L’abondance des récoltes de 2015 ne fait pas le bonheur des céréaliers d’Orama. Avec des prix de vente inférieurs aux coûts de production, leurs revenus sont dans le rouge. Aussi, poursuivre en 2016 la convergence des aides, telle qu’elle a été envisagée l’an passé par le ministère de l’Agriculture et accroître le paiement redistibutif des 52 premiers hectares ne pourraient qu’aggraver la situation économique des exploitations.
Arrêtons de tirer sur l’ambulance ! Avec des revenus négatifs en 2015, les conditions ne sont pas réunies, selon Philippe Pinta, président d’Orama (Agpb, Agpm et Fop), pour poursuivre cette année et jusqu’en 2019 la convergence des aides Pac engagée l’an passé dans le cadre de la mise en œuvre de la réforme de 2015 / 2020 de la Politique agricole commune.
Avec des exploitations céréalières de 120 hectares en moyenne, la perte de revenu a été 4.000 € après Msa Orama l’an passé.
La conjoncture défavorable des marchés des céréales durant 2015 a aggravé le manque à gagner généré par la première étape de convergence des aides Pac. Aucun céréalier n’a été épargné.
Il ne s’agit pas, selon les producteurs de céréales d’Orama, de contester le redéploiement des aides en faveur des filières animales, mais de ne pas être doublement pénalisés par une baisse des soutiens publics qui s’ajoutera, cette année encore, à des prix de vente déprimés. Or ces derniers ne couvrent même pas les coûts de production des céréales cultivées.
Telle qu’elle a été conçue pour 2015/2020, la poursuite du paiement redstributif et de la convergence des aides des céréaliers conduirait en 2016 à une nouvelle perte de :
– 2 700 € environ pour 150 hectares déclarés (soit 15,8 € par hectare), dotés d’un Dpu (droit à paiement unique) moyen de 300 € notifié en 2014 (aide de au-delà de 52 hectares passée à 231 € et un paiement redistributif de 51 €/ha) ;
– 3 200 € environ pour 250 hectares déclarés (soit 15,2 €/ha), dotés d’un Dpu moyen de 250 € notifié en 2014 (aide au-delà de 52 ha passée à 202 € et un paiement redistributif de 51 €/ha).
Le rééquilbrge des aides, tel qu’il est engagée depuis 2015, pénalisera encore plus, comme l’an passé, les céréaliers en zones intermédiaires, où les exploitations, de plus grande dimension, étaient dotées de Dpu historiques plus faibles que dans le grand bassin parisien.
En effet, dans les exploitations de 250 ha, la majoration des 52 premiers hectares atténuera partiellement les prélèvements opérés. Et malgré la convergence des aides opérée sur les paiements de base, le mode de calcul des paiements verts reproduira en grande partie les inégalités d’avant 2015 entre les entreprises semblables, puisqu’il repose sur la valeur des Dpu historiques. Or moins ces derniers sont élevés, plus les paiements verts sont faibles et réciproquement.
Par exemple, pour 250 ha dotés d’un Dpu moyen de 300 €, la convergence conduirait un à manque à gagner en 2016 de 5400 € (21,6 €/ha) environ mais l’exploitation restera dotée de 7.000 € d’aides en plus (contre 8 500 € en 2015) que dans le cas de figure précédent (250 hectares avec un Dpu moyen de 250 €).
L’idée dépendue par Orama le 19 janvier dernier consiste à poursuivre la convergence des aides sans accroître le montant redistributif des 52 premiers hectares, autrement dit, en le maintenant à son niveau de 2015, soit 26 €/ha. Ce qui reviendrait à restreindre le redéploiement des soutiens publics à une redistribution entre le paiement vert, qui augmenterait d’année en année, et le paiement de base qui diminuerait.
Ainsi, pour notre exploitation de 150 ha dotés de Dpu de 300 € en moyenne, la perte ne serait plus que de 2 240 € environ. Et pour une exploitation de 250 ha avec un Dpu moyen de 250 €, la baisse serait quasiment nulle.
Quant aux paiements verts, Orama a souligné que la valeur du service environnemental rendu par les céréaliers est identique dans toutes les régions. Aussi, pourquoi ne pas revenir sur leur mode de calcul en fixant par exemple des montants identiques par hectare et croissants durant la période de transition au rythme de la convergence des paiements de base ? (voir infographie en fin d’article)
Les effets pervers de la convergence des aides étaient connus lorsque le dispositif a été mis en place mais la conjoncture des marchés les a semble-t-il rendus insupportables.
Ci-dessous, évolution du montant des moyen d’es aides directes par hectare d’une exploitation de 250 ha en zone intermédiaire jusqu’en 2019. Base de calcul : le montant moyen du Dpu en 2013 de la ferme France. Dans cette infographie, le montant du paiement vert est quasiment identique car la simulation a été réalisée en se référant au montant moyen du Dpu de la ferme France. Aussi, il est fixe et ne converge pas.