Les pulvérisations d’automne sur céréales sont soumises à de nombreuses contraintes pour les entrepreneurs de travaux agricoles. Utiliser des fonctionnalités ciblées des adjuvants constitue une vraie solution pour garantir une meilleure efficacité tout en préservant ses débits de chantier.
Sol nu, pluviométrie, matières actives, couvert végétal peu dense… Les chantiers de pulvérisation d’automne doivent répondre à différentes contraintes. En parallèle, il existe sur le marché des adjuvants qui par leurs fonctionnalités constituent une véritable trousse à outils. Les propriétés d’étalement, d’adhésivité, de rétention en surface ou de limitation de la dérive font partie de tout un panel de solutions qui peuvent être combinées. Parmi l’ensemble des solutions possibles il en existe qui sont particulièrement adaptées aux chantiers exigeants que sont les pulvérisations d’automne sur céréales. L’intérêt est double pour sécuriser l’efficacité du produit avec des débits de chantier plus importants.
S’agissant des herbicides d’automne anti-graminées, leur mise en œuvre est devenue de plus en plus incontournable dans les itinéraires techniques. En effet, la pression en ray-grass et en vulpins est importante dans de nombreux secteurs avec parfois des phénomènes de résistances aux familles d’herbicides de sortie d’hiver (famille type inhibiteurs d’ALS). Par ailleurs ils représentent un enjeu important à un moment clé où se joue le nombre de talles en sortie d’hiver. En outre, une mauvaise gestion des populations à l’automne est potentiellement préjudiciable à l’échelle de toute la rotation.
Toutefois ces traitements d’automne sont exigeants. Ils agissent le plus souvent par contact sur le sol ou par absorption racinaire, dans les premiers centimètres du sol. « Cela nécessite d’employer efficacement la bouillie pour optimiser la répartition en surface du sol. La bouillie doit également résister dans le temps ainsi qu’aux pluies abondantes en cette période, constate Jean Lagrue, formateur Agridyne et spécialiste de la qualité de pulvérisation chez De Sangosse. L’obtention d’une telle qualité de pulvérisation n’est pas toujours facile.
La qualité de répartition au sol diminue notamment fortement dès que les débits de chantier s’accroissent et que les volumes de bouillie à l’hectare sont plus faibles. Un sol motteux constitue un risque supplémentaire de mauvaise répartition ». Par ailleurs, accroître le volume de bouillie présente ses propres limites. La préparation d’un gros chantier mérite donc souvent d’adapter ses pratiques en allant chercher des fonctionnalités d’accroissement de l’étalement par l’ajout d’adjuvants ayant des facteurs de mouillabilité importants. En comparaison le doublement du volume de bouillie n’améliore l’étalement que d’un facteur deux.
Une autre fonctionnalité intéressante des adjuvants à prendre en compte à cette période est le pouvoir de rétention. Jouer sur ce paramètre va permettre d’accroître le temps de présence de la molécule active à la surface du sol et dans le premier horizon. C’est d’autant plus important que l’automne est marqué par le risque de lessivage.
Pour sécuriser les applications d’antigraminée à l’automne, l’utilisateur va donc souvent être amené à rechercher un adjuvant à la fois hyper-mouillant mais qui présente aussi la fonction de rétention comme le Silwet L-77. Reconnu comme l’adjuvant le plus étalant du marché, il est particulièrement apprécié par les applicateurs pratiquant de bas et très bas volumes et il offre l’avantage de limiter la dérive (voir encadré). Des essais avec herbicide Fosburi ont démontré qu’il apporte un gain de 5 à 10 points d’efficacité même à volumes de bouillie réduits.
Les chantiers d’automne sont marqués également par les interventions de contrôle des populations de pucerons lorsque les seuils de nuisibilité sont atteints. Ces interventions sont d’importance d’autant plus que le puceron peut être porteur de la JNO (jaunisse nanisante) dont les dégâts seront visibles dans les cultures au printemps. Les produits homologués appartiennent à la famille des pyréthrinoïdes qui sont des produits exclusivement de contact avec une efficacité qui n’est pas totale. Par ailleurs ces produits sont appliqués aux stades 1 à 3 feuilles des céréales ce qui requiert une répartition sans faille de la bouillie pour recouvrir la plante. Là encore, pour compenser ces contraintes dans le cadre notamment des gros chantiers, il est judicieux de puiser dans la boîte à outils que constituent les adjuvants. Comme pour les herbicides d’automne, il s’agira à cette période de renforcer l’étalement et la rétention de même que la résistance au lessivage sur les feuilles. Le contact avec les feuilles sera plus homogène, plus persistant même à bas-volumes et en conditions de pluviométrie importante. Parmi les spécialités homologuées qui remplissent ces fonctionnalités le Sticman fait ses preuves sur le terrain notamment en accompagnement des programmes Karaté Zéon.
En matière de prix, l’investissement dans un adjuvant représente environ 4 à 5 €/ha. A condition de bien avoir choisi son produit, ce coût est souvent largement supporté par les précieux gains d’efficacité que ce soit dans l’organisation des chantiers ou sur le reste de l’itinéraire technique.
Parmi toutes les fonctionnalités des adjuvants on trouve aussi des propriétés antidérive. C’est le cas notamment du Silwet. Son utilisation est particulièrement indiquée dans les traitements herbicides d’automne à base de prosulfocarbe. Ces spécialités particulièrement intéressantes du fait du double mode d’action racinaire et foliaire sont sensibles à la dérive. Elles doivent obligatoirement être utilisées avec des buses antidérive. Toutefois, l’effet combiné de l’adjuvant avec la buse est conseillé. En effet cette pratique permet d’aller plus loin en supprimant presque complètement la dérive, selon des essais réalisés par l’université de Liège – Gembloux.