double rangées de disques et un rouleau FarmFlex de 550 mm de diamètre à l‘élément semeur Turbodisc. N’y voyez pas un quelconque signe de machine arrière pour le constructeur mais la simple volonté (ou nécessité) de semer large, marché oblige. Le constructeur allemand n’est pas le seul. Le franco-polonais Agrisem, promoteur de techniques de semis diverses et variées (semoirs directs, par recouvrement, à disques et à dents), dispose également avec l’Actimulch d’une herse rotative à son catalogue, pouvant se substituer à l’élément de préparation à disques Disc-O-Sem pour se transformer en combiné Actisem Silver P.
C’est que le semoir combiné résiste plutôt bien aux assauts de la simplification. Des cours qui valorisent l’investissement en temps et en carburant (labour inclus), des appréhensions techniques et économiques quant à la transition vers la simplification ou le semis direct, une capacité certaine à se jouer des aléas climatiques lors des implantations tardives d’automne, une solution toute faite à la problématique des adventices récalcitrantes et des résidus en présence constituent autant d’arguments sensibles pour les producteurs et par extension pour leurs fournisseurs. Sulky, qui a logé dans une division spécifique (Sky Agriculture) ses matériels de semis direct et simplifié, n’en néglige pas pour autant sa gamme traditionnelle. Au dernier Sima, le constructeur a présenté une nouvelle combinaison de son semoir pneumatique Xeos Pro, empruntant le chemin inverse des deux constructeurs cités plus haut. Associé jusqu’à présent à une herse rotative Cultiline HR, le semoir peut désormais être combiné au Cultiline XR constitué de deux rangées de disques de 415 mm de diamètre et disposés en croix, précédant une herse peigne niveleuse. Cette combinaison autorise un travail sous mulch pour atteindre une vitesse de travail de 12 à 15 km/h, sans s’interdire une permutation du module de disques par une herse rotative lorsque, par exemple, les conditions deviennent humides en fin de saison.
Présenté au Sima 2015 en remplacement du Speedliner, l’Espro avait été auréolé à sa sortie du titre de « machine de l’année 2015 » dans la catégorie sol et semis. Son originalité ? L’alignement de roues de grand diamètre (900 mm), décalées et dotées de crampons prédominants pour affiner le lit de semences en réduisant l’accumulation de terre. A l’avant, prennent place deux rangées de disques déchaumeurs (460 mm). A l’arrière, la barre de semis Crossflex compte deux rangées de disques chargés d’ouvrir les sillons et d’incorporer les débris végétaux. La régularité de la profondeur de semis est garantie par le montage de la barre de semis sur des plots en polyuréthane. En équipement facultatif, l’Espro peut recevoir une rangée de roues de rappui avec pression ajustable depuis la cabine. L’Espro 4000R repliable complète les versions 3000 et 6000R. La conception de l’Espro en fait un semoir rapide, peu exigeant en puissance (140 ch pour la version en 4 m) et polyvalent, tant en ce qui concerne la variété des espèces que les itinéraires de préparation. Les réglages sont simples et rapides car regroupés et via des cales sur les vérins hydrauliques. En cabine, la gestion du semis s’opère au moyen des terminaux CCI 200 ou VT 50. Certifié Isobus, l’Espro assure l’implantation des cultures jusqu’en bord de champ grâce à la séquence de demi-tour automatisée intégrée.
Les combinés bénéficient également des évolutions techniques apportées aux outils animés. Toujours au Sima, Pöttinger par exemple a présenté sa nouvelles gamme de herses rotatives, plus légères et moins exigeantes en puissance (lire l’encadré). L’attelage d’un trémie à l’avant du tracteur est une autre option destinée à contenir l’exigence de puissance (relevage et traction) tout en allant quérir des surplus d’autonomie de chantier le cas échéant. Le même constructeur avait présenté à l’Agritechnica 2013 l’Aerosem série 1002, un semoir capable de semer indifféremment des cultures en ligne comme des espèces monograine, en combinant des têtes de distribution distinctes pouvant en prime servir l’incorporation d’engrais en version monograine. Outre la polyvalence et l’efficience des combinés de semis les constructeurs soignent également l’ergonomie. Chez Amazone, la nouvelle génération de semoirs AD-P Special adopte le système de dosage électrique développé sur les appareils non conventionnels, avec en point d’orgue le terminal TwinTerminal 3.0 fixé par un support magnétique à proximité de la distribution et qui permet d’éviter les montées et descentes en cabine lors de l’étalonnage. Le semoir combiné ne manque pas de (bonnes) combines…
Chez Väderstad, la gamme Spirit caractérise des semoirs conventionnels à grande vitesse, capables d’intervenir sur sols travaillés en profondeur comme sur ceux traités en simplifié. La suite d’organes de préparation et de mise en terre voit se succéder deux rangées de disques (450 mm) type Carrier, précédées ou non de lames niveleuses Crossboard, de grandes roues (820 mm X 400 mm) décalées, porteuses et rappuyeuses, une ligne de semis composée de doubles disques (380 mm) décalés en forme de V, des roues decompactage (380 X 65 mm) et une herse suiveuse. Un concept jusqu’à présent réservé à des matériels de grande largeur et que Väderstad décline désormais en version 3 m et 4 m, sous la dénomination Spirit R 300-400S. Le semoir reçoit la distribution électrique Fenix III, capable de semer entre 1 kg et 500 kg/ha à la vitesse de 15 km/h. Les Spirit R 300-400S sont par ailleurs équipés du compteur de semences SeedEye, que Väderstad à présenté à l’Agritechnica 2015. Le comptage s’opère au moyen de capteurs à cellules photoélectriques, disposés dans les tuyaux de semences. Väderstad crédite cette technologie d’une précision de 98 à 99 % en présence de céréales distribuées à raison de 250 graines par seconde, supérieure à celle offerte par le calcul du poids des semences. Réglable en continu, la densité de semis est déterminée depuis la console en cabine, le système comparant la valeur de consigne à la valeur réelle. Au passage, SeedEye fait bien évidemment office de calibrage. Doté d’une trémie de 2800 l posée sur un châssis à poutre centrale, le Spirit R 300-400S est disponible en 12,5 cm et 16,7 cm d’écartement de lignes de semis.
Texte Raphaël Lecocq