revenu des leveurs

Revenu des éleveurs, on est loin des deux Smics par unité de main-d’oeuvre

L’institut de l’élevage publie les coûts de production et de revient des principales filières d’élevage de ruminants (bovins, ovins, caprins). Les prix de vente des animaux et du lait produit, et les aides versées, ne garantissent à aucun éleveur une rémunération durable au moins équivalente à 2 Smic par unité de main-d’oeuvre. Elle se situe plutôt autour de 1 à 1,5 smic.

« Le prix de revient correspond au prix de vente qui, compte-tenu des aides et des produits joints, permet de couvrir l’ensemble des charges engagées par l’éleveur et de rémunérer l’ensemble des facteurs de production aux niveaux définis », rappelle l’Institut de l’élevage.

Cette formule appliquée à l’ensemble des systèmes de production vise à savoir dans quelles proportions les aides versées et les prix de vente des animaux et du lait rémunèrent ou pas les éleveurs, après avoir couvert leurs charges de production.

Le « Dossier de l’économie de l’élevage n°501 » publié par l’Institut de l’élevage (Idele) montre qu’aucune filière de ruminants n’est parvenue à dégager en 2017 un revenu égal ou supérieur à 2 Smic par unité de main d’oeuvre (Smic/UMO) hormis les deux catégories d’éleveurs laitiers « spécialisés en plaine » et « lait + cultures de vente ».

Le revenu de 2 Smic est le revenu de référence habituellement retenu pour apprécier la performance économique des systèmes d’élevage modélisés ou étudiés. 

En 2017, les éleveurs laitiers doivent leurs résultats à la conjoncture favorable de la production mondiale de lait. Le prix de revient était équivalent au prix de vente en zone de plaine (348 €/1 000 l). Le produit total était alors de 452 €/1 000 litres.

En zone de montagne, les coûts de production hors rémunération (405 €/1 000 l) sont couverts par les ventes du lait et des animaux de réforme (523 €/1 000 l). Mais le lait devrait aurait dû être payé 406 €/ 1 000 l (prix de revient) pour garantir une rémunération de 2 Smic/UMO. Or il n’a été payé que de 351 €/1 000 l.

En fait, le revenu des éleveurs reste la variable d’ajustement de leurs comptes d’exploitation.

En 2018, la rémunération d’un producteur de lait sur deux est inférieure à 2 Smic en zone de plaine. La proportion est de trois sur quatre en zone de montagne.

Les coûts d’élevage supplémentaires générés par la pénurie de fourrages et la baisse de la collecte de lait ont réduit, cette année là, les bénéfices agricoles puisque les producteurs de lait n’ont pas vendu leur lait plus cher.

La perte de revenu est estimée entre 0,3 et 0,4 Smic par UMO (0,2 smic en zone où le revenu n’excédait pas 1,4 Smic/UMO).

Parfois moins de 1 Smic par UMO

Dans les élevages de bovins viande, la rémunération des producteurs oscille entre 1,2 Smic/UMO pour les « naisseurs » et 1,7 Smic/UMO pour les « engraisseurs ». La différence de revenu est donc de 0,5 Smic/UMO entre les différentes catégories de systèmes identifiés par l’institut de l’élevage.

En 2017, le prix de revient des « engraisseurs » nécessaire pour atteindre une rémunération de 2 Smic/UMO aurait dû être de 212 €/100 kg d’animal vif en moyenne. Or il n’a pas excédé 205 €/100 kg d’animal vif.

Pour les « naisseurs » l’écart est de 50 €/100 kg d’animal vif. Le prix de revient était en 2017 de 298 €/100 kg d’animal vif alors que le prix de vente était de 248 €/ 100 kg d’animal vif.

Mais l’intitut de l’élevage montre que les écarts de revenu sont plus élevés entre les éleveurs appartenant à la même catégorie, autrement dit ayant la même spécialité. Dans la catégorie « naisseurs » par exemple, l’écart est de 1 Smic/UMO entre le quart des producteurs qui ont les revenus les plus faibles (0,7 Smic/UMO) et le quart des éleveurs qui ont les revenus les plus élevés (1,7 Smic/UMO).

Pour les engraisseurs, la différence de revenu porte sur 0,7 Smic/UMO (1,5 Smic/UMO pour le quart inférieur et 2,2 Smic/UMO pour le quart supérieur).

Le revenu des éleveurs reste une variable d’ajustement. Les charges d’élevage supplémentaires générées par la sécheresse en 2018 n’ayant pas été compensées par des prix de vente ou des aides en hausse, les « naisseurs », ont supporté une baisse de leur revenu 0,5 à 0,7 Smic/UMO par rapport à 2017 alors que leur rémunération est déjà très faible.

Aucune catégorie d’éleveurs n’a été épargnée. Pour les « naisseurs engraisseurs », la diminution du revenu a été estimée à 0,7 Smic/UMO l’an passé.

Ovins et caprins

Les revenus des producteurs de lait de chèvre équivalent à 1,9 Smic/Umo dans le Sud-ouest et à 1,3 Smic/UMO dans le Sud-est. Ce sont les deux aires de production de lait de chèvre identifiées par l’institut de l’élevage.

Mais les écarts de revenus dans chacune des régions sont très importants : 1,9 Smic/UMO dans le Sud-ouest entre le quart des éleveurs disposant des revenus les plus faibles et le quart des éleveurs disposant des revenus les plus élevés.

En 2018, seuls 10 % des éleveurs ont une rémunération supérieure à 2 Smic/UMO dans le Sud-est et 25 à 35 % dans l’Ouest et Sud-ouest.

En production ovine, la proportion des éleveurs rémunérés plus de 2 Smic/UMO est quasiment équivalente : 10 % à 20 %  pour les « fourragers » et « pastoraux » et 10 % pour les « herbagères » en zone de plaine, de montagne ou pastorale.

En 2017, les revenus oscillaient entre 0,8 Smic/UMO dans les systèmes « herbagers » et 1,5 Smic/UMO pour les systèmes « pastoraux ».

Au sein d’une même catégorie d’éleveurs, les écarts de revenus (1,5 Smic/UMO entre le quart meilleur et le quart le moins bon) sont plus importants qu’entre ceux de deux catégories d’éleveurs.

Dans les systèmes « fourragers », le prix de revient des agneaux est de 7,3 €/Kg de carcasse  alors que le prix de vente moyen et de 6,5 € :Kg de carcasse (respectivement 8,6 €/Kg et 6,1 €/Kg pour les systèmes pastoraux).

Dans les systèmes pastoraux, la rémunération des éleveurs est plus élevée car elle est répartie entre un effectif d’animaux plus important (+ 100 bêtes de différence) qu’en zone de plaine. Par ailleurs, les aides reçues en plus compensent des coûts de production bien supérieurs (jusqu’à 5,5 € /Kg hors rémunération) à ceux observés dans les systèmes fourragers. Mais les animaux ne sont pas vendus plus chers en zone de montagne.

Les producteurs de lait de brebis disposaient d’un revenu équivalent à 1,1 Smic/UMO dans les Pyrénées Atlantique et de 1,7 Smic/UMO dans la région de production de Roquefort. Les aides Pac sont aussi des éléments déterminants du revenu. Mais là encore les écarts de revenu entre les éleveurs d’une même région sont élevés (1,2 à 2,1 Smic/UMO).
 

Notre illustration ci-dessous est issue de Adobe.

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